Recrudescence des violences basées sur le genre Les violences basées sur le genre s’exercent aussi bien à l’encontre des hommes que des femmes, mais ce dont on se rend compte, c’est que ces violences s’exercent plus sur les femmes que les hommes. Il y a une recrudescence des violences basées sur le genre parce qu’il y a une grande médiatisation. La sensibilisation aidant, les cas sont plus dénoncés et ainsi, on a l’impression qu’il y a une recrudescence des violences basées sur le genre, surtout les violences sexuelles. Le Comité de lutte contre les violences faites aux femmes est basé à Dakar mais est présent dans les 12 régions du Sénégal. Entre 2017 et 2019, nous avons reçu 3786 cas de violence qui sont pour la plupart des violences physiques, des violences morales et psychologiques. Entre janvier et décembre 2019 également, nous avons reçu 14 déclarations de femmes victimes de violences basées sur le genre. Il y a eu 14 meurtres suite à des violences basées sur le genre, dont 3 cas concernent des mineures âgées entre 11 et 14 ans et deux d’entre elles étaient en état de grossesse. Nous avons reçu 3786 cas de violences qui sont pour la plupart des violences physiques, des violences morales et psychologiques Vous voyez que les violences basées sur le genre n’ont pas connu de répit. Cela continue malgré la sensibilisation et les lois votées. Nous avons également des lois qui n’ont pas été mises en application, soit du fait de la non déclaration car si on ne saisit pas la justice, la loi ne peut pas agir, soit parce qu’également, il y a eu rétraction de la victime de violence ou en tout cas, l’accès à la justice a été difficile par les femmes du fait de manque de moyens permettant d’accéder effectivement à la justice. Vous avez entendu le plaidoyer des femmes demandant l’amélioration de l’accès à la justice pour les femmes par le biais de la création d’un fonds leur permettant d’accéder à la justice. Donc, voilà où est-ce qu’on en est avec les violences basées sur le genre. On a des avancées certes et la société civile fait beaucoup de sensibilisation sur ces questions. On a également le ministère de la Femme qui a en charge ces questions de protection et de défense des droits des femmes qui a mis en place un plan national de lutte contre les violences basées sur le genre, avec un comité national technique composé de diverses sensibilités et de divers ministères pour vraiment s’investir dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Les obstacles majeurs La non dénonciation constitue le premier obstacle. Nous sommes dans une société qui n’a pas la culture de la dénonciation ou du témoignage et cela pose énormément de problème. Deuxièmement, c’est la fourniture de la preuve quand on veut saisir la justice, il faut impérativement avoir une preuve. Généralement, la preuve est difficile à produire surtout s’agissant des viols. Soit elle est effacée, soit on a fait disparaître la preuve avant et on vous demande de produire la preuve. Nous sommes dans une société qui n’a pas la culture de la dénonciation ou du témoignage L’autre obstacle, c’est la mise en application effective de la loi. Il y a beaucoup de circonstances autour de la loi qui est évoquée et pose problème pour la victime de violences avec les multiples procédures judiciaires. La justice est lente des fois. La femme a énormément de difficulté à faire prévaloir ses droits et a demandé que justice soit faite.
La grande recommandation est l’application des lois, mais également permettre l’accès à la justice aux femmes. Au niveau maintenant des communautés, c’est leur implication et faire de telle sorte qu’elles soient sensibilisées et soient parties prenantes de la lutte contre les violences basées sur le genre, aussi bien dans la sphère privée que dans la sphère publique. L’autre recommandation également est la sensibilisation au niveau familial pour que les populations sachent qu’il y a des lois réprimant les violences basées sur le genre et que la justice est là pour faire son travail. Il faut lutter à l’endroit des femmes contre les situations de culpabilité ou de marginalisation. Elles ont des difficultés à être prise en charge et c’est pourquoi la société civile a demandé l’installation des maisons de refuges et d’hébergement provisoire pour les victimes de violences en attendant les décisions de justice La société civile doit porter la voix des victimes de violences et faire de telle sorte que ces populations soient très sensibilisées sur les violences basées sur le genre et sur les lois. A l’endroit de l’État également, on a demandé une vraie prise en charge des victimes de violences. Il faut prendre en charge les victimes de violences. Elles ont des difficultés à être prise en charge et c’est pourquoi la société civile a demandé des maisons de refuges, l’installation de maisons de refuges, d’hébergement provisoire, des victimes de violences en attendant les décisions de justice.