Auteur : Louis Caudron
Organisation affiliée : Fondation Robert Schuman
Site de publication : Fondation Robert Schuman
Type de publication : Article
Date de publication : 1er mars 2021
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L’Europe, championne du monde de l’aide publique au développement
L’Union et ses États membres sont le premier donateur mondial de l’aide publique au développement. Leur contribution de 74,4 milliards € en 2018 représente plus de la moitié de l’Aide publique au développement des pays de l’OCDE (150 milliards $ en 2018).
La politique d’aide au développement n’a pas sorti l’Afrique du sous-développement
Souvent présentée comme une politique généreuse vis-à-vis des pays en développement, la politique d’aide publique au développement européenne n’a pas montré son efficacité. En 2018, l’Afrique est le continent où le PIB par habitant est en moyenne le plus bas. Sur les quarante-trois pays d’Afrique pour lesquels on a des statistiques assez fiables, vingt-trois pays ont eu en 2018 un PIB par habitant inférieur à 1500 $ et sont dans l’extrême pauvreté.
Quelles leçons tirer de l’aide de l’Europe au développement en Afrique ?
Il faut d’ailleurs relativiser l’importance de l’aide étrangère, car le montant de l’aide publique au développement est inférieur au montant des envois d’argent faits par les Africains de la diaspora et au montant des Investissements directs étrangers (IDE).
Si la politique de développement menée par le pays bénéficiaire ne répond pas aux besoins de sa population, lui attribuer de l’aide ne sert au mieux qu’à alimenter un puits sans fond, au pire à contribuer à la corruption.
Première priorité : l’agriculture
La première priorité de la politique économique des pays africains et de l’aide publique au développement doit concerner l’agriculture. Même s’il ne représente que 14% du PIB, le secteur agricole emploie la moitié de la population en Afrique subsaharienne et, dans les pays du Sahel, plus des trois-quarts. Pourtant, cela n’a pas été la priorité de l’aide publique au développement qui privilégie la santé, le social ou les biens publics comme l’environnement.
L’Union européenne devrait attribuer au moins la moitié de son aide aux pays africains qui s’engagent dans une réelle politique de développement agricole. Il faut aussi que soit menée une politique éducative favorable à l’agriculture.
Dans beaucoup de pays africains, le métier de paysan a été méprisé et le système scolaire a poussé les jeunes vers les métiers non agricoles, notamment de fonctionnaires.
L’Union européenne devrait attribuer au moins la moitié de son aide aux pays africains qui s’engagent dans une réelle politique de développement agricole. Il faut aussi que soit menée une politique éducative favorable à l’agriculture
Les agriculteurs et éleveurs africains se comporteront en entrepreneurs et produiront beaucoup plus s’ils sont assurés de garder leurs terres suffisamment longtemps et de vendre leur production à un prix rémunérateur. Aux gouvernements africains et à l’aide publique au développement de leur créer un environnement favorable en matière de conseil, d’approvisionnement, d’équipements collectifs, de stockage, de transport, etc.
Deuxième grande priorité : l’éducation
En Afrique, il y a beaucoup d’efforts à faire pour améliorer le système éducatif. En Afrique subsaharienne, un enfant sur cinq ne va pas à l’école.
Sans une amélioration de la formation des hommes et des femmes, le développement de l’Afrique ne sera pas assez rapide pour répondre aux besoins de la population. L’Europe et les autres donateurs devraient concentrer une bonne partie de leur aide au secteur de l’éducation.
Inclure des dépenses militaires
Il ne peut y avoir de développement sans sécurité. Les budgets des États africains ne leur permettent pas de développer des capacités militaires suffisantes pour maîtriser des groupes armés, qui savent utiliser le terrain et les rivalités ethniques et religieuses.
L’aide au PMA dits « fragiles », voire « faillis »
Dans les pays où l’Etat a quasiment disparu, les habitants sont en grande difficulté, mais il n’est pas souhaitable de faire passer l’aide publique au développement par les canaux officiels, tant les risques de détournement sont importants. Les prix Nobel Esther Duflo et Abhijit Vinayak Banerjee proposent un moyen d’aider directement les habitants en utilisant les téléphones portables, très répandus en Afrique, même en zone rurale, pour distribuer directement de l’argent aux habitants.
L’aide à l’industrialisation, à la recherche et à la coopération décentralisée
L’un des principaux freins à l’investissement des entreprises en Afrique est l’insécurité juridique. L’aide européenne pourrait servir à la mise en place d’incitations ou de dispositifs de garantie, du type capital-risque, adaptés à chaque pays africain pour faciliter les investissements des entreprises européennes en Afrique.
Sans une amélioration de la formation des hommes et des femmes, le développement de l’Afrique ne sera pas assez rapide pour répondre aux besoins de la population. L’Europe et les autres donateurs devraient concentrer une bonne partie de leur aide au secteur de l’éducation
Dans la plupart des pays africains, les chercheurs manquent de moyens alors que le développement de leurs recherches serait intéressant pour les scientifiques du monde entier. C’est particulièrement vrai dans le domaine de la recherche agricole, car le changement climatique et les risques de fatigue des sols obligent à trouver de nouvelles méthodes de culture qui maintiennent la fertilité des sols.
Nombre de collectivités locales européennes se sont engagées dans des actions internationales de coopération et de partenariat avec des collectivités locales africaines. Les gestionnaires de l’aide publique au développement doivent faire confiance aux collectivités locales européennes et subventionner à 50% leurs projets de coopération décentralisée avec les collectivités locales africaines.
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