Auteurs : Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique de la République de Guinée
Site de publication : P4H Social Health Protection Network
Type de publication : Rapport
Date de publication : Janvier 2023
Lien vers le document original
Contexte
Situation épidémiologique: (maladies et préoccupation de santé du pays)
La population guinéenne se caractérise par :
- Le faible niveau d’instruction ; près de 69% des femmes et 45% des hommes n’ont aucun niveau d’instruction
- Le ratio de la population pauvre avec moins de 1,90 $ par jour était de 13,8 % en 2018, et seuls 2 % des femmes et 2 % des hommes âgés de 15 à 49 ans sont couverts par une assurance maladie.
- Faible couverture en eau potable ; 64% de la population guinéenne a accès à une source d’eau améliorée, dont 87% en milieu urbain et 51% en milieu rural
- Faible accès à des installations sanitaires saines (30% de la population guinéenne a accès à un système d’assainissement amélioré, dont 46% en milieu urbain)
- L’accès insuffisant à des soins adéquats et à un logement décent, ainsi qu’une hygiène personnelle et collective insuffisante, la pollution de l’environnement et les effets du changement climatique sont des facteurs de risque majeurs pour de nombreuses maladies transmissibles et non transmissibles.
- Le tabagisme : Parmi les femmes de 15-49 ans, 1 % a déclaré fumer du tabac contre 13 % chez les hommes). La toxicomanie et l’alcoolisme sont à l’origine de certaines maladies mentales chez les adolescents et les jeunes ainsi que d’autres maladies non transmissibles 4.
L’enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages indique que 43,7 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette situation fragilise une grande partie de la population dans un contexte où la protection contre le risque de maladie est faible de 5%. L’état de santé de la population est déterminé par plusieurs facteurs universellement regroupés en quatre catégories ou grands déterminants de la santé, à savoir : les caractéristiques démographiques et biologiques ; l’environnement physique et socio-économique ; les croyances, les modes de vie, les attitudes et comportements et les systèmes et services de santé.
Compte tenu du contexte, de l’état de santé de la population et des facteurs sociaux qui le sous-tendent, les principaux problèmes identifiés sont : i) Un taux de croissance démographique élevé (3,1%) et en décalage avec la croissance économique (2,8%). Un tel taux de croissance conduira à un doublement de la population dans les 25 prochaines années ; (ii) un faible revenu de la population qui tend à s’aggraver ; iii) Le mode de financement de la santé basé essentiellement sur le paiement direct par les ménages ; (iv) un cadre de vie défavorable, notamment dans les zones urbaines caractérisées par la surpopulation et un faible niveau d’assainissement et d’hygiène ; (v) un faible niveau d’alphabétisation et une faible offre de soins de santé pour l’ensemble de la population (répartition inégale, mauvaise qualité, etc.) ; vi) le Partenariat Public/Privé quasi inexistant ; vii) l’accès aux soins de santé reste insuffisant pour la majorité de la population ; viii) le déséquilibre dans la répartition des interventions des partenaires sur le territoire national (régions et localités défavorisées) ; (ix) la mauvaise gestion de l’environnement et de la biodiversité ; x) l’inadéquation du cadre institutionnel et organisationnel actuel avec les enjeux du secteur de la santé (financement, gestion des ressources humaines, etc.) ; xi) les faibles capacités opérationnelles (ressources humaines insuffisantes, équipements insuffisants, etc.) des structures de réglementation, de conception et d’appui technique ; xii) la mauvaise application des textes légaux et réglementaires.
Évolution des indicateurs de santé des cinq (5) dernières années
En ce qui concerne la santé reproductive et de la famille, on note une hausse de 12,6% de femmes (15-49 ans) qui utilisent les méthodes modernes de planification familiale en 2021 contre 8,1% en 2016, une baisse de 42,9% de femmes (15-49 ans) qui ont reçus des soins prénatals en 2021 contre 50,6% en 2016. Pour les facteurs favorisant des maladies non transmissibles, on note une baisse de 6,4% de prévalence du tabagisme chez les personnes (+15 ans) en 2021 contre 7,3% en 2016. 4,6 mmol/l de glycémie plasmatique moyenne à jeun chez les personnes (+25ans) entre 2016 et 2021 et on note une baisse de 92,6% de prévalence d’obésité chez les personnes (+18 ans) en 2021 contre 93,7% en 2016. Pour les maladies transmissibles, on note une baisse de 200/1000 hbts d’incidence du paludisme en 2021 contre 340/1000 hbt en 2016, une augmentation de 80,5% de personnes sous ARV parmi l’ensemble des personnes vivant avec le VIH en 2021 contre 78% en 2016, et une diminution de 175/100 000 hbts d’incidence de la tuberculose contre 176/100 000 hbts en 2016.
Principaux problèmes
Selon le rapport des Etats généraux de la santé 2021, les principaux problèmes liés aux ressources humaines sont :
- Insuffisance des effectifs en ressources humaines dans le secteur public par rapport au ratio de 2,5 agents pour 10 000 habitants,
- Mauvaise répartition du personnel entre milieu urbain et milieu rural, se référer aux données du 2eme CTC 2022 Kankan
- Faible fidélisation du personnel à leur poste de travail,
- Non-maitrise des effectifs du personnel de santé évoluant dans le secteur privé,
- Inadéquation des programmes de formation aux besoins du marché de l’emploi,
- Faible niveau de formation des nouvelles recrues.
Causes principales
- Faiblesse du budget alloué au traitement du personnel ;
- Recrutement centralisé et faible niveau des mesures incitatives (primes de zone, de transport, d’installation, de logement) ;
- Absence de mécanisme de suivi-évaluation de l’effectif dans le secteur privé ;
- Absence d’une plateforme de concertation entre le Ministère de la Santé et de l’Hygiène
- Publique et les départements chargés de la formation ;
- Mauvaise organisation de la formation continue pour le perfectionnement du personnel de santé.
Propositions de solutions à différents niveaux
Ministère de la santé et de l’hygiène publique et autres départements sectoriels impliqués
- Actualiser le Plan stratégique de développement des Ressources Humaines en Santé,
- Appliquer la fonction publique locale en procédant au recrutement au niveau déconcentré pour les structures de soins au niveau préfectoral,
- Actualiser et appliquer intégralement les avantages prévus dans le statut particulier du personnel de santé (primes de zone, prime d’astreinte, …),
- Utiliser l’Institut de Perfectionnement du Personnel de santé (IPPS) comme structure centrale du recyclage du personnel,
- Développer la collaboration avec les ordres et les associations du secteur privé,
- Impliquer les collectivités locales dans le contrôle et l’évaluation des agents de santé du secteur public.
Au niveau des départements chargés de la formation
- Intégrer les besoins du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique dans les plans de formation,
- Définir et respecter les profils des apprenants (avoir le Bac) dans les établissements d’enseignement de santé.
Financement de la santé communautaire
Les comptes nationaux de santé de 2017-2019 montrent que la principale méthode de financement de la santé repose essentiellement sur le paiement direct par les ménages (62,2%). La part des dépenses de santé de l’État dans les dépenses totales continue d’augmenter pour couvrir les besoins. La loi de finances de 2018 contient des provisions dans les « nouvelles mesures » pour couvrir la prise en charge d’un certain nombre d’agents de santé communautaire. Les soins de santé primaires étant une compétence transférée aux collectivités locales, le transfert des ressources liées à l’exercice de cette compétence se fera progressivement. Aussi, l’État a accordé 15% des recettes minières aux collectivités à travers l’Agence Nationale de Financement des Collectivités (ANAFIC). Ces fonds constituent une opportunité pour accroitre les capacités des communes à participer au financement des dépenses liées à la santé communautaire.
Dépenses globales de santé
La part de la richesse nationale affectée à la santé est mesurée par la part de la DTS dans le PIB. Selon les résultats des comptes nationaux de santé de 2017-2019, la part de la DTS dans le PIB est passée de 6,34 % en 2015 à 4,27 % en 2019. Avec un tel résultat, la Guinée continue d’être l’un des pays de la sous-région qui mobilise le moins de sa capacité économique nationale en faveur de la santé.
Dépenses totales de santé par habitant et par an
En Guinée, selon les comptes nationaux de santé 2017 à 2019, la dépense totale de santé (DTS) par habitant est passée de 294 000 GNF soit 41 USD au taux de change de 1 USD pour 7170 GNF en 2014 à 432 000 GNF en 2019 soit 44 USD au taux de change de 1 USD pour 9818 GNF.
Financement de l’Etat
Le budget du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique par rapport au budget national a considérablement évolué durant les cinq dernières années de 2015 à 2019 : 2,24% en 2015, 5,11% en 2016, 5,79% en 2017, 6,2% en 2018 et 6,64% en 2019. Certes, le budget alloué à la santé a augmenté et avoisine les 8% en 2020 mais le taux de décaissement reste toujours faible.
La contribution au financement de la santé par les ménages sous forme de paiement direct de soins.
Dans l’ensemble, le financement de la dépense totale de santé provient principalement des ménages dont l’apport financier représente en moyenne 53,76% sur la période 2014-2021 avec une proportion de 51,1% en 2021.
Cette forte dépendance du financement du système de santé par les ménages s’explique par la quasi-absence de mécanismes assurantiels, la surfacturation des soins et le niveau encore insuffisant du financement public au regard de l’objectif d’Abuja qui est de 15% du budget de l’Etat alloué à la santé.
Les collectivités locales
Les collectivités locales n’ont pas un niveau de participation significatif au financement de la santé. Elles ont une part de financement relativement faible qui, généralement, se limite à la prise en charge des salaires d’une partie du personnel contractuel.
Le privé
Le secteur Privé concourt au financement de la santé par le biais des usagers (paiement direct et le ticket modérateur), des entreprises (investissement dans l’offre de soins et cotisations patronales pour la couverture santé des employés), des dons et legs. Les parts des entreprises et des ISBLSM (Institution Sans But Lucratif au Service des Ménages) dans la DTS (Dépenses Totales de Santé) représentent respectivement 1,4% et 2,4%.
Reste du Monde – Partenaires
Les PTF, avec 15, % de contribution dans les dépenses de santé en 2019 représentent la troisième source du financement de la santé. Ils financent l’assistance technique, les infrastructures, les équipements, les médicaments et les fonds d’indigence.
Les collectivités locales n’ont pas un niveau de participation significatif au financement de la santé. Elles ont une part de financement relativement faible qui généralement se limite à la prise en charge des salaires d’une partie du personnel contractuel, même si on relève un engagement bénéfique pour le secteur en termes d’investissements (construction de centres de santé, postes de santé et points d’eau), soit à partir de leurs ressources propres soit en exploitant la filière de la coopération décentralisée et les associations des ressortissants. Les ménages constituent la principale et la plus constante source de financement de la santé en Guinée avec 56,60% de la dépense totale de santé en 2019 sous forme de paiements directs.
Accès aux médicaments essentiels
Il est alors de la responsabilité de l’Etat, de mettre en place les mécanismes nécessaires pour garantir à la majorité de la population l’accessibilité des médicaments. Il s’agit aussi d’obtenir de meilleurs résultats avec l’argent disponible.
Les centres de santé et hôpitaux publics guinéens souffrent souvent de pénuries de médicaments de base. Les centres de santé doivent doter les RECO en intrants en tenant compte de leurs cibles et du paquet minimum d’activités.
Des insuffisances au niveau des équipements, des infrastructures et des difficultés dans l’approvisionnement en médicaments et autres intrants de santé au niveau communautaire.
- Insuffisance de renouvellement des équipements des agents et relais communautaires ;
- Faible dotation des RECO en médicaments essentiels ;
- Aires de stockage des intrants inadaptées par endroit dans les centres de santé et poste de santé ;
- Faible dotation des RECO en mailles pour la gestion des médicaments ;
- Insuffisance dans la gestion des intrants par endroits dans les centres de santé.
