Auteur : Banque africaine de développement
Site de publication : AFDB
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2024
Lien vers le document original
Évolution de la croissance économique
En dépit du contexte économique et politique difficile marqué par la poursuite des effets liés aux chocs et l’instabilité institutionnelle, l’activité s’est avérée résiliente en 2023, avec une croissance du PIB de 4,3 % contre 4,2% en 2022, tirée par un regain de dynamisme du secteur primaire, grâce à une hausse de la production de riz et de noix de cajou. Cette performance a été renforcée par l’accélération du secteur secondaire, qui a bondi à 11,6 % en 2023 contre 1,4% en 2022, sous l’effet notamment des progrès réalisés dans la production d’énergie (+ 22,9 %), en lien avec l’achèvement d’un grand projet électrique reliant Conakry à Bissau, et la construction (+ 13,6 %).
Le taux de croissance du secteur tertiaire a, en revanche, ralenti passant de 7,6 % en 2022 à 1,7 % en 2023, affecté par les mauvaises performances de la vente de noix de cajou dont les effets négatifs ont impacté les activités commerciales. Du côté de la demande, la croissance a été portée par l’investissement, la consommation finale ayant ralentie en raison du niveau élevé des prix. L’investissement public a accéléré grâce aux efforts réalisés par le gouvernement pour financer les infrastructures.
Impact du resserrement des conditions financières
Sur le marché financier régional, les rendements moyens des obligations souveraines (5 ans) émises par la Guinée-Bissau ont augmenté, passant de 6,38 % en janvier 2022 à 8,29 % en janvier 2024. Selon le FMI, le resserrement du marché régional a accru le recours du gouvernement au système bancaire local pour combler ses besoins de financement et financer ses engagements financiers, en particulier à la fin 2023. Ainsi, l’encours de la dette auprès du système bancaire local a atteint 17,3 % du PIB en 2023 et le service de la dette en pourcentage des revenus a augmenté, passant de 6,8 % en 2022 à 14,9 % en 2023, réduisant ainsi la marge de manœuvre budgétaire. Par conséquent, une plus grande dépendance au financement du système bancaire local pourrait augmenter les coûts d’emprunt et aggraver les vulnérabilités macro-financières.
Le taux de croissance du secteur tertiaire a, en revanche, ralenti passant de 7,6 % en 2022 à 1,7 % en 2023, affecté par les mauvaises performances de la vente de noix de cajou dont les effets négatifs ont impacté les activités commerciales. Du côté de la demande, la croissance a été portée par l’investissement, la consommation finale ayant ralentie en raison du niveau élevé des prix. L’investissement public a accéléré grâce aux efforts réalisés par le gouvernement pour financer les infrastructures
Perspectives et risques
Croissance du PIB : La croissance économique devrait se consolider en 2024 (4,7 %) et 2025 (5,2 %) grâce, notamment, à la poursuite des investissements, à la mise en œuvre des réformes dans la gouvernance qui amélioreront l’environnement des affaires, ainsi qu’à la normalisation des exportations de noix de cajou. En particulier, les efforts d’investissement publics dans les infrastructures routières devraient s’accélérer. La production de l’agriculture de subsistance devrait également poursuivre sa tendance haussière, grâce aux investissements dans l’expansion des périmètres irrigués pour la stimulation d’autres chaînes de valeur agricole.
Inflation
L’inflation devrait baisser pour atteindre 5,4 % en 2024 et 3,2 % en 2025, se situant ainsi légèrement au-dessus de la norme de 3 % fixée dans le cadre des critères de convergence de l’UEMOA. La baisse des prix serait imputable, d’une part, à la poursuite du resserrement de la politique monétaire de la BCEAO, qui vise à maintenir la stabilité des prix, et, d’autre part, à la hausse attendue de la production agricole et au ralentissement escompté de l’inflation mondiale qui se traduirait par une détente des prix au niveau interne.
Bilan de la performance économique et de la transformation structurelle
Les performances économiques de la Guinée Bissau au cours des quatre décennies précédant la période de COVID-19 ont été contrastées, avec une croissance du PIB réel de 2,9 % par année (figure 2.1), se situant ainsi en-dessous de la moyenne de l’UEMOA (4,0 %) et de l’Afrique (3,5 %). En effet, durant la période 1980-1990, la Guinée-Bissau a enregistré une croissance économique faible de 2,9 % en moyenne, reflétant les retombées de la guerre d’indépendance, des changements politiques et économiques intervenus avec l’arrivée au pouvoir du Président João B. Vieira et des troubles politiques qui ont suivi, freinant le développement économique du pays. Sur la décennie 1991-2000, l’activité économique a ralenti, avec une croissance moyenne de 2,5 %, en raison de l’instabilité politique liée aux coups d’État militaires et aux conflits ainsi qu’aux chocs exogènes défavorables.
L’inflation devrait baisser pour atteindre 5,4 % en 2024 et 3,2 % en 2025, se situant ainsi légèrement au-dessus de la norme de 3 % fixée dans le cadre des critères de convergence de l’UEMOA. La baisse des prix serait imputable, d’une part, à la poursuite du resserrement de la politique monétaire de la BCEAO, qui vise à maintenir la stabilité des prix, et, d’autre part, à la hausse attendue de la production agricole et au ralentissement escompté de l’inflation mondiale qui se traduirait par une détente des prix au niveau interne
La guerre civile de juin 1998 menée par la junte militaire a particulièrement affecté l’économie de la Guinée-Bissau en paralysant les secteurs économiques les plus importants et portant un frein à l’afflux d’investissements. Cette dynamique s’est poursuivie durant la décennie de 2000-2009 du fait de la persistance de l’instabilité politique, et l’activité économique a stagné autour d’une croissance moyenne de 2 % du PIB réel.
À la suite de la levée progressive des mesures de restriction visant à limiter la propagation de la pandémie, la croissance a rebondi, atteignant 6,1 % en 2021, portée par la reprise du commerce, la hausse de la production et des exportations de noix de cajou, ainsi que par l’accroissement des investissements publics. En 2022, la croissance économique a de nouveau ralenti à 4,2 %, affectée par les effets négatifs des chocs multiples, conjugués à une hausse des prix internationaux des produits de base qui a limité la croissance de la demande interne.
Secteur informel : Le secteur informel concentre une partie importante de l’activité économique en Guinée-Bissau et absorbe l’essentiel de la main-d’œuvre, environ 90 %. Il est composé principalement de petites unités de production évoluant dans l’agriculture, en particulier dans la production de la noix de cajou. Le secteur informel est confronté à des contraintes de financement, à la faiblesse des capacités de production, à l’utilisation de technologies obsolètes et d’intrants sans marges additionnelles, ce qui qui limite sa productivité. En outre, la nature informelle des activités constitue pour le gouvernement une entrave à la mobilisation des ressources internes gouvernementales nécessaires pour financer des secteurs prioritaires de développement (tels que les infrastructures, l’éducation ou la santé), essentiels pour renforcer la dynamique de transformation structurelle.
La guerre civile de juin 1998 menée par la junte militaire a particulièrement affecté l’économie de la Guinée-Bissau en paralysant les secteurs économiques les plus importants et portant un frein à l’afflux d’investissements. Cette dynamique s’est poursuivie durant la décennie de 2000-2009 du fait de la persistance de l’instabilité politique, et l’activité économique a stagné autour d’une croissance moyenne de 2 % du PIB réel
Conclusion et recommandations de politiques
- La stabilité politique et institutionnelle et la bonne gouvernance pour instaurer et maintenir une stabilité gouvernementale et des institutions fortes. Cela permettra de réduire le risque politique et catalyser des investissements privés afin de diversifier les sources de financement.
- Le développement des infrastructures physiques et technologiques et des secteurs à fort potentiel de croissance comme l’agriculture, la pêche, les énergies renouvelables et le tourisme pour accroitre la productivité de l’économie. La mise en place d’agropoles permettrait de créer des chaînes de valeur autour des principales cultures que sont la noix de cajou et le riz, et le pays pourrait tirer exploiter sa riche biodiversité pour favoriser l’émergence d’un tourisme durable et mettre en valeur son potentiel d’énergie renouvelable;
- Le développement du secteur privé par une réforme du cadre règlementaire et l’opérationnalisation de l’agence de promotion des investissements. Le gouvernement devrait également améliorer l’environnement des affaires à travers, notamment, la réduction des barrières à l’entrée, la simplification des procédures administratives et la stimulation de l’innovation. Il est important d’encourager la formalisation progressive du secteur informel par le biais de politiques d’accompagnement et l’application de la loi sur le partenariat public-privé.
