Auteur : Amnesty international
Site de publication: Amnesty
Type de publication : Rapport
Date de publication : Avril 2025
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Notes
Des personnes critiques à l’égard des autorités ont été poursuivies en justice et menacées de voir leur droit de circuler librement restreint, et les forces de sécurité ont tenté d’intimider des journalistes. Des dirigeants, des militants et des journalistes anglophones, ainsi que des militant.es de l’opposition, ont été détenus arbitrairement. Des séparatistes armés se sont livrés à des homicides et à des attaques contre des écoles dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et des groupes armés ont tué des civil.es dans la région de l’extrême-Nord.
Contexte
Un an avant l’élection présidentielle de 2025, les tensions politiques se sont accentuées, tandis que le conflit armé et les violences se poursuivaient dans les régions de l’extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le nombre de personnes déplacées par les violences armées dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a dépassé les 580 000. En septembre, la police norvégienne a arrêté Lucas Cho Ayaba, l’un des principaux dirigeants séparatistes anglophones, qui était soupçonné d’incitation à commettre des crimes contre l’humanité au Cameroun.
Entre janvier et octobre, des inondations dans la région de l’extrême-Nord ont touché 356 730 personnes et fait au moins 30 morts.
Liberté d’expression
Dans un décret publié le 16 juillet, le préfet du département du Mfoundi, où se trouve la capitale, Yaoundé, a déclaré que “Toute personne qui outrage dangereusement les institutions [de l’État] ou celui qui les incarne” pourrait être interdite de séjour dans le Mfoundi.
Le Syndicat national des journalistes du Cameroun a publié le 3 octobre une déclaration dénonçant les pressions exercées par des membres des forces de sécurité sur les médias pour « réduire au silence celles et ceux qui expriment des critiques à l’égard des autorités ».
À la suite de rumeurs concernant l’état de santé du chef de l’État, le ministre de l’Administration territoriale a adressé le 9 octobre une lettre aux gouverneurs de tout le pays dans laquelle il interdisait « tout débat dans les médias sur l’état du président de la République ».
Liberté d’association
Le ministre de l’Administration territoriale a émis le 6 décembre un décret interdisant ou suspendant pour trois mois les activités de plusieurs organisations, dont le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale, sur la base de différentes accusations, dont le “financement illicite”.
Détention arbitraire
Des dizaines de personnes étaient toujours détenues arbitrairement après avoir été condamnées par des tribunaux militaires dans le contexte des violences armées dans les régions anglophones.
Quarante et un militant.es et dirigeants de l’opposition étaient toujours en détention arbitraire après leur condamnation par des tribunaux militaires pour leur participation à une manifestation organisée le 22 septembre 2022 par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun, un parti d’opposition.
Homicides illégaux
Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les forces de défense et de sécurité ont été accusées d’avoir tué illégalement des personnes soupçonnées de collaborer avec des groupes séparatistes armés, selon des ONG camerounaises. Le gouvernement n’a pas réagi aux accusations d’homicides illégaux, qui concernaient notamment la mort de quatre civil.e.s à Mamfé en avril lors d’une opération militaire.
Droit à la vérité, à la justice et à des réparations
Aucune information n’a été rendue publique au sujet d’une éventuelle enquête sur le meurtre du journaliste Jean-Jacques Ola Bébé, perpétré à Yaoundé en février 2023. Le 9 septembre, le tribunal militaire de Yaoundé a annoncé publiquement les charges retenues contre 17 personnes jugées dans l’affaire du meurtre du journaliste Martinez Zogo, commis à Yaoundé en janvier 2023.
