
Les priorités sur la gouvernance, les politiques d’aménagement et le foncier « Il est prioritaire de travailler sur le système de gouvernance de façon générale au Sénégal. Ces dernières années, on a constaté que le système actuel facilite certaines dérives. Il faut définir une politique claire de façon endogène, avec des objectifs de développement impliquant les populations. Les nouveaux gouvernants doivent travailler sur un projet de développement qui sera un projet « sénégalais ». Ce projet devra fixer des objectifs pour chaque secteur. La gouvernance doit avoir une gestion axée sur les résultats, la culture de l’évaluation et la sanction, qu’elle soit positive ou négative et ce, pour tous les secteurs. Il faut asseoir une politique claire sur le rôle qu’on veut donner au territoire. Par exemple, il n’est pas compréhensible que l’on retrouve aujourd’hui, une politique d’aménagement du territoire, une politique de décentralisation, une politique d’urbanisation et même une politique de surveillance de cette urbanisation. Il est nécessaire de coordonner toutes ces politiques. La décentralisation et l’aménagement des territoires sont des instruments permettant d’arriver à cet objectif. Si on ne définit pas l’objectif global ou le rôle de chacun de nos territoires, il sera difficile de définir non seulement une politique d’aménagement du territoire et de décentralisation, mais également de définir les moyens d’évaluation de ces politiques. Une définition claire des objectifs de développement est nécessaire pour aboutir à une vision de ce que peut apporter le territoire et du rôle qu’il doit jouer dans ce projet national de développement sur le foncier. La première mesure nécessaire est de faire une évaluation sur l’état actuel du foncier. Le territoire, mais aussi l’espace qui doit recevoir les politiques publiques doivent être maîtrisé. Il est important de savoir quelle serait l’affectation, la gestion et le potentiel des zones foncières dont nous disposons. Cette évaluation est nécessaire pour asseoir une quelconque action. Il faut connaitre le statut du foncier dans chacune des zones. C’est un travail à réaliser en amont de la mise en place de politiques ou de planification. Un des maillons faibles de l’action actuelle sur les territoires reste la faible visibilité du capital foncier à disposition. Cela rend difficile toute planification et politique d’urbanisation. Ainsi, il est nécessaire d’avoir une vision claire afin de se projeter. La maitrise du foncier à travers la cartographie et l’évaluation du potentiel foncier est une des priorités. Les priorités de réformes dans la gouvernance territoriale Le Sénégal a entamé une réforme importante sur cette politique, l’acte III de la décentralisation. La réforme a débuté en 2013. La première phase de cet acte III a été mise en œuvre mais doit aujourd’hui faire l’objet d’une évaluation, pour voir l’effectivité des différentes mesures prises et leur impact sur la politique de façon générale. L’acte III de la décentralisation a notamment initié la création d’une nouvelle échelle de collectivité territoriale : le département. Il serait intéressant de voir l’opérationnalité de cet ordre de collectivité territoriale.
La première mesure nécessaire est de faire une évaluation sur l’état actuel du foncier
Pour ce faire, les questions qu’on devrait se poser tournent autour de l’atteinte des objectifs visés, ainsi que les ajustements à apporter et si l’on doit passer à un autre niveau de collectivité territoriale. Il est urgent de faire cette évaluation de l’acte III de la décentralisation dans sa première phase, pour ensuite penser à la conception et à la mise en œuvre de la deuxième phase, afin de finaliser cette réforme. Tant que l’acte III de la décentralisation sera en phase de conception, on ne pourra avancer de manière claire et tranchée sur le développement des collectivités territoriales. Pourtant, c’est un maillon extrêmement important. Pour territorialiser efficacement les politiques publiques, un cadre est nécessaire, et ceci est défini par l’acte III de la décentralisation. Dans le but de disposer d’une politique claire de décentralisation, il va falloir clarifier certains éléments très rapidement, notamment les nouvelles compétences à transférer et le financement des collectivités. Les priorités dans le domaine de l’enseignement supérieur Une évaluation est nécessaire afin de prendre connaissance des défis auxquels nous sommes confrontés. Par exemple, aujourd’hui, l’enseignement supérieur est confronté aux problèmes de visibilité, notamment sur l’exécution des plans de travail pour chaque année. Une vision claire est nécessaire sur les actions en cours, les effectifs et les retards accumulés à la suite des différentes crises au sein des universités. Il faut estimer le gap à combler et à partir de là, on pourra planifier sur la mise en œuvre. Les perspectives d’enrichissement sont nombreuses. Un des axes majeurs est le développement de la recherche qui représente le maillon essentiel dans l’enseignement supérieur. De plus, il faut doter les universités de moyens leur permettant d’être autonomes par rapport aux financements des pays étrangers qui ne visent pas des objectifs nationaux. Il est important de mener un diagnostic, afin de voir qu’elles sont les besoins actuels du pays en matière de ressources humaines et apporter des réponses efficaces à ces besoins. L’université doit se départir de cette dépendance et cela passe par une responsabilisation de tous les acteurs. Ces derniers doivent réfléchir ensemble sur la contribution de l’université au projet de développement du pays. Ainsi, il sera possible de fixer des missions et des objectifs à atteindre. La prise en compte des droits des femmes et des filles Le premier plaidoyer nécessaire est que la prise en compte des droits de la femme ne soit pas cantonnée à une célébration d’une journée. Cette problématique doit être en permanence dans l’esprit des dirigeants. La femme est un acteur parmi d’autres. Elle est une composante à part entière de la société et un porteur de projet de développement. Néanmoins, il y a des spécificités à prendre en compte quand on parle de genre et de la femme. Ces spécificités doivent être incorporées dans les politiques publiques et leur exécution. Il faut faire du genre un élément transversal qui n’est pas juste cantonné à un mois ou à un ministère. Il faut élaborer un plaidoyer destiné aux décideurs, afin de les sensibiliser sur les problématiques qui affectent de nombreuses femmes. Il est important d’essayer de transgresser les différentes barrières notamment politiques et de se retrouver autour de défis communs. En résumé, les femmes doivent pouvoir dépasser certaines considérations pour se mettre ensemble et revendiquer de façon organisée des demandes qui pourront être audibles aux oreilles des dirigeants. Les priorités globales nationales pour assurer le bien-être des populations « La première priorité est la pacification. Aujourd’hui, les tensions sont nombreuses, notamment sociales, sécuritaires et politiques. Il faut aller vers un apaisement de cet environnement, afin qu’il puisse être rassurant pour le citoyen. Une élection ne devrait pas être une période de tension, mais plutôt une communion, une période où on rivalise à travers les ambitions pour le pays, et où il y a de l’espoir pour les citoyens.
Il y a des spécificités à prendre en compte quand on parle de genre et de la femme. Ces spécificités doivent être incorporées dans les politiques publiques et leur exécution. Il faut faire du genre un élément transversal qui n’est pas juste cantonné à un mois ou à un ministère
Un autre élément est la reddition des comptes. Il faut que chaque acteur, à tous les niveaux, puisse rendre des comptes. Cela permettra de faire une évaluation et de sanctionner positivement ou négativement. C’est essentiel pour repositionner le citoyen dans son rôle de contrôle de l’action publique. C’est un élément central pour permettre au citoyen de participer au-delà des élections à la gouvernance. La redevabilité est un complément du système de démocratie représentative. Il faut permettre aux citoyens de s’exprimer en dehors des élections ou des échéances politiques, afin qu’ils puissent exprimer leurs attentes par rapport à leurs dirigeants et les évaluer. »
