

Ornella G. Lekezime
Le système politique chinois est un type de gouvernance assez particulier dans le monde. C’est un système basé sur un modèle disposant d’un parti unique dirigé par le Parti communiste chinois (PCC), qui rassemble des institutions distinguées et un contrôle politique rigoureux, dans le but de garantir une primauté au sein du parti sur pratiquement tous les aspects de la vie, qu’elle soit publique, économique ou sociale. Depuis la fondation de la République populaire de Chine (RPC) de 1949 à aujourd’hui, ce système a connu de profondes évolutions principalement sous l’ère de Xi Jinping qui, a certes consolidé la centralisation du pouvoir tout en se prêtant aux défis d’un monde en constante mutation.
La structure institutionnelle du système politique chinois
Le système politique chinois est fondé sur une organisation institutionnelle notamment la Constitution de 1982 qui établit le socle juridique fondamental. La Chine est considérée comme un État socialist, encadré par un appareil gouvernemental assez complexe mais soumis à la direction indestructible du PCC. Nous avons l’Assemblée nationale populaire (ANP) qui est en principe l’organe suprême du pouvoir d’État. Elle est composée d’environ 3 000 membres élus indirectement et représente une diversité territoriale, en l’occurrence les minorités ethniques et l’Armée populaire de libération (ANP).
Celle-ci se réunit une fois par an lors d’une session plénière où sont votés les projets de loi et le budget national. Elle constitue le lieu où sont élus les principaux dirigeants de la République, notamment le Président de la République et le Premier ministre. Toutefois, son rôle est principalement formel : l’ANP règle une bonne partie des décisions auparavant établies par le comité permanent et politburo du PCC, lesquels détiennent véritablement le pouvoir politique.
Ensuite, l’organe permanent de l’armée populaire de libération , son comité permanent, garantit le suivi des lois, prescrit des règlements et contrôle le travail des autres organes de l’État entre les sessions, ce qui renforce ainsi une certaine continuité institutionnelle mais restant toujours dans le cadre d’un contrôle minutieux du Parti.
Le Conseil des affaires de l’État est le plus haut organe exécutif et administratif du pays. Le Premier ministre, lui, est nommé par le Président de la République après une approbation de l’armée populaire de libération, et c’est ce cabinet qui met en œuvre les lois et politiques décidées par le parti et l’Assemblée. Cependant, ce Conseil est soumis au Comité permanent du Politburo du PCC. De ce fait, les membres de ce gouvernement font souvent partie intégrante du Comité central du Parti, ce qui préserve une intégration stricte entre les décisions gouvernementales et la ligne politique principale.
Le Premier ministre, lui, est nommé par le Président de la République après une approbation de l’armée populaire de libération, et c’est ce cabinet qui met en œuvre les lois et politiques décidées par le parti et l’Assemblée
Le système judiciaire chinois n’est pas « indépendant ». La Cour populaire suprême est la plus haute instance judiciaire. Elle est chargée de rendre la justice en adéquation avec les lois adoptées, mais reste sous emprise politique directe du parti. Les tribunaux doivent prendre en considération le renforcement du pouvoir du parti et la protection de la protection de la stabilité sociale et politique.
La Chine est un État unitaire traditionnel composé d’une organisation territoriale complexe comprenant 23 provinces, 5 régions autonomes qui sont destinées aux minorités ethniques, 4 municipalités nettement conduits par le gouvernement central (Pékin, Shanghai, Tianjin, Chongqing) et 2 régions administratives spéciales telles que Hong Kong et Macao bénéficiant d’une certaine autonomie selon le principe « un pays, deux systèmes ». Ces régions bénéficient de privilèges propres, évidemment en matière économique et juridique, mais la souveraineté finale et le contrôle politique restent spécifiquement sous la direction du parti par l’intermédiaire d’une politique de centralisation de plus en plus affirmée, principalement visible à Hong Kong ces dernières années.
Un élément important de la structure institutionnelle est le système de « double direction », distingué par une concomitance et un contrôle des structures étatiques et des organes du parti. Ce mécanisme atteste que chaque fonction officielle dans l’administration telles que l’économie, les médias, et même les établissements éducatifs et culturels sont supervisés par un responsable du PCC, garantissant un alignement politique et idéologique complet. Ce système garantit une cohérence nationale, mais par la même occasion limite aussi toute autonomie des organes gouvernementaux, faisant du parti l’élément d’harmonie et de direction unique de la République populaire.
Le rôle central du Parti communiste chinois (PCC)
Le PCC est l’élément principal du système politique chinois. Il s’agit du seul parti autorisé à accéder au pouvoir et il contrôle toutes les instances publiques et politiques, formant un réseau impénétrable de direction et de contrôle. Comptant plus de 90 millions de membres le PCC est la plus grande organisation politique du monde organisée en comité à tous les niveaux de la société .
Depuis 2012, Xi Jinping monopolise les plus hauts pouvoirs politiques chinois en s’accaparant des postes de secrétaire général du parti, Président de la République et président de la Commission militaire centrale. Cette concentration exceptionnelle marque un recentrage autour d’un leader ayant consolidé la discipline du parti et la centralisation du pouvoir. La « pensée Xi Jinping » a été inscrite dans la Constitution chinoise, renforçant de manière emblématique et réelle la doctrine officielle comme principe directeur de la politique nationale et internationale de la Chine.
Depuis 2012, Xi Jinping monopolise les plus hauts pouvoirs politiques chinois en s’accaparant des postes de secrétaire général du parti, Président de la République et président de la Commission militaire centrale
Le PCC repose sur le principe du centralisme démocratique, qui agence une forme de démocratie interne limitée à des cercles restreints de dirigeants, avec une discipline pointilleuse exigeant la concordance des décisions prises. Le Comité central, le Politburo et son comité permanent centralisent un pouvoir opaque mais effectif, supprimant toute opposition au sein du parti. Ces autorités décident des grandes orientations qu’elles soient politiques, économiques, sociales ou étrangères, dans un processus où l’accord est contrôlé et les débats publics inexistants.
Hormis le PCC, nous avons huit autres partis dits « démocratiques » qui sont reconnus mais jouent un rôle symbolique et de conseil. Ces partis sont inclus dans la structure de la conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), qui joue le rôle de front uni sous la direction du PCC. Ils participent à la vie politique sans aucune opposition réelle , justifiant l’accaparement unique du PCC.
Le Parti a un système de gestion des cadres extrêmement méthodique, qui peut assurer que les fonctionnaires et dirigeants restent politiquement des personnes de confiance. Ce système est un moyen important pour le PCC d’avoir la mainmise et de renouveler son personnel à l’intérieur de l’administration, de l’armée et des entreprises publiques. Depuis les campagnes anti-corruption intensifiées sous Xi Jinping , ce système a notamment été utilisé pour affermir le contrôle politique et éliminer de potentiels rivaux.
Les spécificités du régime et les enjeux contemporains
Le régime chinois est un « autoritarisme » distingué, caractérisé par une forte concentration du pouvoir et un apanage politique du parti communiste chinois. La séparation des pouvoirs est “inexistante”, le parti contrôlant directement ou indirectement tous les organes de l’État , de la société civile , de la justice , des médias et de l’économie . Le PCC base sa légitimité sur des résultats économiques et sociaux, sur la stabilité, le nationalisme et la capacité à préserver la souveraineté nationale.
Toutefois, sous la direction de Xi Jinping, la configuration du pouvoir s’est traduite par un renforcement politique et idéologique, avec un retour à une gouvernance plus ordonnée. Le régime reste confronté à de multiples défis : la gestion des inégalités croissantes, des tensions ethniques, les aspirations démocratiques notamment à Hong Kong, et la pression internationale sur les droits humains et la transparence politique.
Ce régime met en place des moyens sophistiqués de contrôle social, tels que la surveillance électronique de masse, la gestion de l’information et la censure, pour éviter toute forme de contestation organisée. Cette surveillance est renforcée par des campagnes d’endoctrinement et un système judiciaire contrôlé, qui permet de contenir toute contestation politique ou sociale considérée comme une menace.
La politique chinoise contemporaine est aussi caractérisée par une recherche d’équilibre entre une modernisation économique, une innovation scientifique et technologique, et un maintien d’un contrôle politique rigoureux. Le 15ème Plan quinquennal, adopté récemment, montre cette stratégie intégrée, articulant développement de qualité et contrôle politique strict.
Crédit photo: Tribune de Genève
Ornella G. Lekezime est étudiante en Master 2 Diplomatie et géostratégie à l’Institut supérieur de management (ISM) de Dakar. Passionnée par les questions de gouvernance, de diplomatie et de relations internationales, elle s’intéresse particulièrement aux dynamiques politiques et stratégiques à l’échelle mondiale.
