

Auteur : Namizata Binaté Fofana
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Type de publication : Rapport
Date de publication : 2022
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Introduction
Depuis l’adoption des Objectifs de développement durable (ODD) par les Nations Unies en 2015, les problématiques de l’égalité des sexes et du développement inclusif par le genre se sont davantage positionnées comme un projet mondial. Ainsi, en vue de contribuer à la réalisation de ce projet, l’Observatoire francophone pour le développement inclusif par le genre (OFDIG) a décidé d’agir dans les secteurs clés que sont, entre autres, les systèmes éducatifs et l’enseignement supérieur et la recherche. La situation de ces domaines considérée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) comme préoccupante a cependant connu différentes transformations aussi bien au niveau mondial qu’au niveau national. En effet, ces changements se sont opérés à travers l’élaboration de conventions internationales et leur ratification par les États, et par les révisions ou l’élaboration de politiques nationales.
À cet effet, la présente contribution a pour objectif d’analyser la question de l’égalité femmes-hommes dans les différents pays ouest africains de l’AUF, en se penchant plus précisément sur le cas de la Côte d’Ivoire. Elle souhaite mettre en lumière les différentes conventions ratifiées par ces pays, leur traduction en politiques nationales et l’effet de leur mise en œuvre, les acquis en matière d’égalité de genre, ainsi que les défis et perspectives.
Promotion du genre et équité, un intérêt manifeste pour les pays de l’espace ouest-africain francophone
À l’instar de nombreux pays membres de l’Organisation des Nations unies (ONU), l’ensemble des pays de l’espace francophone ouest africain sont parties prenantes de plusieurs conventions internationales relatives aux droits fondamentaux de l’être humain et principalement aux droits des femmes et des filles. Dans cette démarche, plusieurs engagements internationaux et régionaux en matière de genre et d’autonomisation des femmes et des filles ont été mis en place.
Au niveau national, la mise en œuvre de ces conventions se traduit par une transposition politique, juridique et institutionnelle. Les actions menées se caractérisent par un changement dans la vie des femmes et des filles. Ainsi, en 2007, l’État de la Côte d’Ivoire s’est engagé dans l’élaboration d’une politique nationale de l’égalité des chances, de l’équité et du genre applicable dans les politiques, les programmes et les projets de développement concernant tous les secteurs de la vie publique.
La lutte contre les inégalités de genre, une initiative prometteuse et au cœur de la plupart des réformes éducatives
Dès lors, dans le cadre de l’opérationnalisation de ses engagements, la Côte d’Ivoire a élaboré, en 2009, la Politique nationale de l’Égalité des chances, de l’Équité et du Genre, par le biais du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant (MFFE). Cette stratégie a pour objectif d’assurer des chances égales aux femmes et aux hommes dans le développement et les processus de prise de décision. Afin de tenir compte de l’évolution des besoins, une révision de cette politique est en cours.
En outre, le ministère avec l’appui de ONU femmes a initié des campagnes nationales intitulées « génération égalité » (ONU Femmes, 2021) et des cérémonies de distinction pour susciter l’intérêt des étudiantes pour les sciences expérimentales. L’objectif est de promouvoir les compétences scientifiques féminines, en leur octroyant les moyens de leur prise en charge didactique et financière
La problématique de l’égalité de sexe dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique
L’importance de la prise en compte de la problématique de l’égalité des genres dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique est une réalité dans nos pays. En Côte d’Ivoire, bien que nous notons une prise de conscience dans ce domaine, il n’existe pas encore de politiques d’égalité et d’équité dans nos universités, à l’instar de l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody (UFHB). Celle-ci est la première université au pays dotée d’une vice-présidence chargée des questions de genre. Cependant, malgré cette absence de politiques, des actions et des textes garantissent l’égalité entre les femmes et les hommes. En effet, l’article 16 du Code d’Éthique et de Déontologie de l’UFHB stipule que la discrimination est formellement interdite.
Les hommes aussi bien que les femmes ont droit à la transmission des connaissances par une formation offerte à toutes et à tous. Nous assistons surtout à des initiatives de promotion du genre dans les universités et le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique. En effet, des cellules genre sont créées dans certaines universités publiques : des associations d’enseignantes-chercheuses sont constituées, notamment, l’Association de Femmes Enseignantes-chercheuses de Côte d’Ivoire (AFEMC-CI).
En outre, le ministère avec l’appui de ONU femmes a initié des campagnes nationales intitulées « génération égalité » (ONU Femmes, 2021) et des cérémonies de distinction pour susciter l’intérêt des étudiantes pour les sciences expérimentales. L’objectif est de promouvoir les compétences scientifiques féminines, en leur octroyant les moyens de leur prise en charge didactique et financière.
Les acquis et actions des politiques genre dans le système éducatif
Dans le domaine de l’éducation, la mise en œuvre conjointe des résolutions a abouti à une réduction des inégalités filles-garçons en Afrique de l’Ouest. Dans l’ensemble, les pays ont accompli des progrès dans la prise en compte de l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’enseignement primaire et secondaire. En Côte d’Ivoire, plusieurs résultats ont été obtenus. Ils se rapportent à la parité filles-garçons dans l’enseignement primaire et secondaire, à l’augmentation du budget consacré à l’éducation, à l’encadrement des filles-mères, au renforcement des actions de lutte contre les VBG, à l’implication directe des acteur/rices de développement.
L’un des progrès les plus marquants réalisés dans le domaine de l’éducation concerne la quasi parité filles-garçons au niveau primaire. En effet, la figure 1 montre, de 2016 à 2021, une évolution régulière de la proportion des apprenantes avec un taux de 48,57% de filles. La Politique de Scolarisation Obligatoire (PSO) à faciliter l’inclusion, l’accès et le maintien à l’école d’une part importante de la population, dont les jeunes filles, les personnes en situation de handicap et les enfants exclus du système formel. Par ailleurs, il existe encore des inégalités numériques filles-garçons au niveau du primaire, notamment dans les régions du nord de la Côte d’Ivoire, où peu de filles sont scolarisées.

Recommandations
La nécessité, pour l’État, d’appliquer et de faire respecter les lois et politiques adoptées
Pour ce faire, il faut d’abord une bonne vulgarisation des lois et politiques auprès de la population. L’État pourrait davantage mettre à contribution les principaux leaders d’opinion, notamment les élues locaux, les leaders communautaires, les guides religieux et les ONG, à travers des campagnes d’informations et de sensibilisation. Les partenaires techniques et financiers apporteraient également leur appui à ce processus d’appropriation des lois et politiques.
- La création d’un fonds de soutien et d’accompagnement des filles et garçons en difficulté et qui décrochent
Ce fonds contribuera à accompagner la population étudiante dont la scolarité est menacée du fait de certaines difficultés économiques et sociales. Il pourrait leur permettre de poursuivre leur scolarité et de surmonter les difficultés.
- La création de centres d’accueil pour le suivi et l’accompagnement des survivantes de violences sexuelles et sexistes
La création de ces centres publics et privés, aussi bien dans les zones rurales que dans les zones urbaines, permettra de rendre les actions plus percutantes et les effets plus durables. Au niveau du ministère de la Femme, il existe le centre de prévention, d’appui et d’assistance aux victimes de violences sexuelles (PAVIOS) qui a été réhabilité avec l’appui du Programme des nations Unies pour le Développement (PNUD) lors de la pandémie de COVID-19. .La poursuite et le renforcement de la politique des créations des lycées et collèges avec internats et l’extension de la politique des cantines scolaires.
