Auteur : Aliou Barry
Site de publication : Afrobaraometer
Type de publication : Rapport
Date de publication : Septembre 2020
Lien vers le document original
Satisfaction du fonctionnement de la démocratie
La grande majorité (70%) des Guinéens ne sont pas satisfaits de la manière dont la démocratie fonctionne dans leur pays. Seulement trois répondants sur 10 (29%) se déclarent en être « assez » ou « très » satisfaits. Cependant, au sein de certaines catégories socio-démographiques, au moins la moitié d’entre eux expriment leur satisfaction, y compris les mieux nantis (50%).
A la question, « Au cours de l’année dernière, à quelle fréquence, le cas échéant, avez-vous personnellement été injustement traités par d’autres Guinéens sur la base de votre ethnie? », un Guinéen sur 10 (10%) a répondu « une ou deux fois, » « quelques fois », ou « plusieurs fois », contre 90% qui affirment que cela ne s’est « jamais » passé. Les répondants qui disent que leur groupe ethnique n’a jamais été traité injustement sont plus satisfaits de la démocratie que ceux qui croient que leur groupe ethnique est traité injustement (31% vs. 11%). Pour ce qui est de la langue la plus utilisée dans le ménage, les répondants parlant Maninka sont les plus satisfaits de la démocratie (55%, contre 13%, 11%, et 26%, respectivement, pour ceux qui parlent principalement Soussou, Poular, ou d’autres langues). L’une des raisons pourrait être le fait que le Président de la République soit de la communauté qui parle Maninka. Quant à la région de résidence, les répondants habitant dans celles de Kankan (54%), N’Zérékoré (49%), et Faranah (43%) sont les plus satisfaits de la démocratie guinéenne.
Représentativité de l’Assemblée Nationale
En pensant à la manière dont les élections se déroulent en pratique dans leur pays, moins de la moitié (40%) des Guinéens estiment qu’elles assurent bien que les représentants à l’Assemblée Nationale reflètent les vues des électeurs. Par contre, la majorité parmi ceux habitant la région de Kankan (70%), ceux parlant Maninka (66%), et les nantis (56%) affirment que les élections garantissent la représentativité de l’Assemblée Nationale. Cette évaluation positive du fonctionnement des élections est moins fréquente parmi ceux qui voient un traitement injuste de leur groupe ethnique (25%) et ceux qui habitent en milieu urbain (33%).
Favoritisme pour les zones favorables au gouvernement
Pour quatre Guinéens sur 10 (39%), les communautés qui ne votent pas pour le parti au pouvoir souffrent « quelquefois », « souvent », ou « toujours » de conséquences négatives telles que le manque de soutien du gouvernement pour les services locaux ou les projets de développement. Ce point de vue est partagé par la majorité des répondants vivant dans les régions de Labé (74%) et de Boké (57%).

Limitation des mandats
En ce qui concerne plusieurs propositions de modifications des dispositions de la Constitution, plus de quatre Guinéens sur cinq (84%) sont d’accord avec celle instaurant la limitation de mandats pour les députés à l’Assemblée Nationale.
Pour quatre Guinéens sur 10 (39%), les communautés qui ne votent pas pour le parti au pouvoir souffrent « quelquefois », « souvent », ou « toujours » de conséquences négatives telles que le manque de soutien du gouvernement pour les services locaux ou les projets de développement. Ce point de vue est partagé par la majorité des répondants vivant dans les régions de Labé (74%) et de Boké (57%)
Cette opinion est partagée par plus de trois quarts des citoyens vivant dans chacune des régions, toutefois les pourcentages les plus élevés sont enregistrés au niveau des régions de Labé (91%), Conakry (87%), Kankan (86%), et N’Zérékoré (84%). De même, plus de trois quarts (76%) des Guinéens sont pour la limitation des mandats présidentiels à deux. Cette proportion dépasse 85% dans les régions de Mamou (86%), Kindia (89%), Conakry (91%), Boké (96%), et Labé (98%). Par contre, à Kankan seulement 44% des citoyens sont favorables à une limitation des mandats du Président de la République.
Faiblesse des institutions
Il a été demandé aux Guinéens de se prononcer sur la fréquence à laquelle le Président de la République ignore certaines institutions de leur pays. Plus de la moitié (54%) des citoyens pensent que le président ignore « souvent » ou « toujours » les tribunaux et lois du pays. Cette opinion est plus soutenue par ceux s’estimant avoir subi l’injustice ethnique (77%), ceux vivant en milieu urbain (65%), et les très pauvres (63%). Il en est de même des Guinéens parlant Soussou (78%) et Poular (78%). S’agissant des régions, les pourcentages les plus élevés sont enregistrés à Conakry (80%) et Labé (78%).
En outre, presque la moitié (49%) des Guinéens estiment que le président ignore « souvent » ou « toujours » l’Assemblée Nationale et fait ce qu’il veut. Ce point de vue est plus soutenu par les citoyens s’estimant avoir subi l’injustice ethnique (72%). Il en est de même des Guinéens parlant Poular (74%) et/ou habitant dans les régions de Labé (78%), Conakry (72%), et Mamou (71%).
Devant la loi, les citoyens sont traités inégalement
A la question de connaître la fréquence à laquelle les gens sont traités inégalement devant la loi, plus de trois Guinéens sur cinq (63%) déclarent que cela se passe « souvent » ou « toujours ». Cette opinion est plus soutenue en milieu urbain (74%) et au niveau des très pauvres (68%). En outre, au moins deux tiers des Guinéens vivant dans les régions de Conakry (88%), Labé (79%), Mamou (74%), et Boké (67%) sont de cet avis.
La majorité (58%) de Guinéens déclarent également que les officiels qui commettent des crimes restent « souvent » ou « toujours » impunis. Les pourcentages des Guinéens partageant cette opinion sont plus élevés dans les régions de Conakry (85%) et Labé (73%). Deux tiers des répondants vivant en milieu urbain (68%) et ceux s’estimant avoir subi l’injustice ethnique (68%) sont d’accord que cela se fait souvent ou toujours.
