Auteur : Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement, Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK), GIZ, KFW
Site de publication : agrica.de
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2021
Lien vers le document original
Contexte
Les produits minéraux (minerais de fer et de cuivre par ex.), les crustacés et les poissons surgelés sont les principaux produits d’exportation mauritaniens, les fruits et le malt étant les principales exportations agricoles En 2018, plus de 90 % des fruits étaient exportés vers la France, et le malt était exporté exclusivement vers le Mozambique. Plus de 50 % de la population mauritanienne est employée dans le secteur agricole, dont elle dépend fortement pour assurer sa sécurité alimentaire et ses moyens de subsistance. La production agricole en Mauritanie est essentiellement vivrière et pluviale. Les cultures de base dominantes sont les céréales, surtout le sorgho, ainsi que le riz, le maïs, le niébé et le millet. En 2004, moins de 0,1 % des terres cultivées du pays étaient irriguées.
Ainsi, les petit·e·s exploitant·e·s sont particulièrement touché·e·s par les impacts de la variabilité climatique qui réduit leurs sources d’alimentation et accroît le risque de famine et de pauvreté. La faible capacité d’adaptation du secteur agricole souligne la vulnérabilité du pays au changement climatique.
Topographie et environnement
La Mauritanie peut être divisée en trois grandes zones agro-écologiques (ZAE ) : désertique, aride / sahélienne et semi-aride / savane soudanienne. Dans son ensemble, la Mauritanie a des ressources en eau douce très limitées, à l’exception du fleuve Sénégal, qui coule le long de la
frontière avec le Sénégal. Son flux pérenne assure à des millions de personnes de l’eau douce, des terres cultivables, des pâturages et du poisson en Mauritanie, au Sénégal et au Mali. Des événements climatiques extrêmes comme les fortes précipitations et les sécheresses graves devraient s’intensifier dans le contexte du changement climatique, ce qui souligne la nécessité pour le pays de se doter de stratégies d’adaptation afin de protéger la biodiversité et de préserver les écosystèmes fragiles et leurs services.
Évaluation des risques du changement climatique par secteur
Ressources en eau
Si l’on tient compte de la croissance démographique telle qu’elle est estimée dans les projections SSP2, la disponibilité de l’eau par habitant·e en Mauritanie devrait baisser de 71 % en vertu du RCP2.6 et de 77 % en vertu du RCP6.0 d’ici à 2080 par rapport à l’année 2000.
Le pays a été frappé par des sécheresses répétées dans les années 1970 et 1980 alors que les précipitations déclinaient. Cette baisse des précipitations a entraîné une réduction massive des ressources en eau et de la végétation, aggravant la dégradation des terres et la désertification qui ont provoqué à leur tour la perte de terres cultivables et la réduction de la production agricole, ainsi que la perte des pâturages et l’épuisement du bétail. Dans l’ensemble, les ressources en eau douce de la Mauritanie sont distribuées de manière inégale, concentrées le long de la frontière sud, laissant la population croissante du pays en manque d’eau et en situation de rivalité par rapport à cette ressource limitée.
Agriculture
Comme les cultures sont principalement pluviales, les rendements dépendent beaucoup de la disponibilité en eau de pluie, et elles sont sujettes à la sécheresse. La principale culture irriguée est le riz, outre le maïs, le sorgho et les légumes. Au centre et au nord de la Mauritanie en particulier, les sols sont sableux et pauvres en nutriments, ce qui complique l’irrigation et la production agricole. La médiane de tous les modèles utilisés pour cette analyse indique que la superficie de terres cultivables exposée à au moins une sécheresse par an augmentera de 6 % en 2000 à 10 % en 2080 en vertu du RCP6.0 et baissera à 5 % en vertu du RCP2.6. Cela signifie que certains modèles multiplient par deux le risque d’exposition à la sécheresse sur cette période, tandis que d’autres ne prévoient aucun changement. De manière générale, des stratégies d’adaptation, telles que l’utilisation de variétés améliorées pour les cultures sensibles au changement climatique, doivent être envisagées mais soigneusement évaluées au regard de leurs répercussions néfastes, par exemple le déclin de l’agro-biodiversité ou la perte de certaines cultures locales.
Infrastructure
La hausse des précipitations peut entraîner l’inondation de routes, tandis que la hausse des
températures peut provoquer des fissures et des dégradations plus rapides sur les routes, les ponts et les structures de protection. Cela nécessitera des réparations précoces et entraînera des frais d’entretien et de réparations plus élevés. Tandis que certaines routes deviennent impraticables durant la saison des pluies, isolant les villages et les communautés rurales, d’autres sont assombries par la dérive du sable durant la saison sèche. Il faudra donc investir dans des réseaux routiers résistants au climat et sûrs.Face à la forte augmentation de l’exposition du PIB aux vagues de chaleur d’environ 6 % en 2000 à 25 % (RCP2.6) et 35 % (RCP6.0) d’ici à 2080, il est recommandé aux planificateurs des politiques publiques de commencer à identifier les activités et les sites de production économique sensibles à la chaleur et à intégrer des stratégies d’adaptation au changement climatique, par exemple, des systèmes de refroidissement solaires améliorés, des matériaux d’isolation « toit froid » ou le passage au travail de nuit.
Ecosystèmes
Avec la hausse des températures et l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses, les zones humides et les réseaux fluviaux risquent de plus en plus d’être modifiés en d’autres écosystèmes, avec de nouvelles populations végétales et une perte d’habitat pour la
faune. La hausse des températures et la recrudescence des épisodes de sécheresse pourraient également influencer le renouvellement des systèmes forestiers tout en augmentant le risque d’implantation d’espèces invasives, le tout au détriment des écosystèmes. Outre ces facteurs climatiques, la faible productivité agricole et la croissance démographique risquent de motiver
l’expansion agricole qui se traduira par l’augmentation de la déforestation, de la dégradation des terres et des incendies de forêts, qui auront des impacts sur la biodiversité animale et végétale. Au cours des dernières années, la végétation de la Mauritanie a subi de nombreuses perturbations dues à la pression démographique et à la hausse de la demande en pâturages, en bois de feu et en terres agricoles, qui ont mené à des taux importants de déforestation. Le pays a perdu 86 000 ha de couvert forestier de 2001 à 2016, ce qui correspond à une baisse de 28 %.
Santé humaine
Le changement climatique pourrait avoir des répercussions sur l’approvisionnement en nourriture et en eau, qui pourrait accroître le risque de malnutrition, de famine et des décès qui y sont liés. Le changement climatique devrait avoir un impact sur les périodes de transmission du paludisme et la portée géographique des maladies à vecteur : en Mauritanie, le risque de paludisme devrait décliner en raison de la hausse des températures. La malnutrition chronique est généralement élevée (19,6 %) et pourrait augmenter à cause des conséquences liées à la pandémie de COVID-19. D’après l’OMS, plus de 900 000 personnes ont été confrontées à l’insécurité alimentaire en juin 2020, ce qui représente une hausse de 48 % en six mois.