Auteur : Özkan, Ş.; Nana, A.; Ziebe, R.; Agbor, E.K.; Chaherli, N.M.; Germer, L.A.; Billong, J.; Ndi, C.; Yobo A. Koue Epse Nhiomog, F.H.; Ngondi Njoya, K.; Missi Missi, P.; Teillard, F.; Mottet, A.
Site de publication : FAO
Type de document : Note d’orientation
Date de publication : 2022
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Contexte
Pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, le Cameroun abrite de nombreuses ressources naturelles et présente un grand potentiel de développement. Le secteur de l’élevage représente 13 pour cent du produit intérieur brut issu de l’agriculture et emploie 30 pour cent de la population rurale. Il joue un rôle crucial dans le développement socio-économique du pays car il constitue une source d’alimentation et le fondement de nombreux moyens de subsistance. Malgré un cheptel important, les niveaux de production ne répondent pas aux besoins alimentaires de la population. Cette situation se traduit par un écart croissant entre l’offre et la demande, dû à l’accroissement de la population, à l’urbanisation et à la croissance rapide de la classe moyenne.
La faible productivité des espèces locales, la gestion sous-optimale de l’alimentation du bétail, les capacités limitées des parties prenantes du secteur, de l’appauvrissement des services de conseil, le faible taux d’adoption de pratiques d’élevage améliorées et l’accès restreint aux financements et aux infrastructures d’après-récolte font partie de nombreuses difficultés que rencontrent le secteur. Celles-ci sont encore accentuées par le changement climatique, qui augmente la fréquence de la sécheresse et entraîne l’infestation des animaux et des pâturages par des vecteurs de maladies endémiques.
En outre, le bétail constitue une source d’émission de gaz à effet de serre qui participe au changement climatique. Toutefois l’impact environnemental varie considérablement selon les différents systèmes de production et au sein de ceux-ci, en fonction de leur mode de gestion. Cet aspect rend possible la mise en place de points d’entrées techniques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en améliorant la sécurité alimentaire.
Engagement du gouvernement
Le gouvernement du Cameroun souhaite augmenter ses investissements dans l’agriculture afin de faire du secteur, y compris de l’élevage, l’un des principaux moteurs de la croissance économique et de la création d’emplois. Ainsi, la Stratégie nationale de développement 2020-2030, ou SND30 (République du Cameroun, 2020a), décrit des points d’action spécifiques visant à accroître les niveaux de production dans le secteur de l’élevage. Parmi les objectifs de développement du secteur rural, définie dans le cadre du Plan national d’investissement agricole pour la période 2020-2030 (République du Cameroun, 2020b), figure la volonté de renforcer la résilience des systèmes de production, y compris l’élevage, au changement climatique et à d’autres chocs.
La stratégie nationale pour un élevage intelligent face au climat, dont l’élaboration est en cours, doit venir compléter la SND30 et la Stratégie de développement du secteur rural, en fournissant des informations sur les principaux domaines d’intervention prioritaires, afin d’accroître la contribution de l’élevage à l’atténuation du changement climatique et à l’adaptation à ses effets. Parmi ces domaines d’intervention figureront des initiatives visant à améliorer la gestion durable des ressources naturelles (sol, flore, faune et eau), ainsi que des mesures adéquates en matière d’adaptation aux effets du changement climatique et d’atténuation de ceux-ci.
En outre, il incombe au Gouvernement du Cameroun de : i) veiller à ce que les préoccupations liées au changement climatique soient prises en compte dans les stratégies et les politiques sectorielles, tant dans leur élaboration que dans leur mise en œuvre; ii) renforcer les capacités des institutions qui s’intéressent aux questions climatiques; iii) mettre en œuvre le suivi et la prévention des effets du changement climatique, ainsi que la lutte contre celui-ci; iv) élaborer et mettre en œuvre une stratégie nationale de gestion des déchets, tout en promouvant la responsabilité sociale des entreprises.
Le pays a par ailleurs ratifié l’Accord de Paris (Nations Unies, 2015) et révisé sa CDN en 2021 (République du Cameroun, 2021). D’ici à 2030, le pays s’est engagé à réduire ses émissions nationales de 35 pour cent par rapport à 2010, dont 23 pour cent sont conditionnés au soutien international.
Le PRODEL en action
Afin d’améliorer la productivité de certains systèmes d’élevage et la commercialisation de leurs produits auprès de bénéficiaires ciblés, le Ministère de l’élevage, des pêches et des industries animales (MINEPIA) a mis au point le Projet de développement de l’élevage (PRODEL, 2022), financé par un prêt d’un montant équivalent à 100 millions de dollars des États-Unis accordé par la Banque mondiale (Banque mondiale, 2016b) en 2016, pour une durée de six ans. Le PRODEL vise à améliorer l’accès aux services liés à l’élevage, tels que la santé animale et les intrants de haute qualité (matériel génétique amélioré, aliments pour animaux et fourrage, etc.), ainsi qu’à la formation technique et au renforcement des capacités.
Mesurer l’impact du PRODEL
La combinaison des mesures mises en œuvre au niveau du troupeau, de l’alimentation et des effluents d’élevage dans tous les systèmes se traduit par une baisse de l’intensité des émissions (de – 8 pour cent pour les PA relatifs aux poulets de chair à – 37 pour cent pour ceux relatifs aux bovins laitiers, – 30 pour cent pour ceux relatifs aux caprins à viande, et – 16 pour cent pour ceux relatifs aux poules pondeuses) et une production accrue de protéines dans tous les systèmes. Dans le scénario intégrant le projet, les émissions totales (environ 1 644 000 tonnes d’équivalent en dioxyde de carbone par an) diminuent légèrement (- 0,5 pour cent) par rapport à l’année de référence correspondant au lancement du projet (où ce chiffre était d’environ 1 655 000 tonnes d’équivalent en dioxyde de carbone par an). La production de protéines augmente, passant de 19 562 tonnes par an durant l’année de référence à 22 306 tonnes dans le scénario intégrant le projet, soit une hausse de 14 pour cent.
En établissant des objectifs moins ambitieux pour la production de protéines, les émissions totales sont susceptibles d’être encore réduites. Malgré l’augmentation de la taille des troupeaux et des améliorations modestes dans la plupart des PGRP, les émissions totales sont restées inchangées dans la quasi-totalité des systèmes, ce qui reflète leur potentiel à réduire encore davantage les émissions.
Utiliser les résultats du PRODEL pour s’orienter vers le développement d’un élevage à faible émission de carbone
La pertinence limitée des solutions d’atténuation et d’adaptation pour l’élevage mentionnées dans la version révisée des CDN a révélé la nécessité d’améliorer la sensibilisation, le renforcement des capacités au sein du gouvernement national, ainsi que les dispositifs institutionnels. À cet effet, le PRODEL peut servir de cadre de référence aux dispositifs institutionnels, puisque ses effets sur les émissions de gaz à effet de serre ont été évalués ainsi que les mesures les plus prometteuses à intégrer aux engagements politiques. Il sera toutefois important d’intégrer l’approche adoptée dans le cadre du PRODEL dans les politiques nationales, ainsi que dans d’autres projets et investissements. Les résultats du PRODEL seront essentiels à l’élaboration de la Stratégie nationale pour un élevage intelligent face au climat du Cameroun et pourront être utilisés pour la prochaine mise à jour des CDN.
Il est crucial d’élaborer un système de mesure, d’évaluation et de vérification fondé sur l’approche de niveau 2 du GIEC et des outils spécifiques à l’élevage, tout en renforçant les capacités du MINEPIA en matière de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre et du MINEPDED sur la question des interactions entre le développement de l’élevage et les émissions de gaz à effet de serre. Le MINEPDED assumera un rôle prépondérant, s’appuyant sur le MINEPIA et des partenaires pour renforcer les capacités et améliorer l’échange de données. Par ailleurs, l’expérience acquise grâce au PRODEL peut être appliquée à d’autres initiatives nationales de développement en cours, et peut aider le pays à accéder au financement climatique, notamment au Fonds vert pour le climat.
