Auteur : Unicef
Site de publication: Unicef
Type de publication: Rapport
Date de publication: septembre 2023
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Introduction
L’investissement dans l’éducation est un investissement productif à moyen et long terme, d’où la nécessité d’investir dans l’éducation des enfants. Elle permet à l’individu de se doter des compétences et des outils nécessaires pour mieux subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants. Elle contribue à améliorer les conditions et les performances de travail et constitue le terreau d’une croissance économique durable et viable pour aujourd’hui et pour demain. Elle permet d’accroître les revenus, d’améliorer la santé, de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes et d’atténuer les effets du changement climatique.
La Mauritanie, comme tous les autres pays, s’est engagée à réaliser d’ici 2030 l’ODD 4, ainsi que ses cibles, qui visent à «assurer à tous une éducation de qualité inclusive et équitable et à promouvoir des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie». L’une des cibles recommande aux États de «veiller à ce que tous les enfants et tous les jeunes aient accès à un cycle complet d’enseignement primaire et secondaire de qualité, d’une durée de 12 ans, dont un minimum de 9 ans d’enseignement obligatoire, public et gratuit». Pour y arriver, il recommandé aux pays d’allouer entre 15 et 20% du Budget de l’État à l’éducation ou bien entre 4 et 6% du PIB. Malgré les efforts du Gouvernement pour la réalisation de l’ODD 4 en Mauritanie, à peine un enfant de 3-5 ans sur 10 est préscolarisé, 3 enfants de 7-19 ans sur 10 sont hors de l’école et seulement 4 élèves sur 10, entrés au collège, achèvent ce cycle.
Présentation du secteur de l’éducation
Selon les lois n° 75-023 du 20/01/75, n° 69-269 du 1/08/69 et n°98-007 du 20/01/98, les enseignements fondamentaux, secondaires, techniques et la formation professionnelle sont gratuits. Toutefois, ces lois précisent que les fournitures et manuels scolaires sont à la charge de l’État pour le fondamental et des parents d’élèves pour les autres ordres d’enseignements. Le préscolaire et le supérieur ne sont donc pas gratuits selon la législation scolaire du pays.
Le système éducatif s’adresse surtout aux enfants de la tranche d’âge de trois à dix-huit ans (3 – 18 ans) et aux adultes pour l’enseignement supérieur et l’alphabétisation.
Stratégie nationale en matière d’éducation
Le secteur de l’éducation en Mauritanie fait l’objet d’une attention particulière du Gouvernement et occupe une place de choix dans la Stratégie de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP) qui est la stratégie de développement à moyen et long terme et le cadre de référence pour toutes les actions de développement.
Pour relever la qualité et l’accès à l’éducation et en faire un ascenseur social, le Gouvernement entend orienter
ses actions vers les options stratégiques suivantes :
- Développer un enseignement préscolaire public et communautaire accessible aux groupes défavorisés en milieu urbain et rural
- Réaliser à l’horizon 2020 un achèvement universel de qualité au fondamental,
- Progresser vers l’achèvement universel du premier cycle de l’enseignement secondaire et réduire les disparités liées au genre, au milieu et aux conditions socioéconomiques ;
- Réguler l’évolution des effectifs du second cycle général dans la perspective d’une meilleure adéquation de la partie haute du système avec les besoins de l’économie ;
- Développer l’offre de formation technique et professionnelle et l’adapter aux spécificités de la demande sociale et à la diversité des besoins des secteurs formel et informel de l’économie ;
Pour y parvenir, le Gouvernement prévoit augmenter la part du PIB accordée à l’éducation, pour la porter à au
moins 4% ou augmenter les ressources lui étant destinées à 20% du budget général de l’État à l’horizon 2025
Performance du secteur de l’éducation
En matière de performance, on note un accroissement de la scolarisation au primaire et au secondaire et un niveau d’achèvement du primaire assez encourageant de même que l’équité genre au primaire. En revanche, on note un faible développement du préscolaire, et une disparité régionale importante en matière d’accès et de rétention.
En Mauritanie, à peine un élève sur 10 accède au préscolaire, ce qui rend encore plus lointain le chemin pour la réalisation de la cible 4.2.2 de l’ODD 4. En effet, seulement 22,1% des enfants de 5 ans ont participé à un programme éducatif de la petite enfance.
Au niveau du primaire, les efforts du Gouvernement et de ses partenaires ont permis d’accroître l’accès et la rétention avec un Taux Brut de Scolarisation (TBS) de 95% et un taux d’achèvement au primaire (TAP) de 89,8%. Au niveau du secondaire, des efforts restent encore à faire pour accroître l’accès et la rétention. En effet, les TBS du premier et du second cycle du secondaire sont respectivement de 36% et 41% en 2020 pour des taux d’achèvement de 44,2% au cycle 1 et 41,3% au cycle 2. Le système éducatif souffre donc d’un problème de déperdition scolaire. En conséquence, 32,6% des 7-19 ans sont hors de l’école.
En matière d’équité genre on note de très bons résultats au primaire en matière d’accès avec un indice de parité de 1,1 au primaire, 1,05 au premier cycle du secondaire et 1,0 au second cycle. Mais au fur et à mesure qu’on évolue dans la pyramide éducative, les disparités s’observent en matière de rétention.
Défis démographiques
Comme la majorité des pays en développement, la Mauritanie connaît un rythme de croissance de sa population assez soutenue, ce qui accroît la pression sur la demande de services d’éducation. Le taux de croissance démographique est d’environ 2,6% (contre une moyenne mondiale de 1%), et chaque année, ce sont 150,000 naissances d’enfants qui viennent grossir les besoins éducatifs. La pyramide des âges fait ressortir que les enfants dont l’âge est compris entre 5 et 19 ans, représentent 35% de la population totale, ce qui montre les défis du système éducatif en termes de d’offre de services dans le secteur.
Tendances des allocations budgétaires en faveur du secteur de l’éducation
Entre 2018 et 2022, le secteur de l’éducation a été priorisé de façon soutenue avec une allocation budgétaire moyenne de 12,3 milliards de MRU (360 millions de dollars US). Le taux d’accroissement moyen annuel du budget de l’éducation est de 29.8,4% entre 2018 et 2022 contre 3,8% pour le Budget de l’État. Le secteur de l’éducation vient en seconde position en termes de priorité de dépenses de l’État après les affaires économiques en 2022.
Des nombreuses études reconnaissent que l’alphabétisation demeure un droit humain à la base de tout apprentissage. En garantissant l’accès à l’éducation, elle s’ancre véritablement comme facteur de développement social. Elle autonomise les individus, les familles et les communautés, et améliore leur qualité de vie. Grâce à son effet multiplicateur », l’alphabétisation contribue à éliminer la pauvreté, réduire la mortalité infantile, infléchir la croissance démographique, atteindre l’égalité des sexes et assurer le développement durable, la paix et la démocratie.
En désagrégeant les ressources allouées au préscolaire et au primaire, on constate que le préscolaire reçoit en 2022 une allocation budgétaire de 107,5 millions de MRU représentant 16,4% du budget du Ministère de l’Action Sociale, de l’Enfance et de la Famille (MASEF), 0,6% du budget de l’éducation.
Tendances des dépenses d’éducation
Les dépenses d’éducation (réalisations budgétaires) se sont accrues entre 2019 et 2021 passant de 7,20 millions de MRU à 9,06 millions de MRU soit un accroissement de 25,8%.
L’enseignement fondamental et l’enseignement secondaire, y compris la formation professionnelle, représentent le premier contributeur aux dépenses d’éducation avec 77,2% des dépenses moyennes d’éducation sur la période 2019-2021. Le second contributeur est l’enseignement supérieur avec une part de 15,4% en moyenne sur la période, suivi de l’enseignement originel et l’alphabétisation dont le poids représente en moyenne 7,2% des dépenses d’éducation. En queue de peloton on retrouve le préscolaire avec une contribution moyenne de 0,3% des dépenses du secteur.
Décentralisation et déconcentration
Le gouvernement mauritanien s’est engagé à accélérer le processus de décentralisation afin d’améliorer sa capacité à fournir des services sociaux et de favoriser la croissance locale à l’intérieur du pays, ainsi que de soutenir la cohésion sociale. Pour renforcer ce processus, les ministères sont dotés de structures déconcentrées qui ont pour rôle entre autres d’assurer un appui conseil aux structures régionales et communales.