Auteur : Groupe de la banque africaine de développement
Site de publication: GBAD
Type de publication: Rapport
Date de publication: 2024
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Performance en matière de croissance
Après la pandémie de COVID-19, la performance de l’économie ivoirienne a été vigoureuse, en dépit des effets induits par des chocs multiples. Le taux de croissance du PIB réel s’est établi à 6,5 % en 2023, contre 6,2% en 2022. L’activité économique s’est opérée dans un climat sociopolitique apaisé, bénéficiant des effets liés à l’accélération des infrastructures de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), organisée par le pays en janvier/février 2024, des termes de l’échange favorables et de la mise en œuvre d’un nouveau programme économique et financier conclu avec le FMI et couvrant la période 2023-2026.
Du côté de l’offre, les secteurs secondaire et tertiaire ont été les principaux moteurs de la croissance du PIB réel en 2023. La valeur ajoutée du secteur secondaire a progressé de 10,3 % supérieure à la performance de 2022 (8,1 %), soutenue par le dynamisme de plusieurs secteurs, dont les industries extractives, les industries de production et de distribution d’électricité, de gaz et d’eau, les industries environnementales, ainsi que le bâtiment et les travaux publics (BTP).
Politique budgétaire – Dette publique
Pour rembourser sa dette publique et financer son déficit budgétaire, le pays a eu recours aux ressources du marché financier régional (en émettant notamment des bons et des obligations du Trésor), ainsi qu’aux tirages sur les prêts projets et programmes en cours. Ce financement s’est traduit par une accumulation de la dette publique (58,1 % du PIB, contre 56,6 % du PIB en 2022) soit une hausse de 1,5 point de pourcentage.
Il ressort de la dernière analyse de la viabilité de la dette (AVD), réalisée par le FMI (Rapport pays N°23/046 – décembre 2023), que la Côte d’Ivoire est exposée à un risque modéré de surendettement. Pour préserver la viabilité de sa dette, la Côte d’Ivoire doit renforcer la mobilisation des recettes internes au regard de la faiblesse de sa pression fiscale (13,6 % du PIB en 2023) et de la diversification économique.
Bilan de la performance et de la transformation économiques en Côte d’Ivoire
La performance économique globale de la Côte d’Ivoire a été moyenne sur la période 1980-2019, avec un PIB réel en croissance constante au taux de 3,1 % par an, inférieur aux 3,6 % par an pour l’Afrique de l’Ouest (voir Figure 2.1). La croissance moyenne du PIB réel par habitant du pays a été négative sur cette période, ressortant à -0,05 %, contre 0,1 % en Afrique de l’Ouest. La détérioration des termes de l’échange, les tensions politiques et la crise militaro-politique expliquent les faibles résultats du pays sur les trois premières décennies (1980-2009).
L’économie ivoirienne a néanmoins été plus résiliente aux chocs externes, en particulier face à la pandémie de Covid-19 et aux chocs multiples. En 2020, le taux de croissance du PIB réel est ressorti à 1,7 %, alors que l’Afrique de l’Ouest affichait une décélération de sa croissance à -0,2 %. Sur la période 2021-2022, la croissance ivoirienne a rebondi à 6,7 % en moyenne annuelle, au-delà de la performance moyenne de l’Afrique de l’Ouest (4,1 %).
Après un repli à -0,8 % en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19, la croissance moyenne du PIB réel par habitant s’est ensuite redressée en 2021 et 2022, respectivement à 4,8 % et à 4,1 %, largement au-dessus de la moyenne ouest-africaine, respectivement de 2,6 % et de 3,2 %.
Principales entraves à une transformation structurelle rapide
La faible modernisation de l’appareil productif dans son ensemble et de la productivité, ainsi que le faible développement des chaînes de valeur, notamment agricoles et de la compétitivité constituent des freins majeurs à la transformation structurelle de l’économie ivoirienne.
L’agriculture se caractérise par une utilisation encore limitée d’équipements modernes et d’intrants de qualité, ainsi que par de faibles taux de transformation locale des matières agricoles (33 % pour les fèves de cacao et environ 22 % pour la noix de cajou à fin 2023).
La qualité du capital humain freine l’accroissement de la productivité de la main-d’œuvre et la disponibilité de travailleurs qualifiés dans l’économie. L’indice de capital humain 2020 du pays est de 0,4 (contre 0,35 en 2018), ce qui signifie qu’un enfant né en Côte d’Ivoire en 2020 sera productif à 40 % par rapport à ce qu’il aurait pu être s’il avait été pleinement instruit et en bonne santé. Le pays doit surtout augmenter le nombre de diplômés dans les filières professionnelles et techniques, et assurer l’adéquation entre les compétences et les emplois.
L’accès au financement constitue une contrainte majeure à la transformation structurelle de la Côte d’Ivoire. Le crédit à l’économie est faible (21,1 % du PIB en 2021), au regard des besoins de financement de l’économie ivoirienne et de la performance moyenne de l’Afrique subsaharienne (26,7 % du PIB). Cette situation est imputable à une faible inclusion financière et à des taux d’intérêts élevés. Certains secteurs clés pour la transformation structurelle (industrie manufacturière et l’agriculture) ne recevraient pas de financements appropriés au niveau du secteur bancaire (CAPEC,2020).
Opportunités potentielles ou existantes en ressources naturelles non renouvelables, dans l’agriculture et l’agro-industrie et dans les énergies renouvelables
Dans le domaine de l’agriculture et de l’agro-industrie, la Côte d’Ivoire occupe le 1er rang mondial dans le domaine de la production de cacao et de noix de cajou, et occupe le 5e rang mondial en ce qui concerne la production d’huile de palme. Selon la SFI (2020), la transformation de la noix de cajou, du coton, du caoutchouc, de l’huile de palme, et l’horticulture constituent des activités à forte intensité de main-d’œuvre, susceptible de promouvoir la diversification dans le domaine des produits dérivés connexes.
Dans le domaine des énergies renouvelables, la Côte d’Ivoire recèle un potentiel considérable, constitué d’énergie hydroélectrique, d’énergie solaire et de biomasse. Au regard de la croissance rapide de la demande en électricité, les investissements dans les énergies renouvelables permettraient de réduire les besoins en gaz naturel, et partant, les futurs coûts globaux du système énergétique (Banque mondiale, 2023).
Remarques finales et recommandations de politique générale
Renforcer la gouvernance institutionnelle et économique afin de créer un cadre propice à l’accélération des changements structurels en Côte d’Ivoire;
Intensifier les investissements dans le capital humain, en veillant à renforcer la qualité du système de formation dans son ensemble, afin d’assurer l’adéquation compétence-emploi et l’employabilité des jeunes diplômés, de même que dans la santé et les mesures de protection sociale;
Renforcer la résilience au changement climatique, à travers : i) la mise en œuvre effective des contributions déterminées au niveau national (CDN) révisées, des engagements pris au titre de l’Initiative d’Abidjan, dans le cadre de la COP15 sur la désertification et la sécheresse, ainsi que de l’accord sur la FRD conclu avec le FMI ; ii) l’investissement dans la valorisation et la conservation du capital naturel et dans son intégration dans le système national de comptabilité, en vue d’accélérer la transition écologique du pays.
