

Auteurs: Iman Badana Egougnon et Komi Amewunou
Site de publication : Afrobaromètre
Type de publication : Rapport
Date de publication : Juin 2025
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Introduction
L’Afrique est le continent le plus jeune au monde avec environ 60% de sa population qui a moins de 25 ans. Toutefois, le continent fait face à une crise de l’emploi des jeunes caractérisée par un fort chômage, du sous-emploi et une prédominance de l’informel. Plus d’un quart des jeunes âgés de 15 à 24 ne sont ni employés, ni scolarisés, ni engagés dans une formation.
Au Togo, l’État avec l’appui de ses partenaires a déployé une série de réformes et de programmes pour améliorer l’employabilité des jeunes et favoriser leur insertion professionnelle. Ces efforts incluent le Programme de Volontariat National, le Projet d’Appui à l’Employabilité et à l’Insertion des Jeunes dans les Secteurs Porteurs, et la réforme de la formation professionnelle avec les Instituts de Formation en Alternance pour le Développement.
L’État promeut également l’entrepreneuriat via des dispositifs tels que le Fonds d’appui aux initiatives économiques des jeunes et le mécanisme incitatif de financement agricole, et œuvre à l’amélioration du climat des affaires pour stimuler l’investissement privé et public. D’autres initiatives, telles que les projets à haute intensité de main-d’œuvre et la création du Haut Conseil pour l’Emploi des Jeunes, témoignent de cette mobilisation. Malgré ces efforts, le pays reste confronté au défi du chômage et du sous-emploi, nécessitant un ajustement continu des politiques publiques.
Les résultats de l’enquête révèlent un paradoxe frappant : Bien que mieux éduqués que leurs aînés, les jeunes togolais peinent à trouver leur place sur le marché du travail. Près de la moitié d’entre eux se déclarent sans emploi et en recherche active. Au-delà de la rareté des opportunités économiques, les jeunes identifient comme freins majeurs à l’emploi le manque de formation adéquate, l’insuffisance d’expérience professionnelle, ainsi qu’un déficit de compétences entrepreneuriales ou de motivation.
Education et emploi
Les jeunes togolais ont plus avancé dans les études que leurs aînés. Sept sur 10 jeunes (71%) ont atteint au moins le niveau secondaire, dont 19% qui ont accédé au niveau postsecondaire. En revanche, seuls 49% des 36-55 ans ont au moins le niveau d’instruction secondaire, tout comme 42% des plus de 55 ans. Environ un sur 14 des jeunes (7%) n’ont suivi aucune éducation formelle, comparé à 19%-26% des groupes plus âgés.

Au-delà des difficultés économiques et de la rareté des opportunités, les jeunes togolais pointent du doigt plusieurs obstacles majeurs à l’accès à l’emploi. Parmi ces obstacles figurent le manque de formation ou de préparation adéquate (32%), l’insuffisance d’expérience professionnelle (19%), le déficit de compétences entrepreneuriales ou de motivation (14%), l’inadéquation entre les formations reçues et les besoins du marché (14%), ainsi que le refus d’occuper certains types d’emplois (9%).
Bien qu’ils soient plus instruits, les jeunes souffrent plus du problème de chômage. Presque la moitié (46%) des jeunes déclarent être sans emploi et sont activement à la recherche d’un travail. Ce taux diminue avec l’âge, partant de 29% des 36-55 ans à 23% des plus de 55 ans.

Opinions sur l’orientation et la situation économique du pays
Les jeunes togolais, tout comme leurs aînés, expriment un regard critique sur la trajectoire du pays et la situation économique. La majorité (60%) des jeunes affirment que leur pays se dirige dans la mauvaise direction. Près de six jeunes sur 10 (59%) considèrent la situation économique du pays comme « assez » ou « très » mauvaise, une perception légèrement moins sévère que celle de leurs aînés (64%- 70%). Par ailleurs, la moitié des jeunes (50%) se déclarent insatisfaits de leurs conditions de vie, contre 67% chez les plus âgés.
Engagement citoyen
Face aux défis auxquels ils sont confrontés, l’engagement civique et politique pourrait être un levier puissant pour faire entendre leurs revendications et peser sur les décisions en matière de création d’emplois et de développement socio-économique. A quel point les jeunes togolais s’engagent-ils dans des activités politiques et citoyennes ?
Un dixième (10%) des jeunes disent qu’ils ont contacté un dirigeant de parti politique au cours des 12 derniers mois. Ce taux est faible comparé à celui de leurs aînés (13%- 19%). Concernant les députés à l’Assemblée Nationale, 6% des jeunes affirment les avoir contactés au cours des 12 derniers mois.
On note également que les jeunes sont moins nombreux que les plus âgés à avoir voté aux dernières élections (74% contre 82%-85%) et à se sentir proche d’un parti politique (20% contre 23%-35%).
