Auteurs : Institut National de la Statistique, Programme National de Lutte contre le Paludisme, Institut National de Santé Publique, The DHS Program ICF Rockville, Maryland, USA
Site de publication : Institut National de la Statistique Guinée
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2021
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Présentation et méthodologie de l’enquête
Profil épidémiologique du paludisme
Le paludisme sévit en Guinée à l’état stable à recrudescence saisonnière dans l’ensemble des régions du pays. Dans une bande nord frontalière avec le Sénégal et le Mali, allant de la préfecture de Gaoual en Moyenne Guinée à celle de Mandiana en Haute Guinée, la pluviométrie dure environ quatre mois avec une transmission saisonnière du paludisme de juin à septembre. Dans les centres urbains, en particulier la ville de Conakry, malgré la forte pluviométrie, la transmission du paludisme est plus faible à cause de l’écosystème peu favorable au développement des vecteurs compétents.
Vecteurs du paludisme
En 2012, la description de l’endémicité par le PNLP montrait que la Guinée comprenait quatre zones d’endémicité :
▪ Une zone hypo endémique située en Basse Guinée, constituée de deux foyers sur la façade atlantique (les villes de Conakry et de Kamsar). Le vecteur prédominant est Anopheles melas ;
▪ Une zone méso endémique qui concerne la partie nord, frontalière avec le Sénégal et le Mali, à pluviométrie faible, où le vecteur prédominant est Anopheles funestus et la façade atlantique où la pluviométrie est élevée et où domine Anopheles melas ;
▪ Une zone hyper endémique qui s’étend du sud-est de la Basse Guinée à la forêt tropicale guinéenne (frontière avec le Liberia et la Côte d’Ivoire). Il s’agit d’une zone de forte pluviométrie (6 à 10 mois de pluie). Le vecteur prédominant est Anopheles gambiae ss ;
▪ Une zone holo endémique située en Haute Guinée, zone de plaines et de savanes fortement irriguée et à pluviométrie moyenne. Les vecteurs dominants sont Anopheles funestus et Anopheles arabiensis.
Politique de lutte contre le paludisme
Depuis son engagement dans l’Initiative « Roll Back malaria » en 1998, la Guinée a mis en place trois Plans Stratégiques nationaux. La revue de performance du Programme pour la période couverte par le Plan stratégique National 2013-2017, réalisée en 2016, a permis de mettre à jour les forces et faiblesses des interventions mises en place et d’identifier les défis auxquels la Guinée devait encore faire face en matière de lutte contre le paludisme. C’est sur la base de cette revue qu’a été développé le Plan Stratégique National pour la période 2018-2023 (PSN 2018-2023).
Caractéristiques des logements, des ménages et des enquêtées
Résultats-clés
▪ Eau potable : En Guinée, environ huit ménages sur dix (79 %) ont accès à une source d’approvisionnement en eau de boisson améliorée : 99 % en milieu urbain contre 69 % en milieu rural.
▪ Assainissement : Un peu plus de la moitié des ménages (54 %) utilisent des installations sanitaires améliorées. Ce pourcentage varie de 95 % en milieu urbain à 34 % en milieu rural.
▪ Électricité : Environ la moitié des ménages guinéens disposent de l’électricité (52 %). Ce pourcentage varie de 31 % en milieu rural à 96 % en milieu urbain.
▪ Composition des ménages : La taille moyenne d’un ménage guinéen est de 6,4 personnes ; dans la majorité des ménages, le chef de ménage est un homme (83 %).
▪ Niveau d’instruction : Près de six femmes sur dix (59 %) n’ont aucun niveau d’instruction. Seulement 5 % ont un niveau secondaire complet ou supérieur.
▪ Possession et utilisation d’un téléphone portable : Environ, les trois quarts des femmes possèdent un téléphone portable (74 %) et 27 % un smartphone. En outre, 28 % des femmes ont déclaré avoir utilisé l’Internet au cours des 12 derniers mois.
Sources d’approvisionnement en eau de boisson
Les résultats de l’enquête montrent que près de huit ménages guinéens sur dix (79%) ont accès à une source d’eau améliorée (Tableau 2.1). Cependant, on constate des disparités entre milieu rural et urbain : 69 % des ménages du milieu rural consomment de l’eau provenant d’une source améliorée contre 99 % en milieu urbain.
Dans 44 % des cas, les ménages consomment de l’eau provenant de puits à pompe ou de forage. C’est, de loin, la source d’eau améliorée la plus courante, que ce soit en milieu urbain (33 %) ou en milieu rural (49 %). En outre, 11 % des ménages consomment de l’eau provenant d’un robinet situé dans le logement, la cour ou la concession. Ce pourcentage est nettement plus élevé en milieu urbain que rural (29 % contre 2 %). Enfin, pour 11 % des ménages, l’eau consommée provient d’un puits protégé ou d’une source protégée. Seulement 3 % des ménages s’approvisionnent à un robinet public ou une fontaine. (Graphique 2.1). À l’opposé, un ménage sur cinq consomme de l’eau dont la source n’est pas considérée comme améliorée (21 %), en particulier en milieu rural (31 % contre 1 % en milieu urbain).
Variations par caractéristiques
▪ La quasi-totalité des populations urbaines (95 %) ont accès à, au moins, un service élémentaire pour s’approvisionner en eau ; par contre, en milieu rural, ce pourcentage est plus faible (59 %).
▪ À Conakry, la quasi-totalité des populations (97 %) ont accès à, au moins, un service élémentaire ; dans les régions de Faranah (71 %), Mamou (73 %) et Kankan (78 %), ces pourcentages concernent au moins sept ménages sur dix. Par contre, dans la région de Labé qui enregistre le pourcentage le plus faible, seulement 54 % des populations ont accès à, au moins, un service élémentaire en eau de boisson.
▪ L’accès à un service élémentaire en eau de boisson a tendance à augmenter du quintile le plus bas au plus élevé, passant de 41 % à 96
Toilettes
À l’échelle nationale, un peu plus de la moitié des ménages (54 %) utilisent des toilettes améliorées. Par contre, plus d’un tiers (36 %) utilisent des installations sanitaires non améliorées (Tableau 2.3). Enfin, le pourcentage de ménages ne disposant d’aucune installation sanitaire représente 11 %. On note des disparités importantes entre milieux de résidence. L’utilisation de toilettes améliorées est nettement plus fréquente en milieu urbain que rural (95 % contre 34 %).
Variations par caractéristiques
▪ La proportion de population ayant accès à au moins un service élémentaire d’assainissement est plus élevée en milieu urbain qu’en milieu rural (45 % contre 19 %).
▪ Dans les régions, le pourcentage de population ayant accès à un service élémentaire varie de 46 % dans la région de Mamou ou 45 % à Conakry à seulement 15 % dans la région de Kankan, où 59 % de la population ne disposent que de toilettes non améliorées.
▪ L’accès à un service élémentaire d’assainissement augmente du quintile le plus bas au plus élevé passant de 3 % à 57 %.
Caractéristiques du logement
Le Tableau 2.5 montre qu’en Guinée, un peu plus de la moitié des ménages (54 %) vit dans un logement dont le sol est recouvert de ciment et cette proportion est légèrement plus élevée en milieu urbain (58 %) qu’en milieu rural (52 %). Dans un ménage sur cinq (21 %), le sol du logement est recouvert de terre ou de sable. Ce matériau est plus courant en milieu rural qu’urbain (30 % contre 3 %). Les résultats montrent aussi que pour 14 % des ménages, le sol du logement est recouvert de carrelage et ce pourcentage varie de 35 % en milieu urbain à 3 % en milieu rural.
Utilisation de combustibles et e technologies propres pour cuisiner
Il est actuellement reconnu que la pollution de l’air intérieur due à l’utilisation inefficace de combustibles solides est responsable d’une forte charge de morbidité. Les directives de l’OMS sur la qualité de l’air (OMS 2014) soulignent l’importance de l’utilisation de combustible et de technologies propres pour protéger la santé des populations. Au cours de l’enquête, pour évaluer le niveau de pollution à l’intérieur du logement, on a demandé quel était l’équipement principal et le combustible utilisé pour cuisiner. Globalement, les résultats montrent que la quasi-totalité des ménages guinéens n’utilisent pas de combustibles ou d’équipement considérés comme propres. Plus de la moitié des ménages (56 %) utilisent pour cuisiner un feu à trois pierres ou un foyer ouvert ; ce pourcentage varie de manière importante entres les milieux de résidence (78 % en milieu rural contre 8 % en milieu urbain). Les combustibles solides sont couramment utilisés pour cuisiner (98 %), cela quel que soit le milieu de résidence : 66 % des ménages utilisent du bois et 31 % du charbon de bois.
Prévention du paludisme
Résultats clés
Possession de moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII) :
▪ En Guinée, environ six ménages sur dix (63 %) possèdent, au moins, une moustiquaire imprégnée d’insecticide (MII).
▪ Un peu plus d’un cinquième des ménages (22 %) ont, au moins, une MII pour deux personnes.
Source des MII :
▪ La majorité des MII (84 %) ont été obtenues au cours de campagnes de distribution de masse et 6 % au cours d’une visite prénatale. Seulement 2 % proviennent d’une pharmacie ou d’un établissement de santé public ou privé.
Accès aux MII :
▪ Moins de la moitié de la population de fait des ménages (42 %) ont accès à une MII ; ce pourcentage varie de 31 % en milieu urbain à 47 % en milieu rural.
Utilisation des MII :
▪ Globalement, un tiers de la population des ménages (33 %), deux cinquièmes des enfants de moins de 5 ans (38 %) et des femmes enceintes (39 %) ont dormi la nuit avant l’interview sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide.
▪ Dans les ménages possédant au moins une MII, 50 % de la population des ménages, 56 % des enfants de moins de 5 ans et 62 % des femmes enceintes ont dormi sous une MII la nuit précédant l’interview.
Traitement préventif intermittent pendant la grossesse (TPIg) :
▪ La moitié des femmes de 15-49 ans, ayant eu une naissance vivante au cours des deux années précédant l’enquête, ont reçu au moins trois doses de SP/Fansidar pour la prévention du paludisme pendant la grossesse (50 %).
Paludisme chez les enfants
Résultats clés
▪ Prévalence de la fièvre : Parmi les enfants de moins de 5 ans, 23 % ont eu de la fièvre au cours des deux semaines précédant l’interview.
▪ Recherche de soins pour la fièvre : Des conseils ou un traitement ont été recherchés pour 61 % des enfants de moins de 5 ans ayant eu de la fièvre au cours des deux semaines précédant l’interview. Dans 32 % des cas, les conseils ou traitements ont été recherchés le jour même ou le jour suivant la survenue de la fièvre.
▪ Dépistage : Parmi les enfants de moins de 5 ans ayant eu de la fièvre, près de trois sur dix (28 %) avaient eu du sang prélevé d’un doigt ou d’un talon pour être testé.
▪ Source de conseils ou de traitement : Pour les trois quarts des enfants ayant eu de la fièvre dans les deux semaines avant l’interview et pour lesquels on a recherché des conseils ou un traitement, on s’est adressé au secteur public pour effectuer cette recherche (74 %). Dans 17 % des cas, la recherche de conseils ou de traitement a été effectuée auprès du secteur privé.
▪ Type d’antipaludique utilisé : Parmi les enfants ayant eu de la fièvre au cours des 2 semaines ayant précédé l’interview et qui ont été traités avec des antipaludiques, 38 % ont reçu une combinaison thérapeutique à base d’artémisinine (CTA), traitement de première intention recommandé en Guinée.
▪ Anémie sévère : Parmi les enfants de 6-59 mois testés pour l’anémie, 9 % ont un niveau d’hémoglobine inférieur à 8,0 g/dl.
▪ Prévalence du paludisme : Les analyses de sang effectuées par TDR ont montré que 34 % des enfants de 6-59 mois avaient été positifs au paludisme. Selon le résultat de la microscopie, la prévalence est de 17 %.
Connaissances sur le paludisme et exposition aux messages sur le paludisme
Résultats clés
Exposition aux messages sur le paludisme :
▪ Environ six femmes de 15-49 ans sur dix (58 %) ont vu ou entendu un message sur le paludisme au cours des 6 derniers mois.
▪ Parmi les femmes qui ont vu ou entendu un message sur le paludisme, la radio (44 %), l’agent de santé communautaire/Relai communautaire (32 %), la télévision (29%), et le prestataire de santé (28 %) sont les sources d’information principales les plus couramment citées.
Connaissance des moyens d’éviter le paludisme :
▪ Parmi les femmes de 15-49 ans, 80 % ont déclaré qu’il y a des moyens d’éviter le paludisme. L’utilisation de la moustiquaire arrive en tête des moyens cités par les femmes : 56 % ont cité « dormir sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide et 45 % sous une moustiquaire ».
▪ Pour près de la moitié des femmes (49 %), il faut que les alentours de la maison restent propres pour éviter de contracter le paludisme.
Perception du risque de contracter le paludisme :
▪ La quasi-totalité des femmes (91 %) considèrent que leur famille et leur communauté sont à risques de contracter le paludisme.
▪ Plus de six femmes sur dix (62 %) pensent que les conséquences du paludisme sont graves.
▪ La quasi-totalité des femmes (91 %) se sentent capables d’adopter un comportement spécifique lié au paludisme.
