Auteur: La Banque mondiale
Site de publication : Banque mondiale
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2022
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Écarts d’inscription et de réussite
Des écarts importants entre les sexes en matière de scolarisation et de réussite, au profit des garçons, sont observés en Guinée.
Il y a plus de garçons que de filles inscrits à l’école primaire. Entre 2012 et 2018, les taux sont passés de 55,5 % à 62,0 % chez les filles et de 60,1 % à 66,9 % chez les garçons, creusant l’écart de scolarisation (EHCVM 2018).
Dans le secondaire, l’écart persiste et reste marqué. La scolarisation nette a légèrement progressé pour les garçons, tandis qu’elle reste faible pour les filles. En 2018, seuls 22,0 % des filles et 32,2 % des garçons fréquentaient le secondaire.
Les zones urbaines affichent des taux de scolarisation nettement plus élevés que les zones rurales.
Les filles rurales présentent les niveaux de scolarisation les plus bas, au primaire comme au secondaire (EHCVM 2018).

Les niveaux d’instruction restent très bas en Guinée : 74,3 % des femmes et 55,8 % des hommes de 15 ans et plus n’ont jamais été scolarisés, avec des taux nettement plus élevés en zones rurales (87,9 % des femmes et 71,6 % des hommes).
Le niveau d’instruction augmente avec le revenu : 89,9 % des femmes du quintile le plus pauvre n’ont aucune éducation, contre 54,8 % dans le quintile le plus riche. Très peu de femmes du quintile le plus pauvre ont une éducation postsecondaire, contre 9,2 % dans le quintile le plus riche (EHCVM 2018).
Une amélioration apparaît chez les générations plus jeunes : 50,6 % des femmes de 15–19 ans n’ont aucune éducation, contre 91,2 % des femmes de 45–49 ans.
Plus de filles que de garçons restent hors du système scolaire, au primaire comme au secondaire. Entre 2012 et 2018, la part des filles de 13–18 ans non scolarisées est passée de 51,2 % à 55,5 %, avec des taux beaucoup plus élevés en milieu rural (71,0 %) qu’en milieu urbain (34,8 %).
En 2018, 35,3 % des filles et 30,3 % des garçons n’étaient pas scolarisés dans le primaire, et 55,5 % des filles contre 35,9 % des garçons dans le secondaire.
Les taux de non-scolarisation diminuent avec le revenu, mais les filles restent les plus touchées dans tous les groupes sociaux.
Raisons de ne pas aller à l’école
Les raisons de ne pas aller à l’école diffèrent pour les garçons et les filles.
En 2018, la principale raison de la non-scolarisation des filles et des garçons de tous âges était le manque de ressources financières, avec plus de garçons que de filles citant ce manque comme principal obstacle.
Au secondaire, cette tendance s’inverse, touchant 26,3 % des jeunes femmes et 22,2 % des jeunes hommes.
La distance ou le manque d’écoles semblent être un obstacle important : en 2018, 18,0 % des filles guinéennes et 19,1 % des garçons âgés de 7 à 12 ans et 9,8 % des filles et 7,9 % des garçons âgés de 13 à 18 ans n’étaient pas scolarisés parce qu’ils n’avaient aucune école à proximité ou que l’école était trop éloignée.
Au niveau de l’enseignement secondaire, cependant, les taux d’abandon scolaire sont beaucoup plus élevés tant chez les garçons (9,8 %) que chez les filles (8,2 %).
Enfin, 6,0 % des filles âgées de 7 à 12 ans et 7,4 % de celles âgées de 13 à 18 ans n’étaient pas scolarisées en 2018 simplement parce qu’elles « étaient une fille » (EHCVM 2018 ; voir encadré 2.1).
Obstacles auxquels sont confrontés les filles
La loi guinéenne prévoit l’égalité des chances pour les hommes et les femmes dans l’éducation, bien que dans la pratique, l’accès des femmes à l’école soit limité par les normes sociales et culturelles, les traditions et les rôles de genre. L’accès des femmes à l’éducation est limité par les mariages précoces, le travail domestique non rémunéré et la prestation de soins, surtout dans les zones rurales. Les familles rurales accordent plus de valeur à l’éducation des garçons qu’à celle des filles, motivé par la persistance des opinions traditionnelles sur le rôle des femmes dans le ménage. Le harcèlement et les abus sexuels à l’école constituent un obstacle majeur pour les filles.
Le mariage précoce explique en grande partie les écarts de scolarisation entre les sexes. Se marier entre 15 et 17 ans entrave l’achèvement de l’enseignement secondaire, et avant 15 ans, cela peut empêcher la fin de la scolarité primaire (Male et Wodon 2016). L’éducation des filles est l’un des moyens les plus efficaces pour prévenir le mariage précoce. Environ 53 % des femmes sans instruction étaient mariées avant 18 ans, contre 20 % de celles ayant terminé le premier cycle du secondaire. La fécondité des adolescentes réduit également le nombre d’années de scolarisation et limite les opportunités économiques futures (OMS 2020).
L’absence d’infrastructures d’eau, d’assainissement et d’hygiène dans les écoles constitue un obstacle majeur à la scolarisation des filles. En Guinée, 47 % des écoles ne disposent pas d’eau potable, et 62 % n’ont pas d’installations d’hygiène, avec des taux plus élevés en zones rurales (OMS et UNICEF 2022). Sans ces infrastructures, les adolescentes peuvent rester à la maison pendant leurs menstruations, ce qui affecte leur présence et leur réussite scolaire.
La disponibilité d’infrastructures adéquates est associée à une meilleure scolarisation et fréquentation des filles.

Orientation stratégique 1 : Aider les filles à accéder à l’enseignement primaire et secondaire
Les interventions générales telles que la construction de nouvelles écoles et l’amélioration des infrastructures scolaires ont des impacts positifs pour tous les élèves et pour les filles en particulier. La construction de nouvelles écoles, l’offre de transports sûrs et l’amélioration des installations d’eau et d’assainissement contribuent à améliorer les taux d’inscription et de fréquentation des filles.
Rendre la prestation de services plus sensible au genre peut accroître la couverture des services d’éducation chez les filles. L’accès des filles au premier cycle du secondaire peut être élargi grâce à la modernisation des écoles de filles non mixtes et à la fourniture de toilettes séparées dans les écoles mixtes. Le gouvernement guinéen a récemment amélioré les services d’eau et d’assainissement et construit des écoles pour offrir une seconde chance aux filles non scolarisées.
Assurer la présence de femmes enseignantes ou dispenser une formation sur le genre au personnel éducatif sont des options politiques pertinentes. Les filles sont plus susceptibles de s’inscrire dans des écoles où il y a des femmes enseignantes. Avoir une enseignante permet aux jeunes filles de se sentir en sécurité et leur fournit un modèle positif.
Une stratégie de prévention de la violence sexuelle dans les écoles est nécessaire, incluant la lutte contre le harcèlement, la sensibilisation au genre et la prestation de services aux survivants. Des expériences dans certains pays ont montré des impacts positifs.
Pour combler les lacunes existantes, il faudra lever les contraintes financières pour de nombreuses filles guinéennes vulnérables. La suppression des frais de scolarité ou l’octroi de bourses augmente la scolarisation des filles. Les transferts monétaires conditionnels peuvent également être efficaces pour promouvoir la scolarisation des filles.
Changer les normes sociales et la perception du rôle des filles est nécessaire pour augmenter la présence et l’achèvement scolaire. Chaque année supplémentaire de scolarisation augmente les revenus des femmes plus fortement que ceux des hommes. Les campagnes de sensibilisation auprès des parents et communautés sont particulièrement prometteuses.
Donner aux filles et jeunes femmes les moyens de poursuivre leurs études à travers des programmes combinant éducation et émancipation sociale améliore le niveau d’instruction et la rétention scolaire. Les femmes mariées ou enceintes doivent pouvoir retourner à l’école sans discrimination ni stigmatisation, ce qui est crucial pour réduire les taux d’abandon chez les filles en Guinée.
