Organisation affiliée : OCDE
Site de publication : oecd-ilibrary.org
Type de publication : Etude
Date de publication : 3 Juin 2021
Principaux défis liés à la sécurité hydrique dans les villes africaines : état des lieux
L’OCDE définit la sécurité hydrique comme la gestion de quatre risques liés à l’eau : risque de pénurie et de rareté, risque de qualité insuffisante, risque d’excès, risque d’accès inadéquat à l’approvisionnement en eau potable et à l’assainissement.
L’OCDE prévoit que d’ici 2050, 40% de la population mondiale vivra dans des bassins fluviaux soumis à un stress hydrique, et que la demande en eau augmentera de 55%.
La sécurité hydrique est déjà un défi majeur pour les pays et les villes d’Afrique en raison de la demande accrue en eau liée à la croissance démographique, à l’urbanisation et aux impacts du changement climatique.
Abondance d’eau et inondations
Au cours des quinze dernières années seulement, les inondations et les glissements de terrain ont affecté 38 millions de personnes en Afrique et causé des dommages estimés à plus de 4 milliards USD, principalement en Afrique de l’Est et de l’Ouest.
Les risques d’inondations dans les villes africaines sont largement exacerbés par l’urbanisation rapide, la croissance urbaine incontrôlée et les zones d’habitats informels non réglementés dans les zones de plaine inondable de basse altitude.
L’urbanisation, qui amplifie l’imperméabilisation des sols dans l’environnement bâti, empêche les précipitations de s’infiltrer dans le sol, augmentant le taux et le volume de ruissellement lors d’événements pluvieux.
Accès insuffisant à l’eau et à l’assainissement
Les évolutions à la baisse de l’accès à l’eau gérée en toute sécurité soulignent les difficultés auxquelles les villes sont confrontées pour étendre les infrastructures hydriques dans un contexte de croissance de la population urbaine et d’urbanisation non planifiée.
Les moyennes nationales masquent également de grandes disparités à l’échelle nationale, à l’intérieur et entre les villes, et entre les zones rurales et urbaines, selon l’endroit où les infrastructures et les services publics sont concentrés.
L’OCDE prévoit que d’ici 2050, 40% de la population mondiale vivra dans des bassins fluviaux soumis à un stress hydrique, et que la demande en eau augmentera de 55%
La croissance démographique et l’urbanisation rapide en périphérie des villes, entre autres, submergent déjà les infrastructures urbaines existantes et remettent en question la capacité des institutions à répondre à la demande en eau.
Dans une grande majorité des villes africaines, en plus des services publics formels donnant accès à l’eau, il existe plusieurs vendeurs d’eau informels. Ils ont tendance à combler les lacunes laissées par une couverture d’eau courante incomplète ou inadéquate. À Accra (Ghana), environ 80% des habitants ont accès à l’eau potable : la moitié via l’eau courante dans les locaux, et l’autre via des vendeurs privés.
Pollution de l’eau
L’eau contaminée est un problème majeur en Afrique puisque chaque heure, environ 115 personnes meurent de maladies liées à une mauvaise hygiène, un mauvais assainissement ou une eau contaminée. Dans les zones urbaines d’Afrique subsaharienne, seulement 20% de la population a accès à un assainissement géré en toute sécurité et 25% à un assainissement de base (WHO/UNICEF, 2019).
Les problèmes de pollution émergents sont susceptibles d’augmenter considérablement les besoins et les coûts de la gestion des eaux usées, en particulier en milieu urbain. Il s’agit notamment de l’amélioration des systèmes d’assainissement individuels et autres, des égouts unitaires et des risques de débordements, des contaminants émergents (comme les microplastiques) ou de la gestion des boues.
Pénurie d’eau et sécheresse
Environ les deux tiers du territoire africain sont arides ou semi-arides et plus d’un tiers de la population d’Afrique subsaharienne vit dans un environnement pauvre en eau, avec moins de 1 000 m3 par habitant et par an.
L’évapotranspiration associée à la hausse des températures est susceptible d’augmenter la fréquence des sécheresses, car elle peut annuler l’effet des augmentations prévues des précipitations dans certaines régions du continent.
Principales mégatendances affectant les villes africaines
Dans les villes et les pays africains, certaines mégatendances affectent considérablement la sécurité hydrique. C’est le cas du changement climatique, de l’urbanisation et de la croissance démographique.
Les risques d’inondations dans les villes africaines sont largement exacerbés par l’urbanisation rapide, la croissance urbaine incontrôlée et les zones d’habitats informels non réglementés dans les zones de plaine inondable de basse altitude
Selon le GIEC, l’Afrique est l’un des continents les plus vulnérables au changement climatique, avec une forte incidence sur la sécurité hydrique.
La pression sur un approvisionnement en eau déjà limité devrait augmenter fortement en raison des changements dans les cycles de l’eau causés par des précipitations irrégulières et avoir un impact négatif sur la production de cultures annuelles et pérennes. Cela entraînera des chocs de production qui aggraveront l’insécurité alimentaire.
Les données d’Africapolis mettent en évidence le rythme effarant du processus d’urbanisation en cours en Afrique. 50% de la population africaine vit dans l’une des 7 617 agglomérations urbaines du continent. Dans neuf pays, le niveau d’urbanisation est supérieur à 66%, et 30 autres pays ont un niveau intermédiaire d’urbanisation entre 33% et 65%.
Cette croissance de la population urbaine en Afrique est principalement absorbée par l’expansion vers l’extérieur des zones métropolitaines et des villes secondaires. En tant que telles, les villes africaines sont très étendues, ce qui exacerbe la concentration spatiale des problèmes économiques, environnementaux et sociaux, et a des implications importantes pour l’offre et la demande en eau.
Si l’on se concentre uniquement sur l’Afrique subsaharienne, la population urbaine devrait plus que tripler, passant de 346 millions à 1,1 milliard d’ici 2050.
COVID-19 et sécurité hydrique dans les villes africaines
Le COVID-19 a mis en exergue les défis pressants liés à l’eau, soulignant et creusant entre autres les inégalités existantes dans l’accès aux services d’eau et d’assainissement. Les niveaux actuels de lavage des mains avec du savon sont généralement faibles sur le continent africain.
Alors que les zones rurales sont généralement moins bien équipées que les zones urbaines en termes d’installations de lavage des mains, les populations urbaines sont particulièrement exposées au risque de contamination par le COVID-19 compte tenu de la densité de population plus élevée et du grand nombre de lieux favorisant les contacts humains tels que les marchés ou les transports en commun.
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