Auteur : Kundan Pandey (traduit de l’anglais par Claire Duval)
Organisation affiliée : Centre for Science and Environment
Site de publication : ritimo.org
Type de publication : Article
Date de publication : 25 avril 2017
Le drame de l’assèchement du lac Tchad est méconnu, pourtant il menace directement la survie de millions de personnes. Ainsi, la dégradation écologique dans le bassin du Tchad a déclenché la dernière crise humanitaire d’Afrique.
Alors que presque toutes les discussions semblent tourner autour de la crise immédiate, l’urgence humanitaire qui se déroule dans le bassin est en marche depuis des décennies. “le récent conflit civil armé et ses conséquences sécuritaires ne font qu’exacerber de manière significative les problèmes de nutrition et d’alimentation régionaux préexistants”, déclare un rapport du Programme mondial de l’alimentation (PAM) publié en 2016.
Une crise prolongée
La crise humanitaire a ses racines dans le rétrécissement du lac Tchad et la désertification des alentours. Au cours des 50 dernières années, il a diminué de plus de 90 pour cent. Ce qui reste aujourd’hui n’est plus qu’une mosaïque d’étangs et de flaques d’eau, s’étendant sur 1 500 km2.
Au fur et à mesure que les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs migrent avec leurs familles vers le lac à la recherche de terres arables et de moyens de subsistance, cela entraîne des conflits sociaux
Bien que le lac ait disparu à plusieurs reprises dans le passé, la tendance a été gravement exacerbée par la construction de barrages en amont du bassin versant, sans tenir compte de son impact sur les populations et les écosystèmes en aval, selon le rapport Global Global Waters Assessment (GIWA) publié en 2006 par le Programme des Nations Unies pour l’environnement.
Les moyens de subsistance en prennent un coup
Le recul de la ligne du rivage du lac a gravement affecté les personnes vivant dans son bassin, transformant les gardiens de l’un des systèmes agricoles patrimoniaux mondialement importants, reconnus par la FAO, en des réfugiés alimentaires.
Les agriculteurs, qui constituent 60 pour cent de la population du bassin, sont maintenant accablés par de faibles récoltes, selon une autre étude menée par les chercheurs de Leeds, publiée dans Ambio en novembre 2016. Par exemple, le rendement en sorgho est passé de 3, 28 millions de tonnes à la fin des années 1960 à environ 1, 8 million de tonnes après 2010.
Les pêcheries ont également souffert de cette combinaison constituée de barrages en amont, rétrécissements du lac, sécheresse et surpêche. Solomon I Ovie, un responsable de l’Institut national pour la recherche sur les pêches en eau douce du Nigéria, affirme que les pêcheries du lac Tchad sont parmi les pêches continentales les plus importantes et les plus productives en Afrique.
La réduction des pâturages due à la pénurie d’eau et la moindre culture des terres a affecté la production et l’exportation du bétail, qui était la troisième source de revenus pour les ménages dans le bassin avant les années 1970. Les pâturages réduits dans le bassin, suite aux sécheresses des années 1970, ont contraint les éleveurs à passer du bétail et du chameau à des animaux brouteurs, comme la chèvre et le mouton, ce qui a encore affecté la végétation de la région.
Les gouvernements peuvent également tirer des leçons des connaissances traditionnelles détenues par les habitants du bassin du Tchad plutôt que de prolonger la réponse d’urgence à une crise prolongée
Au fur et à mesure que les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs migrent avec leurs familles vers le lac à la recherche de terres arables et de moyens de subsistance, cela entraîne des conflits sociaux.
Et les conflits deviennent un mode de vie
En 1983, le Tchad a engagé de violents conflits avec le Nigéria sur la propriété des îles dans le lac. Dans les années 1980, le Nigéria et le Niger se sont affrontés sur la dérivation d’eau du bassin de la rivière Komadugu-Yobe. Depuis 2005, la concurrence interethnique et les conflits liés à l’utilisation des ressources du lac ont créé des problèmes de sécurité autour de son bassin du sud.
Selon les agences de l’ONU, avec les conflits croissants entre la milice gouvernementale et Boko Haram, au moins 2,4 millions de personnes, dont 1,5 million d’enfants, ont fui leurs maisons depuis la fin de 2015. Ceux qui sont restés ne vont pas mieux et tentent de survivre à partir d’un lac qui se trouve à la limite de la disparition.
Les gouvernements peuvent également tirer des leçons des connaissances traditionnelles détenues par les habitants du bassin du Tchad plutôt que de prolonger la réponse d’urgence à une crise prolongée.
Les communautés qui dépendaient du lac pour la pêche, l’agriculture et d’autres activités économiques sont maintenant laissées avec peu d’emplois et migrent vers des régions hospitalières.
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