Auteur : Groupe de la Banque africaine de développement
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2018
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Petit pays ouvert et tributaire de l’agriculture de subsistance et du tourisme, la Gambie est très vulnérable aux changements climatiques et aux chocs exogènes. La croissance économique dans le pays est induite essentiellement par le secteur agricole (22,5 % du PIB en 2015) et le secteur tertiaire, notamment le tourisme. Ils sont tous deux vulnérables aux chocs exogènes, tel que reflété par la performance récente de la croissance. Ces deux secteurs sont vulnérables aux chocs exogènes ; en témoigne l’évolution récente de la croissance. En effet, bien que le taux de croissance ait rebondi en 2012 et 2013 (6,1 % et 5 %, respectivement), après la contraction du PIB consécutive à la sécheresse de 2011 (-4,3 %), la Gambie a durement ressenti l’impact négatif du double choc du retard des pluies et de la menace de l’épidémie d’Ébola en Afrique de l’Ouest, tombant à -0,2 % en 2014. Le taux de croissance a rebondi à 4,4 % en 2015, avant de chuter à 2,1 % en 2016, en raison des dérapages de politiques et des incertitudes créées par les élections.
« Petit pays ouvert et tributaire de l’agriculture de subsistance et du tourisme »
Suite à la détérioration de la situation financière et macroéconomique, le pays a connu récemment d’importants déficits des comptes budgétaire et courant, imputables aux dérapages de politiques chroniques qui ont marqué ces dernières années et aux difficultés financières des entreprises publiques. Les dérapages de politiques, la non maîtrise des dépenses et l’accroissement de la masse salariale ont eu un impact important et négatif sur la position budgétaire du pays ces dernières années, tout en contribuant à l’accumulation de la dette. Les niveaux plus élevés que prévu des dépenses ont creusé le déficit budgétaire global, dont le taux est passé de 1,7 % du PIB en 2008 à un niveau record de 10 % en 2014, avant de retomber à 7,3 % en 2016. L’enveloppe totale des dépenses a atteint 31 % du PIB en 2016, suite à la hausse des niveaux des paiements d’intérêt et des dépenses d’investissement.
« Le passif conjoncturel des entreprises étatiques […] et la mauvaise situation financière de ces entreprises ont contribué à creuser davantage le déficit budgétaire »
Le déficit budgétaire a été financé essentiellement par des emprunts intérieurs, en raison des difficultés liées à la mobilisation de ressources externes. Par ailleurs, le passif conjoncturel des entreprises étatiques (qui avait atteint 5 % du PIB en 2014) et la mauvaise situation financière de ces entreprises ont contribué à creuser davantage le déficit budgétaire. La conjugaison de tous ces facteurs s’est traduite par de fortes augmentations du taux d’intérêt des bons du Trésor à un an, qui s’est établi à 17 % en décembre 2016, contre un niveau record de 21,9 % en 2015. Depuis le début de 2017, les nouvelles autorités s’efforcent de maîtriser les dépenses et les emprunts. Les emprunts intérieurs nets (EIN) ont diminué, passant d’un niveau de 11,5 % du PIB en décembre 2016 à 1 % du PIB en avril 2017. Par ailleurs le taux d’intérêt des bons du Trésor a chuté, passant de 22 % en juillet 2016 à 13,1 % en avril 2017. Le taux d’inflation a atteint 8,3 % à fin 2016, contre 6,8 % à fin 2015 – ce qui est nettement supérieur à la cible de 5 % définie par la Banque centrale de Gambie (CBG) – suite à l’envolée des cours des denrées alimentaires et à la dépréciation du dalasi par rapport au dollar américain depuis novembre 2016.
« Plus de 62,4 % de la dette intérieure est constitué de bons du Trésor ayant des échéances inférieures à une année »
L’augmentation vertigineuse de la dette publique exerce des pressions sur le secteur bancaire national. Il ressort de l’Analyse de soutenabilité de la dette 2017 du Fonds monétaire international (FMI) que le risque de surendettement extérieur a crû, passant de modéré à élevé. Le pays est confronté à une accumulation complexe de la dette. L’encours total de la dette publique a crû, passant de 83,3 % du PIB en 2013 à 120 % du PIB en 2016. La dette publique extérieure, qui est essentiellement concessionnelle, est estimée à 52,4 % du PIB. Cependant, l’encours de la dette intérieure est passé de 37,1 % du PIB en 2013 à 67,9 % en 2016. Plus de 62,4 % de la dette intérieure est constitué de bons du Trésor ayant des échéances inférieures à une année. Le service de la dette a absorbé plus de 52,27 % des recettes publiques en 2016. La part intérieure du service total de la dette a crû, passant de 63,3 % en 2015 à 78 % en 2016.
« L’alimentation en électricité peu fiable constitue un obstacle spécifique au développement industriel »
L’environnement des affaires se caractérise par une multiplicité de difficultés pour attirer les investisseurs. Selon le rapport Doing Business du GBM, les entrepreneurs gambiens éprouvent des difficultés à créer et gérer des entreprises, en dépit de l’amélioration relative du classement du pays, qui est passé du 150e rang en 2016 au 145e en 2017. Les procédures fastidieuses d’obtention de licences, les complexités administratives et les coûts d’enregistrement prohibitifs sont les principaux obstacles qui caractérisent l’environnement des affaires. Les taux d’imposition élevés et l’inefficacité de l’administration fiscale constituent également un frein à la pratique des affaires.
L’alimentation en électricité peu fiable constitue un obstacle spécifique au développement industriel et à la compétitivité nationale. Par ailleurs, en dépit des réformes juridiques entreprises, le marché financier local demeure peu développé. L’insuffisance des produits financiers et l’accès limité au financement imposent une difficulté majeure aux entreprises. Les nouvelles autorités sont résolues à encourager l’investissement national et attirer l’investissement direct étranger.
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