Auteur (s): Banque mondiale (BM)
Type de publication : Rapport
Date de publication : 2015
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Agenda du climat et du développement en Afrique
Le climat est impliqué dans la plupart des chocs qui maintiennent les ménages africains dans la pauvreté ou les y font basculer. Il s’agit entre autres de catastrophes naturelles (pertes d’actifs ou invalidité après des inondations), de chocs sanitaires (dépenses de santé, pertes de revenus du travail à la suite d’un épisode de paludisme, etc.), de pertes de récoltes (en raison de périodes de sécheresse ou de maladies des cultures) et de flambées des prix des denrées alimentaires. Le problème est particulièrement flagrant en Afrique subsaharienne où les chocs climatiques sécheresse, inondations ou ondes de tempêtes ravagent d’ores et déjà le continent, acculant les populations à la misère ou entravant leurs efforts pour en sortir.
La majeure partie de la production agricole africaine est tributaire de la variabilité des précipitations compte tenu du caractère très limité des infrastructures d’irrigation du continent.
À l’avenir, les facteurs climatiques pèseront encore davantage sur les efforts de réduction de la pauvreté, et ce pour trois raisons. Premièrement, un certain degré de réchauffement de la planète avec les changements climatiques associés sont pratiquement inévitables.
Deuxièmement, compte tenu de l’écart persistant entre les promesses mondiales d’atténuation climatique et les efforts de réduction nécessaires pour contrôler le changement climatique, il existe un risque considérable que le réchauffement avoisine, voire excède, 3 °C au-dessus de la température de l’ère préindustrielle.
Troisièmement, que le réchauffement soit contenu en dessous de 2 degrés ou qu’il dépasse ce seuil, l’Afrique sera confrontée à de grandes incertitudes sur les régimes météorologiques et les cycles hydrologiques locaux.
Sélection des domaines prioritaires pour le renforcement de la résilience
Un moyen d’établir des priorités consiste à considérer les effets des facteurs de perturbation climatique sur les différentes formes de capitaux qui soutiennent le fonctionnement des systèmes sociaux et économiques. Le capital naturel (terres, forêts, paysages, ressources en eau et pêche) est une source directe de revenu et d’emploi pour une grande partie de la population africaine. Le changement climatique affecte la capacité du capital naturel à offrir sa vaste gamme de services, dont certains sont vitaux (notamment les aliments, le fourrage, le bois, la régulation des cycles de l’eau, etc.). La préservation et la gestion du capital naturel sont essentielles pour qu’un pays puisse investir dans d’autres types de capitaux de manière durable.
Le changement climatique menace également la capacité à préserver et renforcer le capital humain par le biais de la santé et de l’éducation, deux domaines essentiels au développement. La hausse des températures et de la fréquence des inondations accroîtra certainement la vulnérabilité des sociétés africaines aux maladies d’origine hydrique et à transmission vectorielle. Les chocs climatiques empêchent également les ménages d’épargner et de mettre de côté les ressources nécessaires à l’éducation des enfants. Et de plus en plus d’éléments tendent à prouver que les chocs climatiques, en particulier lorsqu’ils sont associés à une série de facteurs sociaux, ethniques et religieux, contribuent à l’émergence de conflits et à l’érosion du capital social et humain (déplacement de personnes, décès, maladies, etc.).
Renforcer la résilience des actifs de l’Afrique
Pour réduire le risque posé à leurs perspectives de développement par la variabilité et le changement climatiques, les pays africains doivent renforcer la résilience de leur capital naturel, physique et humain. Le capital naturel peut être sauvegardé en renforçant la résilience des terres cultivables, des paysages, des bassins versants et des océans. Le capital physique peut être préservé en adoptant des politiques intelligentes face au climat pour les villes et les zones côtières, qui sont particulièrement vulnérables au changement climatique. Le capital humain peut être protégé en renforçant la protection sociale et en prenant en compte les facteurs de migration.
Troisièmement, que le réchauffement soit contenu en dessous de 2 degrés ou qu’il dépasse ce seuil, l’Afrique sera confrontée à de grandes incertitudes sur les régimes météorologiques et les cycles hydrologiques locaux
Promouvoir une agriculture intelligente face au climat
En Afrique, l’agriculture est un moteur économique essentiel à la réduction de la pauvreté et à la sécurité alimentaire : la croissance agricole réduit la pauvreté dans une proportion trois fois plus importante que la croissance dans d’autres secteurs. Sur le continent, l’agriculture représente généralement 30 à 40 pour cent du PIB et emploie jusqu’à 65 pour cent de la population active, procurant des moyens de subsistance à des millions de petits exploitants et leurs familles.
L’Afrique abrite plus de 225 millions de personnes sous-alimentées et enregistre le taux de retard de croissance le plus élevé au monde, soit 40 pour cent. Les exploitants agricoles et leurs familles en Afrique et dans d’autres régions du monde constituent déjà à eux seuls une fraction disproportionnée des pauvres. Le changement climatique réduira fortement leurs aptitudes à échapper à la pauvreté.
La variabilité climatique porte déjà un coup rude à la productivité. Les simulations des rendements céréaliers montrent qu’entre 1981 et 2002, ils auraient pu être 2 à 3 pour cent plus importants en l’absence de chocs climatiques soit des pertes de production estimées à 40 millions de tonnes de céréales par an. Si rien n’est fait pour améliorer la résilience de l’agriculture, une hausse de la température moyenne de 2 °C d’ici le milieu du siècle pourrait provoquer une baisse des rendements de l’ordre de 20 pour cent.
Initiatives visant à relever les défis du changement climatique
Lors du Sommet de Malabo de 2014, convoqué par l’Union africaine dans le cadre du renouvellement du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA), les chefs d’État africains se sont engagés à accélérer la croissance agricole et à renforcer la résilience des moyens de subsistance et des systèmes de production d’ici 2025. Ils ont approuvé la Vision 25 x 25 en vue de faire adopter des pratiques de CSA par 25 millions d’agriculteurs en Afrique à l’horizon 2025. L’Alliance africaine pour une agriculture intelligente face au climat se propose de sensibiliser 6 millions de familles d’agriculteurs à l’agriculture intelligente face au climat d’ici 2022. L’Éthiopie, le Kenya, le Malawi, le Niger, l’Ouganda, la Tanzanie et la Zambie constituent son objectif initial.
L’Afrique abrite plus de 225 millions de personnes sous-alimentées et enregistre le taux de retard de croissance le plus élevé au monde, soit 40 pour cent
La Communauté économique des États d’Afrique australe (COMESA), la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) mettent en œuvre conjointement l’Initiative pour une agriculture intelligente face au climat en Afrique orientale et australe, financée par la Commission européenne, le ministère norvégien des Affaires étrangères et le Département du développement international du Royaume-Uni (DFID). L’initiative vise à formuler des politiques de CSA fondées sur des faits probants, susceptibles d’attirer des financements pour l’adaptation et l’atténuation dans la région.
Créer des paysages résilients au changement climatique
Les forêts, paysages et écosystèmes de l’Afrique contribuent à la réduction de la pauvreté, la prospérité partagée et la croissance verte inclusive en procurant des biens et des services qui soutiennent les moyens de subsistance des populations rurales pauvres, et fournissent des matières premières à d’autres secteurs économiques. Les forêts constituent une ressource essentielle pour les populations les plus défavorisées en Afrique : le quintile le plus pauvre de la population tire plus de 30 pour cent de ses revenus de la forêt et des ressources environnementales, c’est-à-dire plus que la part produite par l’agriculture. Les forêts africaines subissent des pressions extrêmes en raison des demandes de nourriture, de carburant et de fibres. La demande de nouvelles terres, bois d’œuvre, bois de chauffage, charbon de bois, viande de brousse et plantes médicinales, conjuguée à une mauvaise gouvernance, à la quasi absence de conditions propices, à la mauvaise gestion de l’utilisation des terres, l’insécurité foncière et aux activités illégales, contribue à la perte et la dégradation des forêts. L’exploitation illégale des forêts, l’opacité des droits fonciers, la privation de droits pour les parties prenantes et le manque de qualification des superviseurs posent de réels défis pour la bonne gestion des ressources forestières.
La protection des forêts peut contribuer à l’adaptation et à la résilience au changement climatique, car les forêts protègent l’approvisionnement en eau et les services écosystémiques, et offrent un filet de sécurité important aux ménages les plus pauvres.
Le Business plan pour le climat en Afrique devrait mobiliser des ressources et augmenter la résilience à la variabilité et au changement climatique. La contribution du Plan à la mobilisation des ressources sera mesurée selon deux indicateurs. Le premier correspond à la part des ressources mobilisées aux différentes étapes de son exécution.
Le quintile le plus pauvre de la population tire plus de 30 pour cent de ses revenus de la forêt et des ressources environnementales, c’est-à-dire plus que la part produite par l’agriculture
Le plan devrait également avoir un effet catalyseur/de levier sur le financement climatique en Afrique au-delà des activités incluses dans le plan qui n’épuisent pas la gamme complète des activités de développement générant des avantages climatiques collatéraux.
Plan de financement
Le plan de financement est une estimation des ressources nécessaires à la mise en œuvre du Business plan pour le climat en Afrique :
- Financement du climat : les estimations de financement figurant dans cette rubrique comprennent différents instruments tels que les Fonds d’investissement climatiques, en particulier le Programme d’investissement pour la forêt (PIF), le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), le Fonds de partenariat pour le carbone forestier (incluant la préparation et les mécanismes de financement carbone), le Fonds vert pour le climat (FVC) et d’autres initiatives telles que l’Initiative pour les forêts d’Afrique centrale (CAFI). Les estimations ont été élaborées après consultation des équipes de ces organismes de financement (sur l’éligibilité, l’ajustement stratégique, etc.). Certains projets du Fonds vert pour le climat (FVC), tels que le projet hydrométéorologique, ont déjà été soumis au Secrétariat de ce fonds. D’autres sont en cours de préparation.
- Autres financements de développement (institutions bilatérales, multilatérales) : les chiffres mentionnés dans cette rubrique sont basés sur des estimations techniques du personnel des différents partenaires financiers de la Banque mondiale, dont la Banque africaine de développement (BAD), la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) ainsi que des partenaires bilatéraux (notamment AFD, DFID, GIZ et NDF). L’état d’avancement de ces consultations va de préliminaire à avancé, mais il est raisonnablement prévu qu’une partie du financement identifié se matérialise. • Secteur privé : les estimations du financement par le secteur privé reflètent le potentiel des projets de générer un flux de revenus suffisant permettant de rémunérer les investisseurs privés. La participation du secteur privé est principalement attendue dans le secteur de l’énergie et, dans une certaine mesure, le secteur de l’agriculture.
- Sources nationales : l’estimation des financements à partir de sources nationales est basée sur les financements de contrepartie des gouvernements à travers les projets de la Banque mondiale.
- À déterminer : la rubrique “À déterminer” est une estimation de l’écart résiduel à combler pour clôturer financièrement les projets mentionnés dans le plan.
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