Auteur : Paul Adepoju
Site de publication : Nature Africa
Type de publication : Article
Date de publication : 28 mars 2022
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Selon un nouveau rapport publié dans The Lancet, l’incapacité du Nigéria à adopter des politiques permettant de résoudre les problèmes de santé évitables a entraîné une mauvaise prise en charge sanitaire de la population du pays. Le rapport note que le Nigeria peut également enregistrer des gains dans son secteur de la santé en améliorant, outre l’accès à des services de santé de qualité, l’assainissement et l’hygiène, l’accès à l’eau potable et la sécurité alimentaire. Il devra aussi s’attaquer aux menaces environnementales pour la santé, notamment la pollution atmosphérique. Le rapport note que le pays dépense plus que les autres pays d’Afrique de l’Ouest, alors même qu’il paie de sa poche, et pourtant l’espérance de vie dans ce pays, le plus peuplé d’Afrique et locomotive économique du continent, est inférieure à celle des pays voisins.
« L’espérance de vie plus faible du Nigeria s’explique en partie par le fait que le nombre de décès d’enfants âgés de cinq ans ou moins est plus élevé que dans n’importe quel autre pays du monde, y compris l’Inde et la Chine, pays plus peuplés, et les pays en proie à un conflit généralisé de longue durée, comme la Somalie », indique le rapport.
Alors que la population du pays augmente, le rapport note que le développement des infrastructures a été inadéquat au cours des 30 dernières années, ce qui a contribué à l’augmentation du nombre de décès dus à des accidents de la route et à des conflits liés à une distribution inéquitable des ressources.
L’investissement dans des politiques et des interventions de promotion de la santé ayant un bon rapport coût efficacité, notamment pour améliorer la nutrition des enfants, mais aussi pour réduire la pollution atmosphérique intérieure et extérieure, répondre aux besoins non satisfaits en matière de planification familiale et améliorer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, sont au cœur de l’approche visant à relever les défis sanitaires du Nigeria.
Selon l’équipe de recherche, des services de santé efficaces et de qualité, en médecine de la reproduction, de la santé maternelle et infantile, incluant le planning familial, ainsi que l’éducation et l’autonomisation des femmes, sont susceptibles d’accélérer la transition démographique et de produire un dividende démographique. Elle a toutefois énuméré les principaux obstacles à la bonne santé dans le pays, à savoir l’utilisation inefficace des ressources disponibles, le manque de données solides sur la santé et la mortalité au niveau de la population, le financement insuffisant de la santé et des soins de santé, le déploiement sous-optimal des fonds disponibles pour l’achat de services de santé et les grandes inégalités entre les populations.
Ibrahim Abubakar, l’auteur principal, de l’Institute for Global Health à l’University College London, a noté que la richesse du Nigeria n’est malheureusement pas synonyme de santé. « Nous avons entendu dire que nous vivons en moyenne jusqu’à un peu plus de 55 ans, que plus d’enfants de moins de cinq ans meurent dans ce pays que dans n’importe quel autre endroit du monde, et que trois pays seulement- le Tchad, la Sierra Leone et le Soudan du Sud, ont un taux de mortalité maternelle supérieur au nôtre », a-t-il déclaré. « Pour résoudre ce problème, nous devons nous concentrer sur les facteurs de risque qui sous-tendent l’apparition des maladies, notamment l’eau potable, l’assainissement, la nutrition et autres facteurs auxquels on peut s’attendre et qui exigent que la santé fasse partie de toutes les politiques et qu’elle ne se limite pas aux hôpitaux », a-t-il ajouté.
Plus d’enfants de moins de cinq ans meurent dans ce pays que dans n’importe quel autre endroit du monde
Yemi Osinbajo, vice-président du Nigéria, a déclaré : « Je pense que le rapport rend compte de ce qui doit motiver le gouvernement à se préoccuper davantage de la politique de santé et surtout à placer cette politique au centre du contrat social entre le citoyen nigérian et l’État. »