L’IRD est présent au Niger depuis 1957. Les recherches menées par l’IRD au Niger concernent l’Hydrologie, l’archéologie, la génétique des plantes, l’agronomie, l’agro climatologie, la pédologie, l’écologie et les sciences sociales. La représentation de l’IRD au Niger est basée à Niamey. Un Accord-cadre de Coopération Scientifique et Technique entre le Gouvernement de la République du Niger et l’Institut détermine les modalités de la Coopération entre le Gouvernement de la République du Niger et l’IRD. Il définit aussi les principes généraux de collaboration entre, d’une part, le Ministère en charge de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de la Technologie et ses subséquents – universités, instituts, établissements et organismes publics, sociétés d’état et sociétés d’économie mixte, des démembrements du gouvernement et les organismes internationaux qui dépendent de son domaine de compétences et, d’autre part l’IRD. Des protocoles de Coopération Scientifique et Technique ont été également signés, notamment avec l’Université Abdou Moumouni, le centre AGRHYMET, l’Autorité du Bassin du fleuve Niger, le Centre africain pour les applications de la météorologie au développement (ACMAD) et le Laboratoire d’études et de recherche sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL). Coordonnées et contact Avenue de Maradi BP 11 416 – Niamey – Niger Tel: (227) 20 75 38 27 / 20 75 26 10 / 20 75 31 15 Fax : (227) 20 75 28 04 / Mail : NIGER@IRD.FR
Améliorer les récoltes à travers la recherche « Dans toutes nos recherches nous adoptons une approche participative. Parce que nous avons l’habitude de dire que cela ne sert à rien que les chercheurs s’isolent pour concevoir des solutions à des problèmes pour les populations sans allers vers elles. Donc notre recherche est centrée sur les producteurs. Nous allons vers eux et ils nous disent concrètement quels sont les problèmes qu’ils rencontrent. À partir de cela, nous savons vers où orienter la recherche et quelles sont les mesures à proposer pour lever les contraintes auxquelles ils font face. L’approche basée sur la prise en compte des préoccupations des producteurs est utile car au final, les résultats de la recherche leurs sont destinés. Depuis les années 2000 jusqu’aujourd’hui, dans toutes nos recherches, nous essayons de mettre le paysan au centre de toutes actions. Il est important d’ apprendre les leçons du passé, les échecs de tous les grands programmes au Niger, en Afrique de façon générale, résident dans le fait que l’approche a été biaisée au départ. On a longtemps pensé ailleurs des problèmes des autres auxquels on a voulu trouver des solutions et les appliquer chez nous alors qu’elles sont totalement en déphasage avec les préoccupations de nous communautés. » Les sources de financement « La question de la mobilisation des ressources financières est importante. Aujourd’hui, ce quii limite la recherche, c’est qu’on ne peut la faire qu’à travers des ressources financières suffisantes. Lorsqu’on regarde à l’échelle nationale, de maigres ressources sont affectées au domaine de la recherche. Vous conviendrez que cela n’est pas suffisant pour mener des activités de recherche concrètes. C’est la raison pour laquelle les chercheurs se mettent en consortium pour écrire des projets de recherche et aller demander des financements extérieurs. Aujourd’hui, fort heureusement à l’échelle internationale, il y’a des guichets de financement de la recherche. On est en mesure de cibler les guichets de financement de recherche en fonction de nos préoccupations, en fonction de notre domaine d’intervention et aller justement proposer des projets. Malgré cela, la question des financements est un problème crucial dont tous les chercheurs souffrent. C’est pour cela qu’il est important que nos États puissent savoir toute l’importance que la science et la recherche ont sur nos sociétés afin de pouvoir avoir un regard nouveau vers le financement des projets de recherche. En outre, quand les travaux de recherche sont financés par l’extérieur, les résultats ne nous appartiennent pas ou bien on va nous imposer des axes de recherche, qui souvent, ne sont pas en conformité avec nos préoccupations locales. Donc la question du financement de la recherche reste vraiment un problème crucial. Le chercheurs essayent, à travers les partenariats Sud-Sud, car il y a des partenariats entre les pays du Sud, mais aussi des partenariats Nord-Sud qui sont les plus importants, d’avoir d’autres options de financements. Aujourd’hui, il y a une mobilité massive entre les chercheurs du Niger qui partent vers la France ou dans d’autres pays en Europe pour pouvoir chercher les compétences et les ramener dans nos pays. Ce transfert de compétences et technologiques implique fortement des transferts de projets souvent donc de financements et c’est pour l’instant le levier que les chercheurs actionnent pour pouvoir contourner les manques de financements des projets de recherche de nos pays. Au niveau du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, il y a des directions qui font également des suivis pour savoir où est ce qu’on en est par rapport à la recherche. Je pense que récemment le nouveau Président avait initié à travers le ministère de tutelle des missions de prospections pour voir où en sont les résultats de recherche que les universités ou les chercheurs ont menés. Tout cela montre que notre État s’intéresse de plus en plus à la recherche. Si un président demande ou sollicite un état des lieux c’est que quelque part il y a une reprise de conscience par rapport à la recherche. » Les résultats de la recherche « Les résultats sont énormes, pratiquement tous les chercheurs ont des résultats. Par exemple, notre projet de recherche qu’on mène en ce moment qui s’appelle Agrotour, qui est financé la Fondation MC Knight, vise la revalorisation des déchets dans le domaine agricole. Aujourd’hui, ces derniers constituent un problème d’assainissement, d’hygiène à l’échelle des ménages, à l’échelle de la commune ou bien à l’échelle du pays. Alors, nous proposons de transformer ces déchets et de les utiliser à travers des processus de compostage pour que tout ce qui est bio déchets puisse être composté et produire donc des engrais que les producteurs peuvent naturellement utiliser pour booster la fertilité du sol et les rendements agricoles. Ce sont des résultats palpables auxquels on aboutit. Nous travaillons également sur l’utilisation de l’urine pour la fertilisation des sols. C’est vrai, qu’à ce sujet, il y’a des contraintes religieuses ou coutumières qui font qu’il y a un certain refus par une frange de la population quant à l’utilisation d’urine pour la fertilisation des champs, mais on fait un travail de sensibilisation pour faire comprendre qu’en réalité ce n’est pas ce que l’on pense. Parce qu’aujourd’hui quand on prend les champs, ceux qui sont pratiquement les plus productifs en terme agricole ce sont des champs où les communautés partent faire leurs besoins. Donc il y a des résultats et l’un des résultats importants qu’il faudrait noter est qu’à travers les projets que nous menons, on participe à l’encadrement et à la formation d’étudiants dans les universités qui passent à travers les projets pour faire leurs mémoires, pour qu’ils soient formés sur les technologies, avoir des compétences et êtres utiles à eux-mêmes, à leurs familles mais également à la communauté toute entière. » Le faible niveau de vulgarisation des résultats de la recherche « Aujourd’hui, dans les débats de rues, on entend dire que les chercheurs ne trouvent pas. Les chercheurs cherchent et trouvent. C’est qu’il est très difficile pour le chercheur de partir chercher son financement, faire ses activités de terrain de recherche et de collecte, faire des publications pour ensuite être celui qui doit valoriser ses résultats. Il faudrait qu’on puisse se mettre en tête que nous sommes dans une société où chacun doit jouer son rôle, les chercheurs font leur rôle en cherchant le financement, en faisant des recherches, en formant, il faudrait qu’il y ait également une anticipation d’un volet de vulgarisation par l’État ou d’autres structures qui peuvent prendre cela en charge. Cette question de vulgarisation est problématique aussi parce que les gens ne s’intéressent pas à la recherche. Souvent, il faut que nous en tant que chercheurs qu’on aille à la rencontre des producteurs pour leur parler et les sensibiliser. Malheureusement la majorité de nos producteurs au Niger n’ont pas été à l’école et même ceux qui ont fait l’école n’ont pas certaines informations par ce qu’ils ont souvent des idées préconçues sur les chercheurs. Mais, dans le domaine de l’entrepreneuriat agricole qui est en train de se développer en ce moment au Niger, ceux qui ont compris utilisent en ce moment les résultats de projet de recherches pour faire leur activité. » Les principales difficultés “Il y a d’abord des difficultés de mentalité parce qu’aujourd’hui c’est frustrant que quelqu’un puisse se lever et dire que les chercheurs sont ici et ne font rien. Ce sont des sacrifices que les chercheurs font pour aller dans les brousses à 1000 km dans des zones d’insécurité pratiquement et essaient donc de faire des choses pour booster notre communauté. Une difficulté qui peut également être citée, c’est la difficulté récurrente liée au manque de financement. Il faudrait qu’on puisse avoir des financements suffisants car sans on ne peut faire que des recherches opérationnelles mais pas de grandes recherches. Il faudrait avoir des sources de financement conséquentes qui vont permettre de former les étudiants, les doctorants dans des meilleurs laboratoires avec les outils performants pour qu’eux aussi puissent comprendre et bien maîtriser le contours de leurs options de recherches. Il y a aussi une autre difficulté qu’on a souvent dans les zones rurales ; souvent il y a des communautés qui sont réfractaires à de nouvelles technologies. C’est pour cela qu’on accompagne chaque projet avec un volet de sensibilisation pour amener les producteurs à comprendre ce qu’on veut leur apporter. On ne peut pas faire des activités sans pour autant qu’ils y adhèrent. » Message à l’endroit de l’État et aux producteurs « Je demande à l’État d’allouer des ressources conséquentes à la recherche pour qu’on puisse dire qu’au Niger l’essentiel des travaux de recherches sont financés par l’Etat et non par l’extérieur. Ceci est le vœu de tout un chacun, que l’État puisse s’impliquer davantage mais qu’il puisse également encourager les chercheurs à aller de l’avant. »
Dr Bachirou est chercheur post doctoral à l’IRD. Il travaille dans le domaine de la science des sols et de l’agro pédologie, discipline qui allie les compétences agronomiques et les compétences en lien avec l’étude des sols. Ses recherches et sa thèse portent autour des relations eau, sol et plantes. Actuellement, il s’intéresse à une nouvelle recherche sur la gestion des déchets à travers un projet de l’IRD qui vise l’agro valorisation des déchets.
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Bravo 👏 Dr bonne continuation 🎊
Bonne chance docteur
Bonne chance à Mr Bodo bachirou seyni