Auteurs : Global Financing Facility (GFF) , Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique
Site de publication : P4H Network
Type de publication : Rapport
Date de publication : Mars 2024
Introduction
La Côte d’Ivoire poursuit la consolidation de son système de santé dans un contexte marqué par des défis sanitaires complexes et des ambitions de couverture universelle. En mars 2024, un exercice actualisé de cartographie des ressources et de suivi des dépenses dans le secteur de la santé a été conduit, sous la coordination du Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle (MSHPCMU) et avec l’appui technique et financier du Global Financing Facility (GFF). Ce rapport vise à fournir une vision claire et actualisée des ressources mobilisées, de leur allocation et de leur utilisation, afin d’orienter les politiques publiques et d’améliorer la performance du système sanitaire ivoirien.
Contexte
La Côte d’Ivoire, malgré son statut de pays à revenu intermédiaire, présente un profil de santé comparable à celui de pays à faible revenu, avec des résultats en matière de santé qui demeurent parmi les plus faibles de la région. Ceci est notamment visible dans les indicateurs liés à la santé maternelle, néonatale, infantile et des adolescents.
Le secteur de la santé joue un rôle essentiel dans l’amélioration de la qualité de vie et la réduction de la pauvreté. Cependant, il fait face à plusieurs défis qui entravent sa performance, notamment : une insuffisance des ressources financières, un financement mal aligné aux priorités nationales, des disparités dans la répartition des ressources entre les régions, ainsi qu’une faible couverture et accessibilité des services de santé.
Le Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle (MSHPCMU) a donc engagé depuis plusieurs années des réformes stratégiques appuyées par le GFF afin d’améliorer la mobilisation, l’allocation et le suivi des ressources dans le secteur de la santé.
Parmi ces réformes, le Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) 2021-2025 constitue le cadre stratégique de référence, avec des priorités clairement définies pour la santé maternelle, néonatale et infantile. Ce plan s’appuie notamment sur la réalisation de la cartographie des Ressources et du Suivi des Dépenses (CRSD), exercée pour la troisième fois en 2024.
L’exercice de cartographie présente plusieurs objectifs clés :
- Fournir une compréhension actualisée des ressources financières allouées au secteur, à tous les niveaux.
- Identifier les écarts de financement par rapport aux besoins réels du secteur.
- Faciliter un meilleur alignement des financements gouvernementaux et des partenaires techniques et financiers aux priorités stratégiques du PNDS.
- Renforcer la planification budgétaire et la gestion des ressources dans une perspective d’optimisation et de durabilité.
Ressources financières disponibles dans le secteur de la santé en Côte d’Ivoire
Le financement du secteur de la santé en Côte d’Ivoire provient de multiples sources, dont le budget public, les partenaires techniques et financiers (PTF), ainsi que les financements privés et communautaires. Le budget national alloué à la santé a connu une légère progression ces dernières années, mais reste insuffisant pour couvrir tous les besoins stratégiques définis dans le PNDS.
Les partenaires financiers jouent un rôle important, notamment à travers des financements ciblés pour la santé maternelle, néonatale, infantile et des adolescents (SRMNIA). Toutefois, ces financements ne sont pas toujours alignés avec les priorités nationales, ce qui peut limiter leur efficacité.
Les fonds privés, y compris les dépenses à la charge des ménages, constituent une part significative des dépenses de santé, mais ils sont souvent liés à des barrières à l’accès aux soins, notamment pour les populations vulnérables.
La répartition des ressources est également marquée par des disparités régionales, avec certaines zones bénéficiant d’un accès plus limité aux financements et aux services de santé.
Suivi des dépenses dans le secteur de la santé
Le suivi des dépenses publiques et privées dans le secteur de la santé est essentiel pour la transparence, la responsabilisation, et l’optimisation des ressources. Le système de suivi en Côte d’Ivoire s’est renforcé ces dernières années grâce à l’adoption de la cartographie des ressources et au développement d’outils informatiques adaptés.
Les données de suivi permettent d’identifier les allocations budgétaires effectivement réalisées et d’établir des comparaisons entre dépenses planifiées et effectuées. Ce suivi met en lumière certaines insuffisances et écarts pouvant être corrigés pour renforcer l’efficience du système.
Le suivi inclut également une dimension régionale pour mieux comprendre les disparités dans l’allocation des ressources et adapter les politiques publiques de manière différenciée.
Analyse des résultats et principales observations
L’analyse issue de la cartographie 2024 montre que, malgré une mobilisation accrue des ressources, les financements disponibles restent en deçà des besoins exprimés dans le PNDS. Le déficit de financement se traduit par des lacunes dans l’offre de services, notamment dans les zones rurales et les régions moins dotées.
Les financements externes tendent à privilégier certains programmes spécifiques, ce qui crée un effet de silo et empêche une approche globale et intégrée du système de santé.
L’allocation des ressources ne reflète pas toujours les priorités nationales, avec un besoin urgent d’améliorer l’alignement des financements aux objectifs stratégiques définis.
Par ailleurs, les inégalités dans la répartition régionale des ressources sont préoccupantes, avec un risque d’accentuation des disparités en matière de couverture sanitaire.
Recommandations
Le rapport formule plusieurs recommandations essentielles à la lumière des résultats de la cartographie et du suivi des dépenses :
- Renforcer l’alignement des financements : Il est crucial d’améliorer la coordination entre les partenaires financiers et le gouvernement afin que les ressources soient mieux alignées aux priorités nationales établies dans le PNDS, notamment pour les programmes SRMNIA.
- Augmenter la mobilisation des ressources domestiques : Le financement domestique doit être accru et mieux protégé pour assurer la durabilité des interventions en santé.
- Optimiser la répartition régionale des ressources : Une attention particulière doit être portée à réduire les disparités territoriales en améliorant la distribution des fonds et l’accès aux services dans les zones défavorisées.
- Institutionnaliser le suivi régulier des dépenses : Le suivi des ressources doit devenir une pratique systématique et continue, avec un renforcement des capacités au sein des structures gouvernementales chargées du suivi financier.
- Améliorer la transparence et la responsabilisation : La publication régulière des données sur les ressources et les dépenses contribuera à une meilleure gouvernance, en impliquant les parties prenantes, y compris la société civile.
• Intégrer davantage les financements privés et communautaires : Reconnaître et intégrer le rôle des dépenses privées et communautaires peut aider à optimiser l’usage des ressources au sein du système de santé.
