Auteur : Banque africaine de développement
Site de publication : African Development Bank Group
Type de publication : Rapport (Note Pays)
Date de publication : 2024
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Guinée
Développements macroéconomiques et financiers récents
L’économie guinéenne se distingue par sa résilience au sein de l’Afrique de l’Ouest. Porté par l’agriculture et l’exploitation minière, le PIB a connu une croissance estimée à 5,7% en 2023, contre 4% en 2022. L’inflation est passée de 10,5% en 2022 à 7,8% en 2023. La quasi-stabilité du taux de change par rapport au dollar américain a compensé l’impact de l’inflation importée. Le déficit budgétaire est passé de 0,8% du PIB en 2022 à 1,6% en 2023, reflétant l’impact des subventions à l’électricité et aux carburants, mais reste l’un des plus faibles de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le déficit budgétaire a été financé par l’émission d’obligations. La dette publique est passée de 40,1% du PIB en 2022 à 35,2% en 2023. Bien que le risque de surendettement soit modéré, la capacité d’absorption des chocs est limitée. Le déficit budgétaire et la dette publique sont conformes aux critères de convergence de la CEDEAO.
Le déficit du compte courant est resté stable à 8,6% du PIB en 2022 et 2023, financé par les investissements directs étrangers dans la mine de fer de Simandou. Les réserves de change ont diminué, passant de 3,4 mois de couverture des importations en 2022 à 2,5 mois en 2023. Le secteur bancaire reste suffisamment capitalisé, mais les prêts non productifs ont légèrement augmenté, passant de 8,77 % des prêts bruts en 2022 à 8,95% en 2023.
Selon l’Institut national de la statistique, le taux de pauvreté en Guinée était de 43,7% en 2019, contre 55,2% en 2012. L’économie est dominée par le secteur informel, qui génère en 2023 42% du PIB et 96% de l’emploi, mais en général qui ne propose pas des emplois décents. Cependant, le RNB par habitant est passé de 1 010 dollars en 2021 à 1 180 dollars en 2023, faisant passer la Guinée du statut de pays à faible revenu à celui de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.
Perspectives et risques
La croissance du PIB devrait atteindre 4,2% en 2024, grâce à la production minière et à l’investissement dans la mine de fer de Simandou. Ce ralentissement par rapport à 2023 est imputable aux pénuries de carburant consécutives à l’explosion du dépôt pétrolier en décembre 2023 et à une réduction de l’approvisionnement en énergie hydroélectrique. La croissance devrait remonter à 5,4% en 2025, à mesure que l’approvisionnement en électricité s’améliorera. L’inflation devrait dépasser 10% en 2024 et 2025, en raison de la dépréciation du taux de change et de l’augmentation des coûts de transport liés à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Le déficit budgétaire devrait se creuser pour atteindre moins de 3% du PIB en 2024 et 2025, en raison de la reprise des investissements dans les infrastructures, de l’augmentation des subventions à l’énergie et des dépenses électorales. En 2024 et 2025, les importations de biens d’équipement dédiés à Simandou devraient porter le déficit du compte courant au-delà des niveaux de 2023. Les perspectives généralement favorables pourraient être compromises par des tensions sociopolitiques et par la baisse des investissements directs étrangers due aux tensions géopolitiques. Une gestion politique prudente et la signature d’un programme avec le Fonds monétaire international (FMI) pourraient atténuer les risques.
Réforme de l’architecture financière mondiale
Bien que dominée par les services à faible productivité, l’économie se diversifie vers l’industrie. La part de l’industrie dans le PIB est passée de 32,1% au cours de la période 1990–1999 à 39,4% au cours de la période 2010–2019, tandis que la part de l’agriculture, peu diversifiée et à forte intensité de capital, est passée de 19,6% sur la période 2010–2019 à 25,6% sur la période 2020–2021, grâce à l’introduction de semences et d’engrais améliorés. Cette dynamique bénéficie des incitations à l’investissement, d’une plus grande offre d’hydroélectricité, qui doit être consolidée, de l’infrastructure de connectivité avec les marchés régionaux. Elle est également soutenue par la stratégie de substitution des importations promue par le Plan national de développement économique et social 2016–2020 et le Programme intérimaire de référence pour la transition 2022–2025.
Le Programme intérimaire de référence pour la transition présente un déficit de financement annuel de 1,125 milliard de dollars, en plus des 1,39 milliard de dollars par an requis sur la période 2020–2030 pour la résilience climatique. Pour combler ce déficit, la Guinée doit renforcer son cadre macroéconomique, améliorer l’environnement des affaires, accroître la mobilisation des ressources intérieures, stimuler les financements privés dormants (marché boursier, fonds de pension, finance verte) et attirer davantage d’investissements directs étrangers. La signature d’un programme avec le FMI serait également un signal utile pour mobiliser les quelque 7 milliards de dollars de financement de la table ronde de Dubaï sur les principes de l’ONU pour l’investissement responsable. À court terme, les banques multilatérales de développement devraient permettre à la Guinée de bénéficier d’un plus grand nombre de droits de tirage spéciaux et de garanties partielles de risque et de crédit. À moyen et long terme, il serait utile de passer à des guichets et à des financements non concessionnels.

