Auteur : Global initiative against transnational organized crime
Site de publication : GIATOC
Type de publication : rapport
Date de publication : 2023
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Personnes
La Guinée est un pays d’origine, de transit et de destination pour la traite des personnes, en particulier pour les femmes et les enfants qui sont vulnérables au travail forcé et à la traite à des fins d’exploitation sexuelle. Les filles sont souvent envoyées par leurs parents à des intermédiaires qui les soumettent à la servitude domestique et à l’exploitation sexuelle, notamment dans les motels et les restaurants de Conakry. Le travail forcé est très répandu dans les secteurs minier et agricole de la Guinée, où les garçons sont exploités dans des secteurs tels que la mendicité, le commerce ambulant, l’exploitation minière et le travail sur les plantations.
Les trafiquants trompent parfois les parents en promettant une éducation pour leurs enfants, mais au lieu de cela, ils les forcent à mendier dans des écoles coraniques au Sénégal, en Mauritanie et en Guinée-Bissau. Les femmes et les filles guinéennes sont également victimes de la servitude domestique et de la traite à des fins d’exploitation sexuelle en Afrique de l’Ouest, en Europe, au Moyen-Orient et aux États-Unis. Les conséquences socio-économiques de la pandémie de COVID-19 ont aggravé le problème, rendant les individus plus vulnérables à l’exploitation. En ce qui concerne les produits de contrefaçon, la Guinée est une plaque tournante pour l’importation et de la redistribution de produits médicaux falsifiés, qui sont ensuite transportés illégalement vers les pays voisins. La plupart de ces médicaments proviennent de Chine et d’Inde et entrent dans le pays par voie maritime. Le pays a connu des milliers de décès soupçonnés d’être causés par des médicaments falsifiés et de qualité inférieure, ce qui a incité les autorités à retirer à la plupart des entreprises l’autorisation d’importer et de distribuer des produits pharmaceutiques.
Criminalité cyber indépendante
La criminalité cyberdépendante sous forme de piratage, de ransomware ou de fraude à la cryptomonnaie se limite à des rapports anecdotiques de tels crimes signalés par le passé.
Criminalité financière
Des figures politiques de haut niveau de tous horizons et des fonctionnaires de diverses branches de l’État ont été impliqués dans des délits financiers. Les affaires de fraude, de détournement de fonds, de malversations de fonds publics et de corruption reflètent un problème largement répandu en Guinée. En août 2022, la Guinée a annoncé la poursuite d’un ancien premier ministre pour le détournement présumé de fonds publics, qui étaient destinés à des programmes économiques, politiques et sociaux, y compris d’aide face au COVID-19.
Acteurs de la criminalité
En Guinée, le trafic de drogue a infiltré les institutions de l’État, forgeant une alliance lucrative entre les hommes d’affaires locaux, les figures politiques, la police et les officiers de l’armée. On soupçonne que les retards dans la modification des politiques nationales de lutte contre les stupéfiants pourraient être attribués à l’influence des trafiquants de drogue au sein des institutions de l’État.
La corruption et la complicité des agents gouvernementaux dans le soutien au commerce illicite de drogues constituent un obstacle important aux efforts internationaux et locaux de lutte contre les stupéfiants. Si des rapports font état de l’implication directe de fonctionnaires, en particulier d’élus, dans le trafic de drogue et le commerce minier illicite, le problème plus général réside dans la protection généralisée accordée aux personnes impliquées dans ces commerces en raison de la corruption.
Justice pénale et sécurité
Le système judiciaire guinéen manque d’unités spécialisées dans la lutte contre la criminalité organisée. Bien que la justice soit théoriquement indépendante, des inquiétudes persistent quant à l’influence de l’argent et des pressions politiques sur les décisions judiciaires. Le système est miné par la corruption, le manque de transparence et le manque de personnel, avec une pénurie d’avocats et de magistrats qualifiés. Le droit des accusés à un avocat est souvent ignoré et les accusés indigents ne bénéficient pas d’une représentation légale financée par l’État. En décembre 2021, la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), une juridiction pénale chargée d’examiner et de poursuivre les infractions économiques et financières, telles que le détournement et l’utilisation abusive de fonds publics, a été créée en Guinée. Toutefois, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour renforcer le système de lutte contre la corruption. Les personnes ayant des liens politiques échappent fréquemment aux poursuites, tandis que les contraintes budgétaires, le népotisme et les préjugés ethniques nuisent à l’efficacité du système judiciaire.
La corruption et la complicité des officiels constituent également des obstacles importants à l’application de la loi en Guinée, entravant les tentatives de lutte contre divers crimes. La corruption généralisée au sein des forces de l’ordre nuit à leur efficacité et favorise les rackets de protection. Les forces de sécurité, y compris la police et la gendarmerie, se livrent à des comportements répréhensibles tels que le non-respect des procédures légales et l’extorsion d’argent aux barrages routiers, dans les prisons et les centres de détention.
En outre, les protections légales telles que l’inviolabilité du domicile et l’exigence de mandats de perquisition judiciaires sont fréquemment ignorées par la police et le personnel paramilitaire. L’arrestation et la détention arbitraires de membres de l’opposition et même de membres de la famille des suspects sont des pratiques courantes. Les détenus sont souvent maintenus en détention sans inculpation pendant de longues périodes.
Société civile et protection civile
Pour la première fois depuis de nombreuses années, le gouvernement guinéen a approuvé des procédures opératoires standardisées pour l’identification des victimes de la traite des personnes. Les autorités guinéennes ont également identifié un nombre croissant de victimes du travail forcé, y compris des enfants, qui sont exploités dans le cadre de la servitude domestique et de la traite à des fins d’exploitation sexuelle. Une seule organisation internationale capable de fournir un abri aux victimes de la traite est chargée d’accueillir les travailleurs qui rentrent au pays. Le gouvernement n’a pas de politique officielle pour encourager les victimes à participer aux enquêtes et aux poursuites contre leurs trafiquants présumés. Il est rapporté qu’en raison des condamnations inadéquates prononcées par le système judiciaire, les victimes et leurs parents hésitent à porter plainte contre les trafiquants.
