Auteur : Amnesty International
Type de publication : Article
Date de publication : Mai 2019
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Lors d’un entretien avec le président Adama Barrow qui a eu lieu le 2 mai à Banjul, la capitale, des délégué·e·s d’Amnesty International ont souligné les progrès considérables accomplis depuis son investiture, il y a deux ans, tout en attirant son attention sur les graves violations des droits humains auxquelles il faut s’attaquer de toute urgence en Gambie. Le président a admis qu’il restait beaucoup à faire pour améliorer le respect des droits humains en Gambie et a reconnu les difficultés que son pays rencontrait en cette période qu’il a qualifiée de « transition ».
Au sujet de la Commission vérité, réconciliation et réparation (TRRC), qui a débuté ses auditions le 7 janvier 2019, le président a indiqué à Amnesty International que le gouvernement examinerait les recommandations formulées à l’issue de l’enquête, engagerait des poursuites à l’encontre des personnes soupçonnées d’avoir commis de graves atteintes aux droits humains sous le régime de l’ancien président Yahya Jammeh et veillerait à ce que ces personnes soient traduites en justice. Il a ajouté qu’il était déterminé à abolir la peine de mort, au titre de l’héritage qu’il souhaitait laisser à son pays.
Les forces de sécurité continuent d’avoir recours à une force excessive pour disperser des manifestations pacifiques
« Les forces de sécurité continuent d’avoir recours à une force excessive pour disperser des manifestations pacifiques. Les conditions carcérales sont déplorables et des éléments crédibles indiquent que des adolescents, dont certains n’ont que 15 ans, sont détenus avec des adultes et sans jugement. Des arrestations et des détentions arbitraires ont encore lieu. Si la Gambie entend remédier aux graves problèmes de droits humains qu’elle connaît depuis de nombreuses années, elle doit accélérer ses réformes et modifier les lois qui restreignent les libertés d’expression et de réunion. »
L’unité anti-criminalité de la police, créée en avril 2018, a été accusée d’avoir arrêté et placé en détention des personnes arbitrairement.
En juin 2018, de terribles événements se sont déroulés : des policiers ont ouvert le feu sur des manifestant·e·s pacifiques dans le village de Faraba, à 40 kilomètres de Banjul, faisant trois morts et de nombreux blessés. Une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur ces événements meurtriers a recommandé que les auteurs présumés soient traduits en justice, mais ceux-ci ont obtenu une grâce présidentielle.
Des cas de violations du droit à la liberté d’expression ont été enregistrés depuis l’élection d’Adama Barrow, en janvier 2017. Occupy Westfield en est un exemple. Ce groupe formé pour faire campagne contre les nombreuses coupures d’électricité et pénuries d’eau dans le pays est privé du droit de manifester.
Lors de l’entretien avec le président, Amnesty International a recommandé que la Gambie abroge les textes juridiques qui restreignent les droits aux libertés d’expression, de réunion pacifique et d’association. En effet, la Loi relative à l’ordre public punit l’organisation de défilés sans autorisation, et les rassemblements illégaux figurent parmi les infractions inscrites dans le Code pénal.
Les autorités ont évoqué publiquement l’idée d’abolir la peine de mort dans la future Constitution et ont même ratifié le Deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, visant à abolir la peine de mort. Cependant, ces décisions importantes sont sérieusement discréditées par le fait qu’au moins trois personnes ont été condamnées à mort en 2018.
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