
Les priorités nationales par rapport au domaine d’expertise « Les candidats sont attendus sur des questions assez brûlantes, notamment celles sur les institutions. Il est attendu des candidat(e)s qu’ils se prononcent sur la vitalité des institutions lorsqu’ils prendront le pouvoir. L’histoire a montré que depuis la fin des indépendances, le Sénégal a des institutions assez abouties, plus ou moins solides qui fonctionnent. Cependant, il est clair que ces dernières années, les institutions ont montré des limites d’où la question à savoir, si ces institutions vont se pérenniser dans le temps. Aujourd’hui, le Sénégal est passé d’un système parlementaire, puis semi-parlementaire à un système présidentialiste. Le régime s’apparente même à un hyper-présidentialisme qui ne dit pas son nom, avec des élans d’autoritarisme. En effet, le constat est que malgré le fait que la séparation des pouvoirs soit constitutionnellement instituée, celle-ci ne se ressent pas dans le fonctionnement de nos institutions. Il y a une implication de l’exécutif sur les autres institutions à l’instar du législatif et du judiciaire. Aujourd’hui, l’Assemblée nationale n’est rien d’autre qu’une chambre d’enregistrement et un ring de boxe. Par exemple, les projets de loi passent à l’Assemblée nationale comme une lettre à la poste. C’est un réel problème. Bien que l’opposition soit présente, celle-ci est tellement sous-représentée que les lois passent facilement. L’opposition peine à se faire entendre et semble ne plus avoir d’armes ni pour se battre, ni pour mener d’autres combats. Entre les injures et les invectives, l’Assemblée nationale fait l’objet d’une théâtralisation extraordinaire qui la prive de sa substance. L’institution judiciaire est également mise à mal. En effet, les acteurs politiques font face à une répression extraordinaire. D’après les rumeurs, près de 800 acteurs politiques ont été confrontés à cette répression. Les détenus politiques ne sont pas rares, ceux-ci augmentent d’années en année. Il semble alors légitime de se demander si l’institution judiciaire joue pleinement son rôle. Au Sénégal, le judiciaire reste très répressif. Le nombre de détenus augmente d’années en années, alors même que le milieu carcéral n’est pas favorable à la formation des détenus qui leur permettrait de réintégrer la société dans leur dignité. Les candidats sont attendus sur des propositions concrètes, relatives au respect de la séparation des pouvoirs, à la réhabilitation du rôle de l’Assemblée nationale, à l’autonomisation de l’institution judiciaire et à la réduction des prérogatives de l’exécutif. Un autre défi auquel doit faire face le pays est celui du respect de la démocratie. La démocratie est entendue comme un jeu faisant appel à la participation des populations à des échéances régulières, normées et réglées par la Constitution. Ces échéances posent actuellement problème et l’incertitude plane. Alors que le Sénégal est considéré comme une démocratie « normale », héritée d’une tradition démocratique qui n’est plus à démontrer, l’incertitude est totale. Le problème qui se pose se rapporte encore aux institutions. Beaucoup de brèches se sont infiltrées dans les textes, laissant une place importante à l’interprétation. Les candidats doivent donner des propositions pour préserver l’élection, car elle est le baromètre le plus incontournable d’une démocratie. Un autre point sur lequel les candidats sont attendus concerne la liberté de la presse et la libération des journalistes. Dans une démocratie, la presse représente une institution qui ne doit pas être bafouée. Au Sénégal, la presse n’est qu’informative, il n’y a pas de presse d’investigation. En réalité, les portes d’accès à la libre information sont fermées. C’est sans doute, ce qui bloque le rôle d’investigation de la presse mais également, celui de partager les opinions. Les derniers points importants pour les candidats sont l’éducation et l’instruction à la citoyenneté. Ces termes sont importants, car l’école fournit des connaissances mais aussi les rudiments pour devenir citoyen. Il apparaît aujourd’hui que de nombreux jeunes ne maîtrisent ni la citoyenneté, ni le statut de citoyen et ils ne se sentent pas impliqués par rapport aux questions sensibles à la citoyenneté. Nombreux sont les jeunes qui quittent prématurément l’école. Ceux-ci ont besoin d’un accès à l’instruction à la citoyenneté. Les priorités de réformes dans le système éducatif au Sénégal Le Sénégal a connu de grandes avancées au niveau de l’éducation. L’école est partout, même dans les coins et villages reculés. Parallèlement à cela, tout est fait pour maintenir l’élève à l’école le plus longtemps possible, aussi bien les garçons que les filles. En permettant aux élèves d’être le plus longtemps possible à l’école, ceci permet au plus grand nombre d’être instruits et donc plus outillés pour la vie future qu’une personne qui serait moins instruite. Néanmoins, cela a un aspect négatif. En effet, le fait d’être longtemps scolarisé n’implique pas d’office un bon niveau scolaire. L’accès à l’université est une preuve. En tant qu’institution publique, toute personne a droit à une éducation et peut donc intégrer l’université. Cependant, plusieurs problèmes se posent, notamment lorsque certains des étudiants ont des lacunes en langue. C’est un problème, surtout si ces étudiants intègrent des cursus en sciences sociales, science politique, ou en lettres etc… L’université délivre des enseignements supérieurs, avec un rythme d’apprentissage soutenu et ne permet pas de rattraper des retards accumulés depuis le plus jeune âge. Les étudiants qui font face à cette situation finissent par échouer ou abandonner, du fait d’un manque d’outils nécessaires pour affronter le monde universitaire. Il y a d’autres problèmes auxquels sont confrontés les étudiants et les enseignants à l’université. Un d’eux est l’environnement de travail. L’université se révèle être un endroit non sécurisé. La politisation de l’université a abouti à la fermeture des universités pendant six, voire sept mois. Il y a donc une ingérence des questions politiques dans la scène universitaire. L’université doit être désencartée. Chaque étudiant ou enseignant a le droit d’avoir une opinion, une position politique, mais celle-ci peut s’exercer en dehors de l’université. Tout comme l’université a des franchises qui font que la police ne doit pas intervenir à l’université. Ainsi, le politique se doit de rester à la porte de l’université. Les engagements personnels au sein de la société civile ou politique ne doivent pas passer les barrières des universités. Un des autres points importants relatifs à l’université concerne son efficacité. L’université ne doit plus uniquement se focaliser sur des formations diplômantes, mais doit permettre aux jeunes sortis des cursus universitaires d’être en mesure de répondre aux exigences et attentes des entreprises. Actuellement, un étudiant qui sort avec un master ou une licence en droit est complètement perdu quant à son futur professionnel. Il passera par des concours pour poursuivre sa formation ou se dirigera vers d’autres professions. Ces formations supplémentaires sont parfois coûteuses, presque inaccessibles et très compétitives. L’université se doit de proposer des formations permettant aux étudiants d’intégrer le marché du travail et d’occuper un emploi dès la sortie du cursus. C’est une prise de conscience qui doit être réglée, car cela permettrait d’améliorer le statut des universités. Parallèlement à ces questions, l’université a une obligation d’intervenir dans les faits de société. Elle se doit de répondre du mieux possible aux attentes des sociétés. Malgré son obligation de neutralité, l’université n’est pas une tour de Babel imperméable aux maux de la société. L’universitaire doit se sentir investie des problèmes de la société. Grâce à son expertise et ses connaissances, elle se doit d’intervenir dans la gestion des problèmes de la société. Les priorités globales nationales pour assurer le bien-être collectif des populations Pour les futurs dirigeants, un des défis principaux est celui de la jeunesse. Près de 70% de la population sénégalaise est jeune. Cette jeunesse peut être utilisée comme un atout ou un levier de développement. Sans cette optique de développement, la jeunesse se désespère de son incapacité à envisager son avenir proche ou lointain. En ce moment même, des corps de jeunes Sénégalais sont repêchés de l’océan Atlantique. Ces jeunes auraient pu grandir, s’épanouir dans leur pays tout en participant à son développement. Ce désastre humain se répète inlassablement depuis deux ans. Le Sénégal doit prendre ce problème à bras le corps car la jeunesse constitue un trésor inestimable que n’importe quel autre pays envierait. Cette population jeune représente d’innombrables opportunités non exploitées. L’intérieur du pays est aussi immense que dépeuplé. La population sénégalaise se concentre à Dakar alors qu’il y a des terres arables, de l’eau et un climat favorable sur le reste du territoire. Le fait que les villages, les zones rurales soient désertés est quelque peu incompréhensible.
La terre doit être rendue aux jeunes et aux femmes. Sans ce processus, on ne peut pas parler d’autosuffisance alimentaire, car elle ne sera qu’illusoire
Les futurs dirigeants doivent rendre à la jeunesse leur honorabilité, tout en leur permettant d’envisager un avenir plus rayonnant que ce qu’il n’est actuellement. Pour y parvenir, la formation technique doit commencer plus tôt, ceci avant le brevet. La jeunesse ne se dédie pas entièrement à occuper des postes bureaucratiques, les jeunes doivent pouvoir s’orienter en fonction de leurs aptitudes et de leurs préférences. L’agriculture doit se développer. Malheureusement, aujourd’hui, nombreux sont les fils et filles d’agriculteurs qui délaissent les champs familiaux. Ces champs finissent par être vendus, spoliés ou utilisés par des agriculteurs du dimanche. La terre doit être rendue aux jeunes et aux femmes. Sans ce processus, on ne peut pas parler d’autosuffisance alimentaire, car elle ne sera qu’illusoire. Chaque dirigeant promet de venir à bout du défi de l’autosuffisance alimentaire. C’est un objectif qui n’a jamais été atteint et l’insuffisance alimentaire amène à un autre problème qui est celui de la cherté de la vie au Sénégal. Aujourd’hui, entre le loyer, les factures, l’enseignement, et l’éducation des enfants… un salaire moyen ne peut permettre aux Sénégalais de s’en sortir financièrement. Une fracture nette est très visible entre les personnes ayant les moyens et les personnes manquant de moyens. Ce gap est très dangereux pour une société et peut facilement dériver vers des situations de violence. Les récentes manifestations qui au départ étaient liées à la politique ont mis en lumière la cherté de la vie, puisque les premières infrastructures à avoir été pillées étaient les magasins de consommation. Cela doit interpeller les dirigeants sur le fond du problème. Le dernier défi reste sans doute un des plus importants voire le plus important : le problème de l’accès à la santé. Seule une population en bonne santé peut travailler et être productive. Si l’accès aux soins n’est pas facilité par l’État, la santé des individus en souffre et cela devient un problème national. Actuellement au Sénégal, la situation sanitaire est déplorable. En cas d’urgence, les médecins n’ont à leur disposition qu’une dizaine ou une vingtaine de lits. Face à cette situation critique, nombre des médecins du pays préfèrent s’exiler et travailler à l’étranger, afin de fuir les conditions déplorables du milieu de la santé. L’accent doit être mis sur les volets de base de la société, notamment la santé, l’éducation, l’instruction, l’autosuffisance alimentaire etc… C’est seulement une fois ces problèmes réglés que le Sénégal pourra envisager de nouvelles perspectives. Aujourd’hui, le Sénégal se tourne vers le développement des industries extractives. Il convient de se demander si une fois l’économie plus prospère, les populations se sentiront mieux. Finalement, le but premier d’un État est de faire en sorte que la population puisse vivre dans une prospérité et une paix relative. Une fois ces principaux défis relevés, le Sénégal pourra aspirer à un avenir meilleur. »
