Site de publication : Banque africaine de développement
Date de publication : 2020
Type de publication : Article
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Performances macroéconomiques et perspectives
Après deux années de récession (2016, 2017), suite à la baisse des cours du pétrole qui a conduit à une crise d’endettement, le taux de croissance est redevenu positif, atteignant 2,4 % en 2018 et 2019, poussé par la bonne tenue des céréales (+1,2 % de croissance en 2019), du coton (+142 %), et du pétrole (+14 %, soit 146 000 barils/jour). Le taux d’inflation s’est établi à 3,0 % pour 2019, restant dans la limite de la norme CEMAC de 3 %.
L’assainissement des finances publiques dans le cadre d’un programme avec le FMI, avec le rééchelonnement en 2018 de la dette avec la société commerciale Glencore, assure un cadre favorable à la soutenabilité des dépenses publiques. Le solde budgétaire est redevenu positif en 2018 (1,9 % du PIB) et en 2019 (0,2 %), mais le niveau des arriérés intérieurs demeure élevé (10,1 % du PIB en 2018), ce qui constitue le principal obstacle à la reprise de l’activité économique.
Le recours au financement bancaire du déficit public a affaibli la viabilité des banques tchadiennes
Le recours au financement bancaire du déficit public a affaibli la viabilité des banques tchadiennes et a eu un effet d’éviction au détriment du financement du secteur privé. Quant au solde courant, il a enregistré un déficit de 6,7 % du PIB en 2019, contre 3,4 % en 2018. Le Tchad est classé au 186e rang sur 188 par l’Index de Développement humain avec un taux de pauvreté de 46,7 %. Le taux de chômage est de 5,8 %, celui des jeunes diplômés étant très élevé, passant de 42 % en 2015 à 60 % en 2017 par suite de la récession économique.
Facteurs favorables et défavorables
Les perspectives sont bonnes avec un taux de croissance du PIB de 5,5 % projeté pour 2020 et 4,9 % pour 2021. Pays membre de la CEMAC, le Tchad est partie prenante de la stratégie régionale lancée en 2017 pour remédier aux déséquilibres budgétaires et extérieurs de tous les pays de la zone. Avec un potentiel agricole important en termes de terres cultivables et d’élevage, l’agriculture représente près de 35 % du PIB et emploie entre 75 % et 80 % de la population.
En août 2018, le gouvernement a adopté un Projet de loi d’orientation agricole en appui au développement des chaînes de valeur. Il a fait appel aux investisseurs étrangers, notamment le Groupe OLAM pour relancer le secteur coton et engager des initiatives pour promouvoir l’exportation de bétail et de viande.
Avec une forte dépendance vis-à-vis du pétrole, le pays doit diversifier son économie en valorisant ses ressources agricoles
Le pays contribue aux infrastructures régionales (routes, interconnexion électrique, préservation du bassin du Lac Tchad, fibre dorsale, route transsaharienne Algérie – Niger – Nigéria – Tchad). Les éléments ci-après présentent un risque aux perspectives du pays :
- Une forte dépendance au pétrole (79 % des recettes d’exportations et 37 % des recettes budgétaires en 2019) et un environnement des affaires peu favorable ;
- Une pauvreté endémique, un important chômage des jeunes (60 % des diplômés de l’enseignement supérieur sont au chômage) et une forte pression démographique (taux de croissance de 3,53 % par an et un taux de fécondité de 6,4 enfants par femme) ;
- Une exposition aux effets du changement climatique ; et
- Un climat politique instable et problèmes sécuritaires.
En 2018, le Tchad était classé au 51e rang sur 54 pays dans l’Indice de développement des infrastructures en Afrique. Avec une forte dépendance vis-à-vis du pétrole, le pays doit diversifier son économie en valorisant ses ressources agricoles. Le pays connait un important déficit en capital humain et en compétences dans presque dans tous les secteurs clés de l’économie, ce qui s’explique en partie par la propension des Tchadiens à suivre des formations non techniques (moins de 2 % de bacheliers sont inscrits dans les filières scientifiques). Dans de nombreux domaines, le Tchad fait donc appel à la main d’oeuvre étrangère, notamment camerounaise.
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