

Auteur : Diamond, G.
Site de publication : UNGEI
Type de publication : Rapport
Date de publication : Avril 2022
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Les normes sociales qui font obstacle à l’éducation des filles en Afrique de l’Ouest et du centre : Un bref aperçu
Les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre ont enregistré des progrès notables dans l’éducation des filles au cours des deux dernières décennies. La proportion de filles entrant dans les dernières années des écoles primaires et secondaires a augmenté de 2000 à 2017. Les tendances des indices de parité entre les sexes (GPI) des taux d’achèvement dans le primaire et le premier cycle du secondaire montrent également une réduction de l’écart dans la plupart des pays, bien que les progrès aient ralenti ces dernières années.
Cependant, l’accès à l’éducation reste très inéquitable en Afrique de l’Ouest et du Centre, en particulier pour les filles marginalisées et adolescentes, les enfants du quintile de richesse le plus pauvre, les enfants vivant dans des zones de conflit et les enfants ayant des difficultés fonctionnelles. Les filles représentent 52 % des 38,8 millions d’enfants non scolarisés dans la région.
Grossesse précoce
Les grossesses précoces sont motivées par une combinaison de facteurs sociaux, économiques et éducatifs. Cela comprend des services et des connaissances limités ou biaisés en matière de santé sexuelle et reproductive, des normes sociales sexospécifiques concernant l’adolescence et le comportement sexuel, et la vulnérabilité au pouvoir et à la coercition.
Les rôles de genres et la construction par les filles de leur identité et de leur libre arbitre jouent un rôle majeur dans la persistance de la grossesse précoce, tout comme les climats politiques, culturels et religieux et les dynamiques individuelles des ménages et des communautés dans lesquelles elles se trouvent souvent liées au mariage des enfants, les grossesses précoces et non désirées peuvent être une conséquence de l’abandon scolaire forcé des filles. Les grossesses précoces sont également une cause majeure d’abandon scolaire en raison de politiques, de lois et de normes sociales discriminatoires qui empêchent les filles enceintes et les jeunes mères de poursuivre leurs études.
Le mariage
Le mariage des enfants est à la fois une cause et une conséquence du taux d’abandon scolaire des filles et est souvent associé à la grossesse précoce. Les normes sociales poussent les filles à abandonner l’école au moment du mariage et régissent différentes attentes en matière d’éducation et d’emploi pour les garçons et les filles qui ont des enfants.
L’Afrique de l’Ouest et du Centre à l’un des taux de mariage des enfants les plus élevés au monde. Bien que les taux diminuent, le rythme reste trop lent : même si les progrès doublaient, une fille sur trois dans la région serait encore une enfant mariée en 2030. Dans la région du Sahel, indépendamment de la richesse ou de la religion, les femmes plus instruites étaient moins susceptibles d’être mariées dans leur enfance. À l’inverse, on estime que 95 % des adolescentes mariées de la région du Sahel ne sont pas scolarisées.
Mutilation génitale féminine
Les MGF sont étayées par des normes socioculturelles et persistent malgré des mesures législatives interdisant leur pratique dans certains pays. Dans les sociétés à forte prévalence, les MGF sont un rite de passage à la féminité et sont donc liées à des normes relatives au mariage, à la sécurité financière, au statut social et à l’intégration. Une éducation accrue, un statut socio-économique et une richesse plus élevés et une exposition aux médias de masse (par exemple, les journaux, la télévision et la radio) sont liés à une probabilité réduite de MGF. Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre la nature et le sens de la relation entre les normes sociales, l’éducation des filles et les MGF.
Violence basée sur le genre en milieu scolaire
La violence sexiste en milieu scolaire (VGMS) se produit dans tous les pays du monde et transcende les différences culturelles, géographiques et économiques des sociétés. La VGMS (violence de genre en milieu scolaire) peut être définie comme des actes ou des menaces de violence sexuelle, physique ou psychologique se produisant à l’intérieur et autour des écoles, perpétrés en raison de normes et de stéréotypes de genre et imposés par une dynamique de pouvoir inégale.
L’Afrique de l’Ouest et du Centre à l’un des taux de mariage des enfants les plus élevés au monde. Bien que les taux diminuent, le rythme reste trop lent : même si les progrès doublaient, une fille sur trois dans la région serait encore une enfant mariée en 2030. Dans la région du Sahel, indépendamment de la richesse ou de la religion, les femmes plus instruites étaient moins susceptibles d’être mariées dans leur enfance. À l’inverse, on estime que 95 % des adolescentes mariées de la région du Sahel ne sont pas scolarisées
Études de cas des pays partenaires de l’initiative « PRIORITÉ À L’ÉGALITÉ »
Le Burkina Faso
Le Plan sectoriel de l’éducation actuel du Burkina Faso est le Programme sectoriel de l’éducation et de la formation (PSEF) 2012-2021. Il intègre des aspects liés au genre et au handicap, notant les normes néfastes et la stigmatisation comme des obstacles majeurs à l’éducation des apprenants handicapés.
En réponse au Covid-19, le Burkina Faso a produit le Plan de réponse du MENAPLN pour la continuité éducative dans le contexte du COVID-19, qui identifie le mariage des enfants comme un facteur de risque clé pour les filles et l’éducation des filles en particulier. Il complète la stratégie nationale existante du Burkina Faso destinée à mettre fin au mariage des enfants, la Stratégie Nationale de Prévention et d’Élimination du Mariage d’Enfants (2016-2025).
L’article 1 de la Constitution du Burkina Faso, renforcé par un décret national publié en 1974, interdit le renvoi de l’école des filles enceintes. Toutefois, le Burkina Faso n’a pas de politique ni de loi de réintégration pour protéger le droit à l’éducation des filles enceintes et des mères adolescentes.
Conclusions clés : Normes sociales et éducation des filles
Depuis 2016, le Burkina Faso est confronté à l’insécurité, touchant en particulier les régions du Sahel, du Nord, du Centre-Nord et de l’Est, le nombre et la gravité des attaques enregistrées contre les écoles burkinabè augmentant depuis 2017. Avant la pandémie de Covid-19, plus de 2 500 écoles avaient fermé en raison d’attaques ou d’insécurité. Toutes les écoles ont ensuite fermé temporairement en réponse à l’épidémie de Covid-19 en mars 2020. Les conflits et les attaques contre l’éducation, en plus de la pandémie, ont aggravé les défis envers l’égalité des sexes et l’éducation.
L’insécurité a provoqué des abandons scolaires induits par la peur tant pour les enseignants que pour les apprenants, en particulier les femmes et les filles, ainsi que des conséquences psychosociales à long terme. Les enfants touchés par les fermetures d’écoles se sont inscrits dans des écoles plus éloignées de chez eux, les filles étant particulièrement exposées au harcèlement sexuel et à la violence lorsqu’elles se rendent à l’école à pied. Les filles peuvent également être moins susceptibles de se réinscrire à l’école que les garçons après les fermetures.
L’article 1 de la Constitution du Burkina Faso, renforcé par un décret national publié en 1974, interdit le renvoi de l’école des filles enceintes. Toutefois, le Burkina Faso n’a pas de politique ni de loi de réintégration pour protéger le droit à l’éducation des filles enceintes et des mères adolescentes
Les taux élevés de mutilations génitales féminines, de mariages d’enfants et de grossesses précoces continuent de limiter les droits et les opportunités des jeunes femmes et des filles. Sa persistance peut s’expliquer par des niveaux élevés d’acceptation sociale, avec 44% de la population qui pense qu’une fille peut être mariée avant d’atteindre l’âge de 18 ans. Cela limite les possibilités d’éducation des filles – en effet, la scolarisation des filles est plus faible dans les provinces où la pratique du mariage précoce est répandue. Dans les situations de crise, avec la fermeture des écoles, le risque de mariage d’enfants et de mutilations génitales féminines augmente, tandis que l’accès aux services de santé et de protection sexuelles et reproductives diminue.
La Sierra Leone
Le Plan du secteur de l’éducation (2018-2020) de la Sierra Leone contient des dispositions visant à soutenir les filles dans l’éducation, en mettant l’accent sur l’amélioration des taux de transition des filles vers l’enseignement secondaire et la lutte contre la violence et l’exploitation sexuelles dans les écoles.
Le GCI aide la Sierra Leone à publier son nouveau plan du secteur de l’éducation en mars 2022. Avec le soutien du GCI, en 2020, le gouvernement de la Sierra Leone a publié son Analyse du secteur de l’éducation qui, pour la première fois, comprenait un chapitre consacré spécifiquement à l’analyse de genre. Le Plan d’intervention d’urgence en matière d’éducation contre le COVID-19 de la Sierra Leone comprend des actions spécifiques pour atténuer les risques de violence sexiste et de grossesse précoce, s’attaquer aux normes de genre qui entravent les possibilités d’apprentissage pour les filles en particulier, et soutenir le retour des filles à l’école.
En 2019, un groupe de travail gouvernemental sur la violence sexiste en milieu scolaire a été lancé pour lutter contre les taux élevés de VGMS subis par les apprenants, et les filles en particulier.
L’insécurité a provoqué des abandons scolaires induits par la peur tant pour les enseignants que pour les apprenants, en particulier les femmes et les filles, ainsi que des conséquences psychosociales à long terme. Les enfants touchés par les fermetures d’écoles se sont inscrits dans des écoles plus éloignées de chez eux, les filles étant particulièrement exposées au harcèlement sexuel et à la violence lorsqu’elles se rendent à l’école à pied. Les filles peuvent également être moins susceptibles de se réinscrire à l’école que les garçons après les fermetures
La Sierra Leone a adopté une Politique nationale sur l’inclusion radicale dans les écoles en mars 2021. La politique réaffirme le droit à l’éducation des filles enceintes et des mères adolescentes, sans conditions ni restrictions. La politique stipule que ces filles doivent être soutenues pour rattraper les leçons perdues et peuvent retarder les examens scolaires jusqu’à ce qu’elles soient prêtes.
En mars 2020, la Sierra Leone a révoqué son interdiction de fréquentation des écoles publiques pour les filles enceintes et les mères adolescentes datant de dix ans à la suite d’une décision de la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.
Conclusions clés : Normes sociales et éducation des filles
La Sierra Leone a fait des progrès significatifs dans le domaine de l’éducation, en particulier pour les filles. De 2000 à 2018, les taux d’achèvement des filles en primaire ont augmenté de plus de 40%. Alors que les filles s’inscrivent et terminent l’école primaire à des taux équivalents ou supérieurs à ceux des garçons, les transitions vers l’école secondaire du premier et du deuxième cycle inversent ces tendances, avec une plus grande proportion de garçons diplômés.
Dans les zones rurales pauvres, les filles réussissent moins en matière d’éducation (presque de moitié) par rapport à leurs homologues masculins (IIPE-UNESCO, 2020). La pauvreté, les grossesses précoces, le mariage des enfants, le travail des enfants, la VGMS et les normes de genre inégales sont quelques-uns des principaux facteurs à l’origine des disparités entre les sexes dans l’éducation.
De telles crises entraînent des conséquences sociales et économiques à long terme et générationnelles, y compris pour l’éducation des filles : au cours de la prochaine décennie, jusqu’à 13 millions de filles supplémentaires pourraient être contraintes à un mariage précoce par des parents en difficulté économique. La grossesse précoce est sous-tendue par les normes et pratiques coutumières d’initiation.
La Sierra Leone a adopté une Politique nationale sur l’inclusion radicale dans les écoles en mars 2021. La politique réaffirme le droit à l’éducation des filles enceintes et des mères adolescentes, sans conditions ni restrictions. La politique stipule que ces filles doivent être soutenues pour rattraper les leçons perdues et peuvent retarder les examens scolaires jusqu’à ce qu’elles soient prêtes
Le droit coutumier varie en Sierra Leone et, dans certains cas, considère les filles comme prêtes pour le mariage à la fin de l’initiation, ce qui augmente les risques de grossesse précoce et d’abandon scolaire qui en résulte (Denney et al., 2015). En Sierra Leone, les programmes de lutte contre les grossesses précoces se sont souvent concentrés sur le changement de comportement des filles grâce à un meilleur accès aux services de SDSR et à l’éducation sur la grossesse, plaçant ainsi la responsabilité sur les filles ellesmêmes. De telles approches ignorent les normes socioculturelles et les dimensions économiques et de justice qui perpétuent ce problème.
Le travail des enfants, sous-tendu par la pauvreté et les normes de genre, continue d’avoir un impact négatif sur l’éducation en Sierra Leone. 39%des garçons et 38% des filles âgées de 5 à 17 ans dans le pays sont impliqués dans le travail des enfants, les garçons étant plus susceptibles d’être engagés dans des activités économiques et les filles plus susceptibles d’être engagés pour un travail domestique ou informel, ce qui peut augmenter leur risque de harcèlement et d’exploitation sexuels. 67% des garçons et 53% des filles qui abandonnent l’école le font pour des raisons économiques. Pour les filles, on s’attend généralement à ce qu’une fois qu’elles atteignent l’adolescence, elles commencent à subvenir à leurs propres besoins matériels et à fournir un soutien financier à leur famille.

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Belle analyse